Neoprog.eu
Menu

Interview de D Project le 19/07/2014
Après nous avoir envoyé leur dernier album qu'on a bien aimé à la rédaction, le groupe D Project a accepté de subir les questions du webzine, histoire d'en savoir plus sur eux et leur dernier album Making Sense.



Jean-Christophe : Bonjour Stéphane, merci de bien vouloir répondre à nos questions pour Neoprog.

“MakingSense” est votre quatrième album, comment a débuté l’aventure de D Project ?


Stéphane D Project : SD- J’étais dans le groupe rock francophone Rose nocturne dans les années 90 qui a connu un succès ici, au Québec. Mais loin de mes origines “prog”. C’est alors que j’ai formé un band plus prog avec Mathieu Gosselin, Sense, dans les années 2000. Mais je n’étais pas totalement satisfait et je voulais faire mes propres trucs. En 2006, j’ai démarré un projet avec l’auteur et réalisateur Francis Foy, The D project, pour un album… L’accueil de cet album par le public m’a enthousiasmé et j’ai décidé de mettre fin aux activités de mon autre groupe Sense et à la réalisation pour d’autres artistes pour me concentrer principalement sur mon projet qui est devenu au fil du temps un groupe à part entière.

Stéphane D Project

Jean-Christophe : D Project, c’est un projet pro, semi-pro, à fond perdu, en gros vous faites de la musique sur votre temps libre et nourrissez votre famille en travaillant loin de la musique ou vous arrivez à vivre de votre passion ? (je sais c’est très indiscret mais dans le prog de nos jours...)


Stéphane D Project : SD- Nous avons tous nos emplois et ils sont reliés à la musique. Nous sommes tous dans le domaine du spectacle et de la scène. J’ai mon propre studio d’enregistrement où je produis et supporte quelques artistes. J’ai signé dernièrement avec Universal music Canada pour la distribution. D Project est un projet sérieux avec lequel nous nous amusons beaucoup !


Jean-Christophe : On a entendu du beau monde sur “Big Face”, je pense à Tony Levin par exemple, là vous remettez le couvert avec Sean Filkins ou Claude Leonetti qui possède une certaine célébrité en France, comment vous débrouillez-vous pour faire venir des invités prestigieux sur vos albums ?

Stéphane D Project : SD- Par l’entremise de contacts que nous avons développés au fil des ans. Par exemple, J’ai rencontré Tony Levin au Prog Sud en France en 2009 et il a généreusement accepté de jouer sur Big face. Pour Claude Leonetti, nous avions un ami commun. J’ai rencontré Steve Hogart de Marillion dans un festival récemment et je vais sûrement lui demander de collaborer sur le prochain album.


Stéphane D Project

Jean-Christophe : Beaucoup d’artistes jouent sur “MakingSense”, comment se gère un enregistrement avec autant de monde ?

Stéphane D Project : SD- Oui on dirait presque une liste d’épicerie (rires). J’ai tellement d’idées et j’aime beaucoup diversifier l’instrumentation des albums. J’enregistre par section. Disons : une session de cordes, une session de chœurs, etc. Il y a de nombreux collaborateurs depuis bon nombre d’années. Ils savent ce que j’attends d’eux. Je suis très rigoureux dans mes enregistrements. C’est pourquoi les albums sont relativement courts en termes de temps, je n’aime pas le remplissage ou des albums qui traînent en longueur. Isabelle Cormier, la violoniste de D project, s’est rajoutée à la fin des enregistrements.

Jean-Christophe : D Project porte en lui les influences de Pink Floyd, King Crimson, Genesis par endroits également, mais aussi du jazz et bien d’autres. Que cherchez-vous à écrire lorsque vous composez : une musique qui se rapproche de x ou y, ou alors s’agit-il de pur feeling qui vous ramène de temps à autre vers la musique de vos aînés ?

Stéphane D Project : SD- J’opterais plus pour la deuxième option. J’écris par pur “feeling” et mes principales influences musicales sont dans les années 70. Par contre, j’aime bien rajouter une touche de modernisme à mon écriture…



Stéphane D Project

Jean-Christophe : Dans le trio, qui fait quoi, comment se passe l’écriture, comment partagez-vous le travail ?


