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Live report du 06/04/2018 - ArtRock Festival 2018 - Jour 1
Vendredi 6 Avril 2018.

Me voici de nouveau en pèlerinage à Reichenbach pour la troisième année consécutive, encore une fois sous un grand soleil printanier, après une moyenne de 69 km/h sur le trajet autoroutier (l'A6 allemande, ses travaux et ses bouchons sont désormais un grand classique).
Entré dans la Neuberinhaus, on me remet le bracelet sésame au poignet. Une petite bière, et c'est parti pour trois jours d'orgie musicale, avec encore et toujours de nouveaux groupes à découvrir. Entré dans la grande salle, je m'aperçois que l'équipe organisatrice a pour cette année mis en place une avancée de scène (le fameux catwalk) qui permet aux artistes d'aller et venir pour un contact au plus près du public.

C'est Yogi Lang (RPWL) qui ouvre ce festival au micro, et qui a la charge de présenter les groupes qui se succèdent. Après avoir souhaité la bienvenue au public, Yogi lance Asgard sous les feux de la rampe.

ArtRock Festival - Jour 1
Yogi Lang


Asgard (17:30 - 18:40)
Asgard, groupe germano-italien, ouvre le bal. Avec Asgard et son ouverture en chants grégoriens me rappelant Era, nous sommes plongés dans une ambiance et une mise en scène ésotérique mélangeant latin, flûte, costumes moyenâgeux et rituels médiévaux à grands renforts de chandelles, bol de feu et glaive sur scène, ainsi que marquage de croix rouge sur le front pour tous les membres du groupe. Le mystère s'éclaircit lorsque l'on apprend que Asgard est le nom d'un des neuf mondes de la mythologie nordique. Franco, le frontman, fera aussi une apparition sur scène avec fourrure et (vraie) tête d'animal (de chien ?). Prises de marque, premier concert d'échauffement que je trouve un poil grandiloquent sur scène, la musique que je découvre ne me cause pas énormément pour être totalement honnête. Ce premier concert me rappelle d'ores et déjà que l'on ne peut pas tout savoir, et que de tels festivals sont justement l'occasion d'élargir ses horizons progressifs et musicaux.

ArtRock Festival - Jour 1
Franco Violo, Asgard

Le changement de scène est l'occasion de découvrir une seconde innovation pour cet ARF VI : un plateau tournant qui permet de préparer en coulisses la configuration du groupe suivant pendant que la scène est déjà occupée. En trente secondes, le changement à 180 degrés de la scène est effectué.

Crystal Palace (18:50 - 20:10)
Crystal Palace est, selon les dires de Yogi, un groupe "très très sous-estimé" et qui mérite d'être beaucoup plus connu. De la prestation du premier groupe qui joue à la maison (le groupe allemand est originaire de Berlin), j'en retiens un bon rock bien léché qui me laisse une excellente impression, ainsi que la guitare en bois à manche coupé de Nils du plus bel effet. Yentz, bassiste et chanteur du groupe se dépense sans compter, et ne souhaite visiblement pas s'arrêter malgré le rappel du timing par le régisseur.

ArtRock Festival - Jour 1
Tom Ronney, Crystal Palace


David Cross Band (20:40 - 22:20)
La première grosse claque et belle surprise de ce festival est pour David Cross Band. Le nom de David - 70 printemps cette année - est associé aux albums de King Crimson, mais il semble que ce soit très réducteur de ne retenir que cela. Pas moins de six personnes sont sur scène pour le set de la formation du britannique. La musique commence par une coloration orientale au début du concert, vire ensuite au psychédélique, et passera ensuite par de nombreux soubresauts et mélange des genres, alternants passages très orageux et beaucoup plus calmes et apaisés. Il y a Jin, look steampunk, à l'amplitude de voix assez phénoménale, et qui n'arrête pas de boire de l'eau, Paul bien campé sur ses deux jambes, à la guitare fusée orange qui balance ses éclats de métal en une sourde explosion, Mick à la basse toujours en embuscade, bien sûr David et son violon, Pat aux fûts, et David Jackson (Van der Graaf Generator), septuagénaire avenant à l'énergie débordante, qui ne cesse de communiquer avec le public, à moins qu'il ne soit en train de souffler dans une flûte, un pipeau, deux saxophones en même temps, ou aux claviers, en train de chanter, ou d'effectuer des mimiques évocatrices d'un humour bien ancré dans le personnage. Quelle énergie ! La musique de DCB est un régal, elle fait appel à un mélange de nombreux genres superbement bien imbriqués qui se répondent les uns aux autres, joués par des artistes dont l'expérience n'a d'égal que leur talent, leur permettant de gérer en temps réel une créativité débordante. C'est indubitablement le premier temps fort de ce festival, avec bien sûr un premier rappel.

