Villersexel, petite ville de caractère, se situe en Haute-Saône, non loin de Belfort. En son centre, se dresse un château renaissance entouré d’un vaste parc arboré. Les lieux sont encore habités par son marquis. C’est sur ce lieu historique que Francis Décamps a jeté son dévolu pour organiser la première édition de Rock au Château.
Neuf groupes, deux soirées, la première rock, celle où je ne suis pas allé, la seconde progressive, celle à laquelle je n’ai su résister. Cinq formations françaises se produisaient samedi: Motis, Franck Carducci, Gens de la Lune, Ange et Pascal Gutman accompagné de Pildas Bhakta.
L’occasion m’était enfin donnée d’écouter Gens de la Lune, ce mystérieux Pascal Gutman et le trio franc-comtois Motis.
Le temps était à l’orage après la canicule. La soirée du vendredi sera même interrompue à cause des éléments déchaînés. Samedi, à Strasbourg le soleil brûle la peau quand je prends la route. A Belfort, l’orage menace. Mes collègues météorologues m’ont briefé, l’aventure pourrait s’avérer périlleuse, d’autant que je fais, contre bon gré mauvaise fortune, du camping, n’ayant pas trouvé à temps un hébergement plus cosy.
Deux scènes: la grande où joueront Motis, Franck Carducci, Gens de la Lune et Ange, spacieuse, dotée de beaux éclairages, et la petite à sa gauche où Pascal et Phildas joueront à deux reprises, pendant la mise en place de la scène principale pour le groupe suivant. Une belle organisation avec une cinquantaine de bénévoles. L’équipe du festival Crescendo est même venue prêter main forte à Rock au Château. Restauration, buvettes, stands de merchandising et d'artisanat, sponsors, tout y est sauf peut-être des toilettes sous-dimensionnées pour les hectolitres de bière ingurgités.
Vers 17h, le parc se remplit peu à peu. J’y suis depuis une demi-heure déjà, saluant des connaissances musicales, photographes, chroniqueurs, artistes et habitués des concerts de progressif, le charme des festivals, une grande famille.
Motis monte sur scène vers 17h30, trois musiciens dont le bassiste Martial Baudoin au look improbable avec ses lunettes de soleil. Leur set reprend une partie de l’album Josquin Messonnier que nous avons chroniqué ici http://neoprog.eu/critique/motis/josquin_messonnier.
Leur prestation live, bien que statique, est plus accrocheuse que l’album, pas mal du tout en fait, et les claviers de Motis sont toujours aussi impressionnants. Le public reste encore clairsemé mais l’herbe se couvre lentement de festivaliers.
Sur la scène B, Pascal Gutman et Phildas Bhakta s’installent. Phildas accompagne à la batterie Pascal qui joue du stick Chapman, cette basse douze cordes sans manche dont il use avec virtuosité. Monsieur Gutman restait jusqu’à ce jour une énigme pour moi. Présent lors de concerts avec Francis, je n’avais jamais eu l’occasion de le voir où de l’écouter. Les voilà donc et le charme opère immédiatement. Un jeu fluide et délicat qui me fait penser à Steve Rothery sur The Ghosts of Pripyat. L’instrument offre toute une palette de couleurs et Pascal en use avec bonheur. Le son, partant de la scène A, nous entendons plus les retours et sans doute un peu trop la batterie mais qu’importe, c’est magnifique. Quand Pascal joue doucement, le public baisse le ton pour ne pas troubler la musique. Moi je fonds.
Et c’est au tour de Franck Carducci et de ses compères d’envahir la grande scène. Les dimensions du plateau permettent au groupe de donner toute la mesure à leur spectacle. Ils nous jouent principalement leur dernier album Torn Apart, plébiscité par Neoprog http://neoprog.eu/critique/franck_carducci/torn_apart.
Grosse dynamique scénique, éclairages pile-poil et son, tout est là pour nous en mettre plein la vue et les oreilles. Mary Reynaud, la chanteuse, est du voyage, ajoutant une touche féminine et une très belle voix au show. Les musiciens pètent la forme. Franck, torse nu, exhibe sa guitare deux manches et finit avec son chapeau sur ‘Alice’. Pascal Gutman est de la fête pour ce rappel sexy où Mary, dans le rôle d’Alice version Carducci, aguiche les musiciens. La nuit commence à tomber, le spectacle n’en est que plus beau. Torn Apart, avec son gros son 70’s fonctionne à merveille en live. Le public s’est resserré autour de la scène et apprécie la performance. Notre lyonnais se bonifie de concert en concert !
Rédigé par : Jean-Christophe