Stéphane D Project : SD- Disons que j’arrive avec le gros du travail. Francis Foy (l’auteur et le réalisateur) et moi, avons une idée assez précise des chansons. Quand les structures et paroles sont presque complétées, je les présente à Mathieu le bassiste et Jean le batteur qui peaufinent de leur côté les arrangements de leurs instruments respectifs. Par la suite, j’enregistre séparément le tout. D’ailleurs le prochain album, j’aimerais en faire un bon bout en enregistrement “live”avec le groupe.

Jean-Christophe : “MakingSense” possède une large palette musicale, du rétro-prog au jazz en passant par de la presque-pop, pourquoi ce choix éclectique, vous auriez pu vous cantonner dans un genre et ne pas trop chahuter un public conservateur ou intégriste que l’on trouve parfois dans le monde du prog ?


Stéphane D Project : SD- Absolument... Il faut apporter une certaine balance aux chansons, exemple si nous somme trop “underground”, cela devient indigeste pour plusieurs, et à l’inverse nous perdons des fans si nous ne le sommes pas assez. On ne veut pas passer pour un groupe “mainstream”, car nous ne le somme pas. Disons que j’ai écouté beaucoup de Mahavishnu Orchestra, Return to Forever et de Magma (ahahahah).

Jean-Christophe : Stéphane, tu m’as écrit que “Nothing Here Is Innocent”, un de mes titres favoris ceci dit en passant, “s’est fait à la dernière minute”, je te cite, tu peux nous raconter ça ? Parce que voilà quoi, ça ne se sent pas vraiment.

Stéphane D Project : SD- Ce titre a été le dernier de “MakingSense”, il a été terminé alors que les autres titres étaient totalement mixés. J’étais sous pression pour terminer l’album. J’avais seulement des bouts de chansons, que j’ai collés rapidement et cela a fonctionné, ouf !! Guillaume Fontaine de Nemo m’a envoyé ses solos de clavier à la toute fin et le lendemain le “master” partait chez Andy Jackson à Londres. A ma grande surprise, j’ai beaucoup de bons commentaires sur cette pièce.

Stéphane D Project

Jean-Christophe : Deux des invités prestigieux de “MakingSense”, Claude et Guillaume, passent un peu inaperçus quand même sur l’album, le solo de Claude avec sa léode reste très court et discret et on ne sait pas quand Guillaume joue des claviers, pourquoi ? Question de planning, vous n’aviez pas beaucoup de temps studio avec eux ?

Stéphane D Project : SD- Absolument, tout s’est fait et décidé tellement vite. J’aurai aimé leur laisser plus de temps et d’espace pour qu’ils en fassent plus. Ils ont été très généreux et leur contribution est importante pour cet album. Claude est très occupé avec Lazuli et Guillaume était aussi pris par ma “deadline” très serrée.


Jean-Christophe : Je suis également curieux de connaître vos derniers coups de cœur musicaux de chacun d’entre vous, histoire de savoir ce qui vous titille les oreilles quand vous ne composez pas.

Stéphane D Project : SD- Personnellement, j’ai eu un coup cœur dernièrement pour Sigur Ros, Huis, Sean Filkins et le dernier Anathema.

Jean- Rush, Muse…

Mathieu- Béla Fleck and the Flecktones, Dave Matthews Band, AniDifranco, Michael Manring, Emerson, Lake and Palmer, King Crimson...

Comme vous pouvez le constater nous avons des styles très différents qui se reflètent sur les albums de D project.

Stéphane D Project

Jean-Christophe : Maintenant que l’album est pressé, la promotion commence, qu’est-ce qui va suivre, des concerts ? Vous tournez un peu, sortez de vos frontières ?

Stéphane D Project : SD- Nous avons joué avec Marillion au Festival d’Eté de Québec, un des gros festivals au Canada. Nous avons quelques concerts à donner au Québec dont un possible prochainement avec Adrian Belew (King Crimson). Nous voulons, bien sûr, retourner en Europe dès que possible.

Jean-Christophe : Merci à vous trois et donc à bientôt en Europe !

Rédigé par Jean-Christophe le 19/07/2014