Neoprog.eu
Menu

Live report du 07/04/2018 - ArtRock Festival
Samedi 7 Avril 2018.

L'exposition photo dans le patio ainsi que dans le couloir menant à la salle a été reconduit cette année. La majorité des photos sont de Andreas Tittmann et Bodo Kubatzki, des photos shootées au Artrock V et à la NOTP 2017, mais aussi d'autres concerts en majorité en terre allemande. En parcourant ces superbes photos très évocatrices, je me dis que ma marge de progression est assez abyssale. No pain, no gain.

Ubi Maior (12:00 - 13:05)
C'est Gianmaria à la basse qui accroche en premier l'objectif. Calme, posé, moustache à l'anglaise, le bassiste dégage un je-ne-sais-quoi naturel. Sur le site du groupe italien, il est présenté comme une énigme: "Un amiral espagnol ? Un pirate ? Sherlock Holmes?". Bon résumé. Début de journée, fatigue, ou digestion de l'énorme brunch pris le matin, toujours est-il que la prestation du groupe ne m'accroche pas. Mario le chanteur, regard caché par des lunettes noires et pieds nus, jouera du violon électrique et de la trompette au cours du concert. Mention spéciale pour Marcella à la guitare, dans le groupe depuis 2011, qui s'éclate et prend son pied sur scène (en plus j'adore les Converse ça a un côté je-ne-me-prends-pas-au-sérieux). En ce qui concerne la musique jouée, le progressif italien reste encore pour moi là aussi presque une planète à elle toute seule à découvrir.
Consignes passées ? Plateau qui ne tourne plus ? Retard pris ? Toujours est-il que le groupe s'active prestement pour libérer la scène le plus rapidement possible.

ArtRock Festival
Gianmaria Giardino, Ubi Maior

Cette fois le rideau noir est tiré. Nous ne verrons rien de la mise en place de la scène pour le prochain concert. Suspense….

Wilson & Wakeman (13:20 - 14:45)
- Waouh ! Steven Wilson et Rick Wakeman de Yes ? Sacrée affiche !
Eh bien non, mauvaise pioche. En même temps si vous ne suivez pas, moi je n'y peux rien. Mais je vous comprends, il n'y a que depuis très peu de temps que j'ai appris qu'Adam, le fils de Rick, a suivi les traces musicales de son père Rick. Il ne s'agit pas non plus de Ray Wilson, mais bien sûr de Damian Wilson (des Wilson il y en a quelques-uns dans le progressif).
- Ben tu vois j'avais raison de citer Yes !
Mouais…si on veut.

Le rideau mystérieux se lève et découvre le plateau. Un piano à queue trône majestueusement à côté d'une guitare sèche, le tout entouré de chandeliers allumés. Classe. Très intimiste. Pas moins de quatre micros plongent dans les entrailles du piano afin de capter ses vibrations sonores. Après le premier titre chanté à la guitare, Damian remercie le public d'être là alors qu'il fait un temps superbe dehors. Il se met alors à blaguer avec son compère et le public. Le second titre lui pose un problème, parce qu'il était prévu dans la chanson que le chant commence, alors que c'est le piano qui commence. La conversation bon enfant sur quel nom doit être mis en premier continue entre les deux compères. Le chanteur s'est d'ailleurs amusé à 'remodeler' la feuille collée sur la loge du duo. Pas de jaloux, disons que nous avons sur scène W&W.
Les titres s'enchaînent au gré des anecdotes qui font rire la salle : Adam qui se retrouve complètement saoul à jouer du piano à deux heures du matin à l'hôtel, ou une discussion surréaliste - dont le contenu m'a complètement échappé - dans la rue entre Damian et une dame. Dana a hypnotisé ces messieurs, c'est au tour de la gente féminine d'être sous le charme du britannique qui profite à fond du catwalk et qui a déjà le public dans sa poche depuis longtemps.

