Prog Sud 2017 soirées du 5 et 6 mai 2017
Salle Jas’Rod – Les Pennes Mirabeau (13)
Photos par Cathy du Prog’Sud
Déjà la 18ème édition du Prog Sud, et comme pour le festival Crescendo, comment ne pas féliciter les organisateurs pour cette longévité dans un pays où le public, pour ce genre musical, est encore plus limité que chez nos voisins. Une personne de l’organisation me faisait justement remarquer que ce public ne rajeunit malheureusement pas non plus.
La route pour se rendre au festival m’est désormais totalement familière. Le Jas’Rod a l’avantage de proposer un grand parking gratuit. Pour les gens non véhiculés, c’est plus difficile de s’y rendre, et surtout d’en revenir. A l’extérieur de la salle, le public trouve de quoi se restaurer avec un choix très varié, et bien évidemment de quoi se désaltérer, ce n’est hélas pas toujours le cas lors de ce genre d'événement. Un autre bar est disponible à l’intérieur, dans une pièce adjacente à la salle principale.
Cette année, j’ai pu assister aux deuxième et troisième soirées. Je vais toutefois dire quelques mots sur la première. Elle accueillait, en ouverture, le duo Michel Chavarria - Jeff Dinnat. Le premier avait participé à la toute première édition du festival avec son groupe d’alors, Madrigal, et si mes souvenirs sont bons, Sa musique était teintée de culture amérindienne. Il a par ailleurs souvent aussi été présent au festival par le biais de ses guitares Lâg.
Le second groupe, Telescope Road, dont c’est la troisième participation consécutive, est le dernier projet de l’organisateur Alain Chiarazzo. Il a pris le relais d’Eclat, permettant d’attirer un public local. Outre le guitariste, le groupe se compose de William Kopecky (basse) et de David Lillkvist (batterie). Le trio avait sorti en 2016 son premier album. Le chanteur local Marko Balland est venu prêter sa voix sur le dernier morceau. Telescope Road commence à voir sa réputation grandir et doit effectuer une tournée au Japon et quelques dates à l’étranger, notamment avec IO Earth. Ils ont également participé l’an dernier au festival Crescendo, connu aussi du dernier groupe de la soirée, les ukrainiens de Karfagen, qui y avaient joué sous la forme AKP, regroupant plusieurs groupes d’Antony Kalugin. Ceux-ci clôturaient la soirée avec leur progressif essentiellement instrumental et symphonique. Ils ont sorti leur dernier album Spektra fin 2016.
La seconde soirée nous présentait les suisses de Dylem, les français de JPL et les allemands de Sylvan.
Présentés par Alain Chiarazzo comme jouant une musique assez inhabituelle pour le festival, le jeune groupe suisse Dylem, mené par la chanteuse Melody Dylem, propose un métal symphonique avec un peu de progressif. Cette dernière a fondé le groupe en 2014 avec le claviériste Donovan. Ils étaient accompagnés de Matthieu Grillet à la guitare, Nicolas Conçu à la basse et Sébastien Chave à la batterie. A noter une poupée assise sur une petite chaise devant le claviériste. Les connaisseurs l’auront sans doute vu dans le clip de ‘Dilemma’.
Leur prestation a souffert d’une batterie qui avait tendance à trop recouvrir les autres instruments et le chant. Ils ont joué essentiellement des morceaux de leur premier album sorti en 2016.
Après le bien nommé morceau instrumental ‘Ouverture’, le groupe jouera l’essentiel de son album avec notamment ‘Dilemma’, ‘For always’, ‘My Story’, ‘Far beyond’, ‘Pluie de cristal’. Ils ont aussi joué d’autres titres comme ‘Eye of the storm’ ou ‘Mighty sensation’. A noter que les paroles sont la plupart du temps en anglais, mais aussi parfois en francais.
Melody Dylem a dédié une des chansons aux victimes du concert de Manchester.
Le groupe n’a pas soulevé un enthousiasme très notable, sans doute dû notamment à des compositions sans surprise et manquant encore un peu de personnalité.
Le groupe enregistre actuellement son second album et a la chance de pouvoir compter sur une participation de la guitariste Jennifer Batten (Michael Jackson, Jeff Beck).