ArtRock Festival - Jour 1
David Cross Band

Setlist
1.Nurse Insane 2.Starfall 3.Sign of the Crow 4.The Pool 5.Tonk 6.Rain Rain 7.Exiles (King Crimson cover) 8.Theme One (Van der Graaf Generator cover)
Rappels: Starless (King Crimson cover), 21st Century Schizoid Man (King Crimson cover)

Le plateau électrique tournant n'a d'ailleurs pas résisté à toute cette énergie, car il tombe en rade. C'est branle-bas de combat général dans l'équipe technique qui se remet à travailler à l'ancienne, déménageant le matériel à la main.

Dana Fuchs (22:45 - 00:10)
La bande masculine de Dana commence à jouer, distillant le suspense, avant que l'artiste américaine n'arrive sur scène. Après toute cette fin de journée remplie de testostérone, c'est revigorant d'avoir un peu de glamour sur scène. Là aussi ça déménage sec, la chanteuse originaire du New Jersey, très sexy, ne manque pas d'énergie. Elle sera la première artiste à utiliser la configuration de la scène, et arpentera à plusieurs reprises le catwalk pour aller à la rencontre du public. On ne peut qu'être séduit par cette artiste qui interagit avec fougue avec tout le monde et ne tient pas en place : encouragements et hommage implicite à ses musiciens en jouant tour à tour avec eux, dos au public en cercle tout en rythmant avec un tambourin, ou bien encore à genoux tout au bord de la scène à portée de mains du public. On sent que l'artiste, qui prêche fortement l'amour, a besoin de communion avec l'âme humaine. Elle s'assoira sur un retour pour parler un instant de sa famille, de son père, et des événements tristes de sa vie, pour finir par un revigorant 'Celebrate life !'. Pour avoir une photo réussie d'elle, les photographes doivent s'accrocher, la longue chevelure blonde de l'américaine ondulant au gré des ses mouvements et cachant la plupart du temps son visage.
La voix de Dana est impressionnante. C'est une voix puissante, avec un côté rauque et éraillé du plus bel effet, et qui plus est très sexy. Sur cette voix, j'ai pensé en premier lieu à Tina Turner. Quelques recherches sur le net donnent une comparaison vocale avec Janis Joplin. La musique jouée par toute la bande est vraiment rock, nous sommes là sur les terres du rock blues en mode 'american roots'. La chanteuse prendra d'ailleurs sa guitare sèche pour jouer quelques titres. Jon le guitariste au chapeau noir électrise aussi la salle par ses interventions inspirées et assez stratosphériques, venant aussi légèrement au devant de la scène pour envoyer ses notes dans la salle. Il y a là aussi bien sûr un rappel pour cette toute première date européenne depuis la sortie du nouvel album de la chanteuse.
Nous n'avons pas eu ici un concert de prog, il en est très bien ainsi. Dana Fuchs est la seconde très très belle surprise de ce festival. S'appuyant sur une expérience de vie qui ne l'a pas épargnée, Dana est une artiste qui semble se battre encore et toujours pour le meilleur, pour les autres, pour la vie. Cela se ressent assurément et sans aucun doute sur scène et dans sa musique. Big Up pour Dana Fuchs Band !

ArtRock Festival - Jour 1
Dana Fuchs

C'est déjà une belle première après-midi qui nous a été offerte, allant crescendo en intensité et émotions. Garée devant la Neuberinhaus, l'équipe de Crystal Palace est en train de jouer à Tétris avec les racks de batterie qui doivent rentrer dans la remorque attelée à leur mini-van. Dur dur la vie d'artiste.

Les photos de ce premier jour sont ici.

Rédigé par : Laurent