ArtRock Festival
Damian Wilson

Ce concert est un moment suspendu volé au temps qui passe. Il se passe quelque chose de vraiment spécial et d'indicible dans la salle en ce début d'après-midi, porté bien sûr par les vibes et les mélodies du piano, les sujets des chansons qui interrogent la vie, la voix de Damian. Le public est attentif, presque recueilli, tout le monde vibre et chante à l'unisson sur 'Homegrown', les chandelles se consument et projettent leurs éclats de cire sur la scène. Je tombe l'appareil pour savourer ce moment unique. Frissons, yeux embrumés. Mais Damian ne veut pas en rester là. Il ne peut pas se jeter dans la foule au bout du catwalk, il y a une rambarde ("What a shame !"). Qu'à cela ne tienne, il demande au public 'balèze' de se masser sur un côté de l'avancée de scène, va chercher un caisson métallique (mais quelle manie), grimpe dessus et se jette dans la foule après qu'Adam ait fait monter la tension avec son piano. Hilarité générale. Il y aura bien sûr un rappel. Je coche une nouvelle fois la case 'Concert qui ne devait pas être loupé' sur mon calepin. Damian et son acolyte nous ont fait masser un moment unique rempli d'empathie et de fraternité. Après la face métal et survitaminée vue avec Threshold, je vois la face plus calme et introspective de l'artiste. Cet homme sait tout faire.
Monsieur Wilson, vous avez le chic pour établir un lien spécial avec le public, nous ne sentons que de bonnes ondes autour de vous, vous avez finalement un cœur gros comme ça. Alors oui, Damian on t'aime, c'est aussi simple que cela.

Setlist
1.People Come and Go 2.Seek For Adventure 3.Laugh in Time 4.The Sun Will Dance in its Twilight Hour 5.Fall of America (Headspace cover) 6.Life on Mars? (David Bowie cover) 7.Homegrown 8.I Won't Blame Life 9.Iron Man (Black Sabbath cover) 10.Soldier (Headspace cover) 11.The Big Day (Headspace cover)
Rappels: The Evil That Men Do (Iron Maiden cover), Feel Like Going Home (Charlie Rich cover)

Lift (15:05 - 16:30)
Je regarderai la prestation des berlinois de Lift au balcon, histoire de reposer mes vieilles cannes. Je ne suis pas très attiré par la prestation de Lift, encore une formation que je découvre. Je pourrais vous donner des informations trouvées sur Wikipedia, mais vous pouvez les trouver aussi bien que moi. Le concert de Lift est assez calme avec une rythmique linéaire, la musique semble assez basée sur les claviers, nous avons droit à un solo de basse-batterie que je ne trouve pas personnellement exceptionnel. Toujours est-il que Lift, apparemment bien ancré dans le paysage rock allemand, bénéficie d'une audience attentive qui connaît bien la discographie du groupe. Wikipédia m'apprend que la création de Lift date des années 70, et qu'il y a quelques connections avec SCM. Pour le reste vous avez votre moteur de recherche favori…

ArtRock Festival
Lift

Je me fais alors la réflexion sur ce fameux catwalk qui n'a pas beaucoup été utilisé jusque là. Cette avancée de scène est finalement un révélateur de personnalité que certains artistes aiment, ou sur laquelle d'autres préfèrent ne pas s'avancer. Pour l'instant les bêtes de scène ont été Dana Fuchs et Damian Wilson. Allez, gageons que Dominique de Lazuli, Olivia de Mostly Autumn ou Rosanna d'IO Earth seront les prochains arpenteurs de scène et de catwalk.

Pendant le changement de plateau et pendant toute cette journée, Kalle Wallner et ses compères de Blind Ego presque au complet (Scott, Julian et Michael) animent le patio en mode acoustique lors des temps morts dans la grande salle du Neuberinhaus. Je tombe à pic pour un petit 'Blackened' en mode acoustique. Deux guitares et une petite batterie électronique suffisent au trio pour jouer devant les fans qui forment un petit arc de cercle très rapproché. Et oui c'est bien Michel Saint Père (Mystery) que je croise dans le hall d'entrée à l'espace merchandising. Pendant ce temps Damian discute encore et toujours à son "stand".