C’est ensuite le projet de Jean-Pierre Louveton, simplement nommé à partir de ses initiales, JPL, qui a pris le relais. Pour ceux qui ne connaissent pas, le guitariste et chanteur est aussi celui, entre autres, du groupe progressif Nemo qui a participé au festival en 2004 et 2010. Nemo a été mis en sommeil et c’est donc la carrière solo de JPL qui a pris le dessus ces dernières années. A ses côtés, nous retrouvons son compère de Nemo, Guillaume Fontaine, aux claviers, Florent Ville à la guitare, Sébastien Delestienne à la basse et le regretté Ludovic Moro à la batterie qui nous a quitté le 25 juin dernier, à l'âge de 29 ans. Je profite de cette chronique pour présenter à nouveau mes condoléances aux proches et à la famille.
La prestation du groupe était logiquement d’un niveau supérieur à Dylem, du fait de leur plus grande expérience. Les textes sont souvent très engagés et il est dommage que le chant de JPL ne les mettent pas plus en valeur en concert, seul petit bémol à cette excellente prestation où le jeu de guitare varié de l’artiste a fait merveille.
‘St Petrole’, issu de l’album Cannibales a réussi à faire taper le public dans ses mains sur un rythme inhabituel. Ont été joués ‘L’Etoile du nord’, ‘La peste et le choléra’, ‘Convoléances’ tirés du dernier et excellent album Le livre blanc, ainsi que Lifelines, Le dernier souffle de vent et MMXIV au cours duquel les musiciens ont été présentés par JPL qui par ailleurs a su parfaitement communiquer avec le public tout le long du concert.
La tête d’affiche de la soirée était le groupe allemand Sylvan. Ils venaient pour la troisième fois au festival, après une première participation en 2001 qui m’avait permis de les découvrir alors qu’ils venaient de sortir leur second album, et une seconde en 2008. Si le quatuor Marco Gluhmann (chant), Volker Sohl (claviers), Sebastian Harnack (basse) et Matthias Harder (batterie) est présent depuis les débuts discographiques, le poste de guitariste a connu quelques changements ces dernières années. Le frère jumeau de Volker, Kay Sohl, a tenu le rôle jusqu’en 2007. Puis Jan Petersen a pris le relais jusqu’en 2013. C’est le jeune guitariste Jonathan Beck qui a enregistré les guitares sur le dernier album Home et c’est lui qui était présent ce soir, mais il ne fait pas officiellement partie du groupe.
Avec un public venu majoritairement pour eux, ils n’ont pas eu trop de mal à séduire l’auditoire même si Marco Gluhmann n’était pas dans sa meilleure forme vocale.
Ils ont bien évidemment joué plusieurs titres de leur dernier opus Home mais également quelques titres plus anciens comme le classique et épique ‘Artificial paradise’.
La dernière soirée du festival a connu un peu moins d’affluence que la veille. L’une des raisons est sans doute que le lendemain avait lieu la fête des mères. Sans doute également parce que l’affiche était moins ‘connue’ que celle du vendredi. Elle accueillait les japonaises d’Akiko Cosmo Space, les italiens de Panther and Co et les anglais d’IO Earth.
Cette fois encore, Alain Chiarazzo nous annonce quelque chose d’inhabituel en présentant les japonais d’Akiko Cosmo Space, et nous précise que celles-ci utilisent un langage inventé comme Magma. Comme pour la plupart des spectateurs présents, je ne pense pas que cela aurait changé grand chose, car il serait surprenant que beaucoup d’entre eux maîtrisent le japonais. Akiko Takahashi tient la batterie et chante. Elle est accompagnée de deux autres demoiselles, Rie Miyazaki et Mika Nakajima aux claviers, et par le seul homme du groupe Tsunehiro Murakami à la guitare. Sous la batterie, outre le logo psychédélique, se trouvait aussi un spiderman gonflable affublé d’un masque d’extra-terrestre. Passé la surprise de la voix très aiguë d’Akiko, la majorité du public s’est pris de sympathie pour les japonais, notamment à partir d’un titre festif aux allures de chanson populaire. Leur musique alternera souvent musique populaire et passages plus exigeants, se rapprochant de Magma ou King Crimson. Ils ont terminé leur show en faisant participer le public grâce à des panneaux posés sur le bord de la scène, sur lesquels étaient inscrits les traductions des chiffres de un à quatre en langage “Akikien” . Leur enthousiasme l’a emporté sur une musique pas toujours évidente.
