Jean-Christophe : Dave, peux-tu nous décrire le groupe Sailor Free, sa genèse, sa musique ?
David PETROSINO : Ce n’est pas facile à exprimer en quelques mots qui ne sonnent pas “wikipediens”. Nous sommes des amis et avons joué ensemble avant que Sailor Free ne commence. Avec ce groupe, l’objectif principal, depuis le début, était de créer un son qui nous appartienne, détaché des genres et des étiquettes. Nous n’avons jamais eu les mêmes goûts musicaux, mais nous avons toujours partagé un même but, une même approche.
Jean-Christophe : Spiritual Revolution est votre troisième album après l’éponyme Sailor Free en 1991 et The fifth door en 1994. Pourquoi autant de temps entre ces deux derniers albums ?
David PETROSINO : Nous avons fait un break avec Sailor Free en 1996 pour nous consacrer à d’autres projets, mais nos relations privées et musicales ne se sont pas arrêtées pour autant. Nous avons commencé le travail sur ce grand projet il y a quatre ans. Nous avons eu à gérer une grosse production avec un petit budget.
Jean-Christophe : Un concept album progressif à une époque de musique facile à écouter, de la techno et des singles radio, pourquoi ce choix ?
David PETROSINO : La seule chance que nous ayons, en tant qu’artistes, c’est d’être honnête et de suivre notre vision de la beauté. Si on commence à couper ici et là afin de rendre plus “accessible“ notre musique pour le grand public, nous sommes finis. Je pense que la vrai question est : cherchons-nous à faire un succès ou bien voulons-nous créer quelque chose, et tout mettre en oeuvre pour que ce soit un succès ?
Jean-Christophe : En France, la sortie d’un album de prog est un chemin de croix parsemé d'embûches, il n’y a pas vraiment de public pour cette musique, est-ce le même problème en Italie ?
David PETROSINO : Oui absolument. Je pense que la question tourne autour du mot professionnel. Ce mot signifie qualité et argent. Pour avoir une bonne qualité il faut un bon équipement, des collaborations professionnelles et tout le temps que vous pensez nécessaire à la réalisation de l’album. Le problème c’est que les majors contrôlent pratiquement tous les moyens professionnels. Et ce n'est pas bien! Mais je pense que c'est un combat que nous devons accepter.
Jean-Christophe : Comment a germé l’idée de l’album, le concept et l’idée des spirales ? Est-ce que l’histoire est inspirée par des faits réels ?
David PETROSINO : Ça a été un long processus. Tout a débuté par un conte du Simarillion de JRR Tolkien. Beren & Luthien est une petite histoire, un chapitre du livre, mais tellement riche en matière et questions que nous avions au début prévu d’en faire un opéra rock.
Nous avons eu de nombreuses réunions et des séances de répétition pour essayer de cerner notre idée de la révolution spirituelle, l'histoire d'Entropia, la musique ... Bien entendu, il y a eu des pauses.
Il y a quatre ans, nous avons rencontré des gens de SRP révolution spirituelle; c'est un mouvement et un site Web avec des idées créatives pour le changement.
La spirale est l’énergie qui donne l'idée du grand changement mondial qui se développe dans le monde entier.
Jean-Christophe : Qui fait quoi dans le groupe, les textes, la musique, que faites-vous ensemble ?
David PETROSINO : J'ai eu de nombreux projets musicaux dans ma carrière, mais je dois admettre que Sailor Free c'est pour moi le vrai groupe. Bien que j'écris les paroles, j'écris avec The Hook la plupart des chansons, tout sort d’un travail commun. Souvent, nous commençons des improvisations sur une idée spécifique, et les arrangements collectif font parties du process de composition.
Jean-Christophe : Il y a de nombreuses influences dans cet album, Harmonium, King Crimson, Pink Floyd... Pourrais-tu nous dire quelles musiques écoutais-tu lorsque tu étais plus jeune ? (pour ma part c’était JS Back, Johnny Haliday, ACDC et après ça Genesis... oui, je sais)
David PETROSINO : Et bien je ne connais pas Harmonium (j’en suis désolé), mais je pense que King Crimson et Pink Floyd ont influencé la musique et les musiciens pendant des décénies. Je ne sais que répondre pour être honnête. J’aime tellement de styles de musique... Si j’en listais vingt je serais certain d’en oublier un.
Quand j'étais très jeune, je croyais que je n'étais bon à faire la musique que j'aimais écouter. Mais c’était longtemps avant que Sailor commence. À un certain moment vous prenez conscience de vos vibrations réelles et commencez à raconter votre propre histoire.
Jean-Christophe : Tes cinq albums préférés en 2012 ?
David PETROSINO : 50 Words For Snow – Kate Bush
MMXXII – Killing Joke
Wovenhand The Laughing Stalk
Childhood’s end – Ulver
Heritage – Opeth
Jean-Christophe : Question stupide, Spiritual Revolution est inspiré par JRR Tolkien, as-tu vu The Hobbit et si oui, qu’en as tu pensé ?
David PETROSINO : Oui, bien sûr. Je dois admettre que faire une trilogie sur le Hobbit, ce n'est pas le Seigneur des Anneaux, ça sonne un peu commercial, n'est-ce pas ? Mais je suis si content de la reconstitution de la Terre du Milieu par Peter Jackson, que je suis heureux d'avoir neuf autres heures à passer là-bas!
Jean-Christophe : Quels sont vos projets après ce troisième album ? Live ? Ecriture et enregistrement ?
David PETROSINO : Les trois espérons. Nous entendons jouer Spiritual Revolution sur scène (nous allons commencer en tournée au printemps), et puis, cet album étant la partie 1 de Sipitual Revolution, nous devons sortir la partie 2... Nous devons terminer l'histoire. C'est notre mission.
Rédigé par Jean-Christophe le 18/01/2013