Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un vent nouveau va se mettre à souffler au Spirit of 66, en ce 5 octobre 2019. Un groupe américain, DISTRICT 97, est à l’affiche avec IO EARTH ce soir. Deux headliners, une soirée. C’est pourquoi je vous fais deux histoires séparées. Deux groupes aux antipodes l’un de l’autre et pourtant deux groupes de rock progressif. Un jour, Steve Hackett m’a dit que le prog était une fenêtre ouverte sur le monde de la musique. Il avait bien raison !
Prête, à mon endroit favori devant la scène, j’attends avec des amis. Ceux qui me connaissent bien savent que mon instrument préféré est la basse, suivie par la guitare. Je serai donc au premier rang avec vue sur bassiste.
Les musiciens émergent des backstages mythiques du Spirit of 66. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de les visiter. C’est comme visiter le monde de la musique. Des dates et des noms de groupes se chevauchent dans un joyeux désordre. C’est un vrai jeu de piste pour retrouver ceux qu’on cherche.
Photo Brigitte Cochet
Mais revenons à nos moutons, qui figurent même dans une chanson du groupe. Nous avons Jim TASHJIAN à la guitare, Andrew LAWRENCE aux claviers, Tim SEISSER à la basse et Jonathan SCHANG aux fûts. Cela nous en fait quatre, il manque la voix et quelle voix ! Une gagnante de l’émission American Idol sur la scène du Spirit ! Leslie HUNT arrive, petite chose vêtue d’une courte robe toute fine, sans manche, des bas collants léopard et de l’énergie à revendre. Comment vais-je qualifier ce groupe ? Ou plutôt comment le qualifier avec ses conséquences ? C’est mieux que du Pledge sur une fibre pour dépoussiérer les meubles. C’est quasi aussi intense qu’une tempête tropicale. Tempête pour la force du vent, tropicale pour les chansons qui semblent venir de bien ailleurs, des ces lieux totalement dépaysants qu’on ne retrouve qu’au sein des States. Vous me suivez ? Bref, c’est un prog résolument moderne, c’est bon, c’est décoiffant, ça vous met de la vie sur scène et ça débroussaille les oreilles.
Photo Brigitte Cochet
J’avais déjà vu ce groupe en 2013, avec John Wetton qui les accompagnait. C’est le même groupe sans Wetton mais ce n’est pas le même groupe. Ils ont évolué, ils sont devenus plus mûrs, tout en gardant ce petit grain de folie que j’avais beaucoup aimé en 2013.
La musique nous embarque avec ‘The Actual Color’, extrait de l’album Trouble With Machines, sorti en 2012. Nous montons de quelques pieds dans les airs. L’interprétation est superbe, autant de la part des musiciens que de la part de Leslie qui nous fait de jolis pas de danse pour éviter le fil de son micro.
Une chanson plus ancienne suit, ‘I Can’t Take You With Me’, issue de Hybrid Child, le premier album du groupe, sorti en 2010. Une recette innovante incorporant une explosion de saveurs venant d’une symbiose de Yes, Genesis, King Crimson et autres Frank Zappa. C’est juste parfait.
‘Snow Country’ commence plus en douceur. Issue de l’album In Vaults sorti en 2015, cette chanson donne une bonne occasion à la basse de s’illustrer. Et quelle basse ! Tim Seisser fait absolument ce qu’il veut de sa basse. Il l’a lui-même façonnée de ses mains, et il peut en être fier.
Un pantin désarticulé nous envoie dans ‘Forest Fire’ issu de Screens. Cela nous donne l’occasion de voir et d’écouter comme le groupe a évolué vers quelque chose de plus décousu pour une oreille non avertie, mais vers quelque chose de beaucoup plus subtil pour les connaisseurs. Ils ont toujours eu cette fibre un peu jazzy dans le groupe mais elle ressort vraiment bien dans cette chanson.
Photo Brigitte Cochet
Continuons avec le rythme soutenu de ‘Sheep’, également sorti du dernier album. Sommes-nous seulement des moutons ? Les images de fond suggèrent que nous le sommes tant que nous ne nous révoltons pas. Là aussi, nous avons l’occasion d’admirer le travail de la guitare et de la basse.
Suivent ensuite ‘Bread and Yarn’, ‘Trigger’, et d’autres, composant un savant mélange d’énergies, de mélodies et de sons parfois hirsutes. Quelques soli de guitare et de basse çà et là ne sont pas en reste.
Et puis, vlouf, c’est la fin ! Dommage, je reste sur un petit goût de trop peu, mais la soirée n’est pas finie...Merci Leslie, merci Francis, merci les States…..
Photo Brigitte Cochet
Rédigé par : Suze