ArtRock Festival
Kalle Wallner

Collage (16:50 - 18:20)
De Collage je n'ai dû écouter qu'un seul album, Moonshine, avant de venir à ce festival. Le concert de la formation polonaise est en tout cas un franc succès, avec une audience attentive et qui connaît là aussi la discographie de ce groupe maintenant plus que trentenaire. De la musique de Collage j'en retiens quelques accents très marillionesques. C'est sûrement un résumé trop superficiel, mais encore une fois Collage est un groupe dont ma connaissance reste à approfondir. En tout cas le guitariste Michal qui tient en mains au début du concert une guitare de forme assez improbable, a l'air d'être un petit farceur, et s'amuse un peu avec Bartosz. L'information importante est que Bartosz annonce la sortie d'un tout prochain album. Après plus de vingt ans de sommeil, ce sont les fans des varsoviens qui vont être contents. On sent en tout cas que les polonais sont contents d'être sur scène, en toute simplicité, sans chichis.

ArtRock Festival
Michał Kirmuć, toujours prêt à blaguer avec Bartosz Kossowicz, Collage

Depuis hier l'équipe technique n'a pas chômé puisqu'elle a trouvé avec quelques vis et quelques bouts de bois la parade 'huile de coude' pour refaire tourner le plateau de la scène. Bien vu ! Profitons-en pour rendre hommage à tous ces hommes de l'ombre sans qui rien ne serait possible.

ArtRock Festival
Quand la mécanique se grippe, on reprend le bon vieux le système D

IO Earth (19:05 - 20:20)
Les réglages durent plus longtemps que d'habitude pour les sept musiciens britanniques, l'EWI de Luke nécessitant apparemment un boitier spécial. La formation de Birmingham produira à ma surprise un concert à la musique calme et reposée (la dernière chronique de Jean-Noël me donnera l'explication), leur manager prenant des photos pendant leur prestation. C'est Dave à la guitare qui sera le plus souvent au devant de la scène et viendra gratifier le public de ses solos inspirés, Rosanna restant assez en retrait.

ArtRock Festival
Dave Cureton et Rosanna Lefevre, IO Earth

Lazuli (20:45 - 22:25)
Lazuli est la seule formation française de ce festival, comme l'an dernier. C'est assurément le groupe qui va être le plus couvert en live cette année, car quelques dates sont encore prévues à portée de kilomètres du Grand Est dans les semaines qui suivent. Les gardois sont rapidement en place sur scène, mais doivent patienter un peu pour effectuer leurs réglages. Gédéric semble soucieux, sûrement l'attente qui est un peu trop longue. Indubitablement le public s'est rapproché et s'amasse au pied de la scène pour ne rien louper du spectacle. Jean-Christophe les a déjà vu cette année au Z7, et il y a de fortes chances pour que la set-list qu'ils jouent ce soir-là soit identique. Et il y a effectivement un bon équilibre entre les titres de Saison 8, leur nouvel album que je découvre, et le reste de leur discographie. Dominique, son accent français et ses mots en allemand tirés de son fameux classeur me feront toujours autant sourire. Le public allemand est comme d'habitude au rendez-vous et sous le charme. La formation gardoise clôturera son show par l'habituel morceau collectif joué au marimba, cette fois-ci un titre très sûrement adapté pour leur tournée allemande puisqu'il s'agit de '99 Luftballons' de Nena.
Le sujet a déjà été évoqué mais c'est quand même assez hallucinant qu'un groupe français aussi talentueux ait plus de succès à l'étranger que dans son propre pays. Je n'ai cessé d'y penser pendant ce concert. Les groupes tournent où on leur donne l'occasion de se produire… Refermons la parenthèse.

ArtRock Festival
Dominique au rangement de fin de concert, Lazuli

Mostly Autumn (23:00 - 00:30)
Les rangs semblent s'être clairsemé un peu après le concert de Lazuli, du moins devant la scène aux toutes premières loges. L'album le plus familier pour moi de Mostly Autumn est Dressed in Voices, et il y a eu encore de très belles ondes dans la salle pendant le concert du groupe britannique qui ne compte pas moins de trois guitares. Le jeu de scène sobre mais efficace de la chanteuse Olivia y contribua bien sûr fortement. La formation finira avec deux rappels, et terminera de belle manière cette seconde journée bien remplie.

ArtRock Festival
Olivia Sparnnen et Andy Smith, Mostly Autumn

Malgré l'élagage constant des photos au fur et à mesure de la journée, le nombre d'images dans l'appareil photo commence à être comme d'habitude trop élevé.
Quelques instants de discussion avec Oliver de PPR, et il est temps d'aller reposer les oreilles.

Rédigé par : Laurent