Pendant que certains se perdaient en Lorraine pour écouter Sylvan, que d’autres traversaient la moitié de la France pour rencontrer Magenta, quelques-uns restaient chez eux par manque de temps et de courage. Mais ce n’est pas parce que nous ne contribuons pas à l’augmentation de la concentration du CO² dans l’atmosphère que nous n’écoutons pas de la musique live le weekend.
Samedi soir, Out5ide jouait à la Maison Bleue à Strasbourg, l’occasion de les écouter une nouvelle fois à deux pas de la maison et de retrouver un lit douillet avant les douze coups de minuit.
Out5ide est un groupe de la scène strasbourgeoise, né dans les années quatre-vingt-dix, borderline du rock progressif, avec son rock hard-rock floydien bien accroché au blouson de cuir du chanteur. En live, Out5ide sort le grand jeu, avec cinq musiciens, qui, quelque soit la taille de la scène, courent de droite à gauche, grimpent sur les retours, se mêlent au public, jouent leurs quatre albums studio et reprennent de grands classiques de Pink Floyd à AC/DC.
La Maison Bleue est une petite salle située à la frontière du Polygone et du Neudorf, disposant d’un bar agréable et d’une scène de belle taille noyée dans la brume et les lumières des projecteurs rouges et bleus. Un lieu plaisant pour un concert à taille humaine, un terrain miné pour tout photographe non aguerri. Entre fumée épaisse, projecteur rouge à droite, flash bleu à gauche et ombre au centre, j’ai été en galère toute la soirée.
Last Roamer, un duo stoner, ouvrait la soirée pour Out5ide. Un batteur, un guitariste chanteur, ne les cherchez pas sur Facebook, ils n’ont rien de tout cela pour l’instant, “la flemme” nous dira le grand barbu, chanteur du groupe, au moment de se présenter, mais rassurez-vous, un album est la prochaine étape du groupe. Le stoner reste du stoner, c’est à dire une musique que j’écoute à dose homéopathique, mais quand la rythmique assure, ça peut le faire. En l'occurrence, ici, le batteur en connaissait un rayon comme le guitariste. Mais pour ce qui est de la scène, nada. Il faut avouer que le guitariste, coincé devant son micro, gérant sa pédale de delay, n’avait même pas les bras libres pour appuyer son propos. Quant au batteur, vous savez comment ils sont, une fois assis sur leur tabouret, impossible de les déloger, prétextant qu’ils doivent marquer la cadence avec leurs bouts de bois et leurs pieds. Si vous m’en trouvez un qui se roule sur le sol au milieu de public, pendant un concert, pensez à me le présenter. Un set statique mais efficace, sans le brouillard d’automne qui bientôt envahira la salle avec l’arrivée de Out5ide.
Une bière plus tard et quelques spectateurs de plus, Out5ide remplit la scène avec basse, batterie, claviers, guitares et micros. Pour leur centième concert, le groupe fait les choses en grand, nous réservant quelques surprises, une chorale d’adolescents qui chanteront sur deux titres et de nouveaux morceaux qu’ils vont enregistrer très prochainement en studio pour leur cinquième album. La salle s’est bien remplie, de fumée, de lumières rouges, de lumières bleues et de spectateurs. L'exercice photographique devient un sport de haute voltige, navigant entre les personnes, grimpant sur des tabourets, cherchant le réglage qui permettra la belle image (je ne l’ai pas trouvée).
Sur scène, le groupe, lui, sort le grand jeu : bassiste rouge, guitariste bleu, batterie et claviers dans la brume, chanteur dans le noir. Quelle que soit la température, Laurent, le chanteur, arbore son perfecto de rockeur et finit même parfois - les dames n’auront pas ce bonheur ce soir-là - torse nu. Avec sa voix rauque au timbre rock, il fait le show, guitare en bandoulière, comme à son habitude, grimpant où il peut, chantant au bord de la scène, au milieu du public, jouant avec le groupe, un Renaud charismatique en plein sevrage. Out5ide revisite son répertoire bien rodé, s’essaye avec succès à de nouvelles compositions et chante avec une bande d’ados, perdus au milieu d’un public nettement plus âgé qu’eux, fans de musique composée alors qu’ils n’étaient pas encore nés. Ils reviennent à la fin du set pour une belle reprise de ‘Another Brick In The Wall’ noyée dans la purée de poix. En rappel Out5ide nous livre deux reprises rock & roll et un ‘Highway To Hell’ qui décoincera les derniers spectateurs encore statiques dans la salle.
Après Le
Camionneur et la
Fête de la Musique, j’étais heureux de retrouver le groupe Out5ide, décidément en grande forme, découvrant au passage quelques titres qui figureront sur le numéro cinq. De temps en temps, il faut savoir retourner dans les petites salles enfumées écouter les talents locaux plutôt que de consommer du grand spectacle aseptisé préformaté pour les masses.
La petite bafouille de Laurent :
Une petite salle où l’on se sent bien, un chanteur tout en énergie et en voix qui donne tout, dont le visage buriné parle de lui-même, provoque le respect et rappelle les rockeurs expérimentés qui ont déjà bien bourlingué. Des jeunes qui montent sur scène et se frottent à l'exercice choral. Tout a concouru pour ce centième concert des strasbourgeois de Out5ide à passer une bonne soirée intimiste, en grande famille - comme Last Roamer l’a précisé pendant la première partie - , tout simplement.
Souhaitons à La Maison Bleue un public encore plus nombreux pour ce genre d'événement, gage de soirée sympathique et de mélange des générations.
Rédigé par : Jean-Christophe