Neoprog.eu
Menu

Live report du 09/11/2018 - Klone à la Maison Bleue
Voilà bien longtemps que nous désirions, à Neoprog, écouter Klone en live. Il aura fallu patienter deux albums et un rendez-vous manqué en 2017 pour que nos chemins se croisent enfin, à la Maison Bleue à Strasbourg, qui décidément semble devenir la cantine de la rédaction.

Klone en tournée acoustique, annonçait une soirée de reprises grunge, ce qui, je dois bien l’avouer, douchait notre enthousiasme premier d’autant que, comble de malheur, Cloud Cuckoo Land, qui assure habituellement les premières parties, ne jouerait pas à Strasbourg.

Ce sera pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, l’un des meilleurs concerts de l’année 2018.

Humain Song

Duo rouge et noir se répondant sur scène (lequel des deux a le plus de cheveux ? ;-) ), il est très difficile de classer la musique de Human Song, et il en est - encore une fois - très bien ainsi. Une basse, une batterie et un clavier. Human Song, que nous avions découvert en 2017 avec Esben and the Witch débutait la soirée, et si leur album studio Blue Spaces est sympathique, leur prestation live est magnétique. Il a flotté ce soir-là à La Maison Bleue un parfum de fin du monde mâtiné d'un soupçon d'espoir, un espoir exprimé au clavier par les éclaircies solitaires de Jane. Alors que la basse de Mathew dessine un monde décharné et fumant sur lequel gronde une sourde révolte, la voix de Jane effectue des allers-retours entre enfer et paradis, mélancolie et envol aérien minimaliste. Bien que très souvent derrière son piano, Jane occupe toute la scène, Mathew restant le plus souvent en retrait. Malgré cette configuration statique, Human Song réussit à s’imposer devant le public majoritairement acquis à Klone. Diablement original.

Humain Song

Les quatre artistes de Klone présents pour cette belle soirée sont, à n'en pas douter, de vrais complices. Pas d'esbrouffe, beaucoup d'humilité et d'authenticité. La musique en est forcément d'autant plus sublimée. Quatre tabourets, deux guitares sèches, quelques percussions, une voix, il n'en faut pas plus aux poitevins pour faire briller la salle de mille étoiles scintillantes et bienveillantes pour un set qui, sûrement au grand bonheur du public, a majoritairement repris leur dernier album Unplugged.

Klone

Si vous​ l’avez écouté, vous aurez une pâle idée de cette seconde partie de soirée. Klone reprend son répertoire en acoustique, ajoutant quelques morceaux de Soundgarden ou de Depeche Mode. Tout est dit ? Non, justement. Car en live, ces titres prennent une tout autre dimension. Les quatre artistes sont nettement plus à leur aise aujourd’hui avec ces morceaux que lors de l’enregistrement en 2017.

Klone

De grands sourires, des guitares cristallines qui se répondent et encadrent la voix exceptionnelle, unique et envoutante de Yann capable de finir en gentil growl, des percussions légèrement étouffées mais néanmoins énergiques. C'est un catapultage en direct vers les étoiles et le paradis. Chair de poule, larmes de bonheur, doux flottement de l'âme en terres inconnues, magiques, accueillantes et vibratoires, on ne veut surtout plus atterrir. Même les reprises grunge trouvent ici un charme qui m’avait initialement échappé. La magie opère, les artistes s’amusent, entamant un ‘Big Bisous’ improvisé suite à la suggestion malicieuse d'une personne de l'auditoire. Le public danse, chante avec le groupe les refrains de tubes des années 90, la Météor coule à flot, mais hélas, après trois dernières reprises, tout s’arrête trop vite. Je voudrais prolonger la nuit, les suivre en voiture sur leur prochaine date. Je me contenterai de quelques mots avec le groupe et de l’édition vinyle de Here Comes The Sun en souvenir de cette soirée inoubliable.

Klone

S’ils repassent demain, je retournerai les écouter sans hésiter. J'installerais bien quatre tabourets dans le salon, à côté du piano, rien que pour les accueillir une soirée, même pour qu’ils jouent le répertoire complet de Carlos en acoustique.

Un grand merci pour une telle soirée ne suffira jamais. Parce qu'il s'agit de bien plus que cela.

Laurent et Jean-Christophe

Rédigé par : Jean-Christophe