Jeudi 4 avril, Crippled Black Phoenix passait à Strasbourg. La soirée était réservée de longue date dans mon agenda des concerts, car un tel groupe ne joue pas tous les soirs en France. Cela aurait été regrettable de le manquer. Pour l’occasion, Anthony, le batteur de anasazi et de Collapse avait fait le déplacement depuis Grenoble, d’agréables retrouvailles après notre première rencontre à l’
Elastic Bar le 13 mars dernier.
Trois groupes se partageaient l’affiche ce soir-là, un programme chargé commençant vers 19h avec Fotocrime, continuant par Soft Kill et s’achevant après 23h avec Crippled Black Phoenix. Pas le temps de manger, un rapide passage à la maison pour préparer le matériel photo et me voici en route pour le Club Laiterie.
Si Fotocrime est un groupe, c’est en solitaire que Nick Thieneman le chanteur/guitariste embarque pour la tournée avec Crippled Black Phoenix, un plan un peu fou, il le reconnaît lui-même, mais la vie vaut-elle d’être vécue si on ne prend aucun risque ? Boîte à rythmes, samples, mini clavier et guitare, Nick est l’homme orchestre de la soirée. Nimbé de brume bleue, l’homme aux Ray Ban se démène devant le micro pour quelques titres dans une salle relativement déserte. Même si sa prestation ne manque pas d’énergie, le côté “je joue sur une bande en suivant une boîte à rythmes” devient rapidement rébarbatif. Il ponctue de sa voix grave chaque fin de morceau par un laconique “Thank you” et passe au titre suivant, variant peu les éclairages (stroboscope ou pas), noyant sa gestuelle répétitive dans une brume dense. Sa musique se situe à la frontière du rock alternatif et de la darkwave, pas forcément ma tasse de thé, cependant j’ai eu envie d’écouter ce que cela donnait en version studio :
Soft Kill vient juste après, et là, s’il y a un groupe, question performance, cela frise le désastre. Le chanteur guitariste est épuisé et il ne s’en cache pas. Imaginez un déménageur tatoué de très mauvaise humeur devant le micro et vous aurez une assez bonne idée du spectacle. Il fait la gueule, joue dos au public, et sur scène il ne se passe rien. Leur batteur cogne comme un robot sourd et la musique n’est une fois encore pas dans mes cordes, sauf lorsque la guitare s’éveille ou que le bassiste se lâche un peu. Ce n’était manifestement pas leur soir et je commence à craindre pour la suite.
Crippled Black Phoenix arrive avec trois guitares, deux claviers, une basse (le retour de Nick Thieneman), une chanteuse et une trompette. La petite scène du Club déborde et la fosse n’est pas loin d’être remplie à présent. J’ai faim et soif, mais pas question d’abandonner ma place au premier rang, je vais enfin découvrir ce collectif en live.
Commençons par les points négatifs : le son n’est pas fantastique, un peu confus, surtout au premier rang, et la chanteuse, Belinda Kordic, qui semble avoir pris froid, ménage sa voix tout au long du concert.
Sorti de cela, redécouvrir leur musique en live est un pur bonheur. D’abord parce que le groupe prend plaisir à jouer et cela se voit, ensuite parce que leurs morceaux gagnent en dynamique et en énergie en public.
Je découvre pour la première fois des morceaux tirés d’anciens albums (I, Vigilante, et Manking, oui j’ai découvert le groupe sur le tard). Ils nous convient également à quelques reprises, une de Swans (‘The Golden Boy That Was Swallowed by the Sea’) et un Pink Floyd avec ‘Echoes’, la dernière pièce qu’ils jouent avant de revenir pour un ultime rappel.
Justin n’hésite pas à descendre dans le public pour jouer pendant ‘Echoes’, aussi loin que le câble de sa guitare le lui permet, saluant le groupe de la fosse, sympathisant avec le public, partageant avec nous le plaisir d’être là ce soir.
J’aurai sans doute préféré un concert sans première partie, tout à Crippled Black Phoenix, dans une salle plus grande, avec une meilleure balance, mais on ne peut pas toujours tout avoir, et je suis très heureux d’avoir enfin pu écouter ce groupe en live.
Set list : To You I give, No Fun, Champions Of Disturbance, Caring/Pozman, Rain Black, Reign Heavy, Nebulas, Great Escape Pt 1, 444, The Golden Boy That Was Swallowed by the Sea, Fantastic Justice, We Forgotten Who We Are, Echoes.
Rédigé par : Jean-Christophe