A noter qu’une vidéo de leur répétition à l'hôtel a circulé sur les réseaux sociaux. Celle-ci les montraient en train de jouer sur des instruments en papier pour la batterie et les claviers, ceci afin de ne pas déranger les voisins. Les guitariste et bassiste jouaient eux de leur instrument débranché.
Les amateurs de progressif italien, toujours gâtés par le festival, l’ont été un peu moins cette année, puisqu’un seul groupe était issu de la péninsule. Il s’agissait de Panther & C, créé en 2003 mais qui n’a pu sortir son premier album qu’en 2015. En 2017 paraissait le second, intitulé Il giusto equilibro. Leur musique est une sorte de mélange entre la grande tradition progressive italienne et le néo-prog. Les textes tiennent une place importante et le chanteur, Mauro Serpe, les fait vivre autant par sa voix que par sa gestuelle. Il était accompagné d’Allessandro La Corte aux claviers, Riccardo Mazzarini à la guitare, Giorgio Boleto à la basse et Folco Fedele à la batterie. Ce dernier a aidé Mauro Serpe à présenter leurs morceaux. Une prestation très pro qui prouve l’expérience des musiciens malgré leur passé discographique récent.
La tête d’affiche de la soirée était le groupe britannique IO Earth que j’ai découvert avec leur excellent et dernier double album A New World. Le combo composé de sept membres a de quoi occuper largement la scène. Dans le fond et relativement discrets se trouvaient le batteur Christian Jerromes, le bassiste Christian Nokes et le claviériste Adam Gough. Au milieu prenait place le spectaculaire violoniste Jez King dont le pantalon plein de chaînes devait peser son poids en acier. Enfin sur le devant se tenaient le spécialiste des instruments à vent, Luke Shingler, le guitariste Dave Curaton, et la nouvelle chanteuse Rosanna Lefevre. Celle-ci semble parfaitement intégrée au groupe et à l’aise sur scène même si c’est plutôt Dave Curaton qui communiquera avec le public.
La set-list comprenait des titres des trois albums du groupe privilégiant les plus puissants. J’avais entendu des critiques sur le son beaucoup trop fort lors de leur passage au festival Crescendo 2016. Cette fois, même si le volume était un peu trop élevé cela restait dans des normes acceptables.
Dave Curaton a bien sûr évoqué le nouvel album Solitude à venir pour lequel un crowdfunding est lancé. Ils ont joué un extrait intitulé ‘Madness’, un bon titre mais pas de révolution, le morceau reste dans le style symphonico-prog des anglais.
IO earth a conclu le festival de superbe manière avec notamment un magnifique enchaînement du surpuissant ‘Body and Soul’ et du sublime instrumental ‘The Rising’.
Set list :
Redemption
Cintah Indah
Body and soul
The rising
Come with me
Madness
Moments
Journey to discovery
The creation
Home
Insomnia
Rappel:
New world
Au final deux soirées assez éclectiques, avec forcément des groupes qui auront plus que d’autres satisfait le public présent, un peu moins nombreux cette année il me semble. Les deux groupes les plus à la limite du genre, Akiko et Dylem, ont engendré quelques critiques parmi les puristes. Mais le prog accueille beaucoup de styles différents et il est impossible pour les organisateurs de ne choisir que des formations qui fassent l’unanimité. Pour ma part, il y aura toujours des artistes que j’aimerais moins que d’autres comme dans tout festival. Mais j’ai rarement eu envie de sortir de la salle, et surtout les festivals m’ont permis de voir sur scène des groupes que j’apprécie, et surtout de découvrir toute une liste d’artistes de qualité parmi lesquels Lazuli, Franck Carducci ou Weend’o …
Et puis il ne faut pas oublier que l’organisation d’un tel événement demande un très fort investissement. Il n’est donc anormal que les organisateurs se fassent de petits plaisirs surtout sur les premiers groupes. La qualité d’ensemble est toujours au rendez-vous et la convivialité aussi.
Site internet du festival :
http://progsudfestival.nuxit.net/Facebook du festival :
https://www.facebook.com/prog.sud/
Rédigé par : Jean-Noël