Ca y est, je suis vieux : je viens d’assister au concert d’un cover band.
Trente ans plus tôt j’assistais, émerveillé, à mon premier et dernier concert de Genesis, à la Beaujoire à Nantes, sur la tournée de Invisible Touch. Samedi soir, je me rendais à Karlsruhe, sous une pluie battante, pour écouter Trick of the Tail, non pas l’album, mais le tribute à Genesis période Collins. La salle, coupée en deux pour l’occasion, était bien remplie. Deux petites jeunes sexy se trémoussaient au premier rang, l’exception au milieu de quinquas allemands buveurs de bière. Pas de déambulateur ni d’infirmière assistant les spectateurs, mais presque.
Pour restituer Genesis en live, il ne fallait pas moins de huit artistes sur scène, trois claviers, six guitares, deux basses, une flûte traversière, un chanteur, et paradoxalement un seul batteur. Le parti pris de ce groupe est de faire revivre les années Collins, donc pas de costumes, peu de titres postérieurs à The Lamb Lies Down On Broadway et un jeu de scène minimaliste. Un répertoire allant de A Trick Of The Tail à Mama, avec toutefois un medley vintage ainsi que ‘Supper’s Ready’ en dessert.
Matthias, l’homme à tout faire du groupe, est très discret alors que sa contribution à la musique est essentielle, le chanteur, Jürgen, assure au chant comme quand il s’agit d’occuper la scène. Un des claviéristes fut un peu léger sur une ouverture piano et le batteur n’est certes Phil Collins ou Bill Bruford, mais globalement l’esprit de Genesis habitait Trick of the Tail.
Le public reprend en choeur les paroles de classiques comme “Can you tell me where my country lies…”, “I know what I like and I like what I know” ou encore “I will follow you will you follow me” même lorsque qu’on ne lui demande pas. Une grand messe genesissienne de trois heures, survolant vingt années de la carrière du groupe dans une salle spacieuse et pour une fois bien sonorisée.
Finalement ce n’est pas si mal de vieillir lorsque l’on peut encore se faire plaisir en écoutant des classiques en live. Certes j’aurai préféré avoir Peter Gabriel devant moi criant “A flower ?” alors que Phil relancerait la mesure d’un coup de baguette magique et que les orgues de Tony rugiraient. Mais voilà, je pense que ces gars là nous ne sommes pas près de les revoir ensemble sur scène, du moins, pas à seize euros la place au premier rang.
J’ai fauté, j’ai écouté à un cover band et passé une très belle soirée. Je ne dis pas que je renouvellerai souvent l’expérience, il y a trop de jeunes talents qui se produisent sur les scènes pour se vautrer dans la nostalgie, mais force est de constater que Trick of the Tail donnait le change à Substage samedi dernier. Bravo !
Rédigé par : Jean-Christophe