Neoprog.eu
Menu

From Darkness Light
Brudini - From Darkness Light
Titre : From Darkness Light
Groupe : Brudini
Sortie : 2020
Label : Apollon Records
Format : CD
Genre : Experimental

La chronique note de la chronique
Les évaluations Evaluations
Connectez-vous pour donner une évaluation

Titres

  • Roselight (w/ Chip Martin)
  • Nightcrawler
  • Hunger (w/ Chip Martin)
  • Reflections
  • Female Rimbaud (w/ Chip Martin)
  • Emotional Outlaw
  • Pale Gold
  • God Unknown (w/ Chip Martin)
  • Radiant Man
  • Ariel (w/ Chip Martin)
  • Everything is Movement
  • Boulevards

Formation en 2017


Membres invités:
Derin Bayhan, Livio Polisano: batterie
Casper Hoedemaekers: tuba, basse double
Knut Jonas Sellevold: basse
Audun Waage: trompette
Rita Kvist: voix
Maddy Georgieva: violon

Les gens ayant un job qui ne leur plait plus (pour diverses raisons) et qui se réorientent vers une activité qui a du sens pour eux semblent être de plus en plus nombreux. Brudini, Erik Brudvik de son vrai nom, est de ceux-là. Auparavant dans le milieu financier, le norvégien, devenu londonien, a décidé de tenir une petite librairie dans Soho, librairie qu'il a malheureusement été obligé de fermer. Cela ne l'a pas empêché d'avancer en parallèle sur son premier album, lui permettant d'assouvir son désir de création musicale. Précisons enfin que notre homme n'est pas un nouveau venu dans le milieu, puisqu'il est notamment intervenu de nombreuses fois sur la radio BBC6, et a collaboré avec Lulu Gainsbourg.

Dès la première écoute, on sent que From Darkness, Light, premier album issu de cinq années d'efforts, est une œuvre originale et inclassable. Pas vraiment progressif au sens musical du terme… pas du tout progressif en fait. Les étiquettes que l'on peut lui appliquer vont du jazz à l'expérimental, en passant par la world music et le cinématique. Avec la caractéristique que les titres se succèdent en alternance de courtes plages narrées et de titres plus ou moins chantés.

Brudini
Brudini (Musique et paroles), Chip Martin (Poésie narrée)

Les plages narrées projettent des ambiances très éthérées à la connotation toujours très intimiste. Difficile de savoir ce que fait notre personnage qui soliloque, où il se trouve, et c'est tout là le sel de cet album. Est-on dans un rêve ? Dans la réalité ? Bien malin qui pourrait le dire. Avec 'Roselight', on est peut-être dans un endroit calme, à Hollywood, peut-être dans un bar où l'on ouvre un piano solitaire qui ne demande qu'à s'exprimer. 'Hunger' reste très mystérieux, sur des battements et un fond sonore très énigmatique. Avec ce titre, notre personnage est entrainé dans les profondeurs par une sirène avec laquelle il partage un moment érotique. Un orgue y apporte une éclaircie dans ces abysses dont on ne sait si notre héros y remonte ou non… Tout autant énigmatique est 'Female Rimbaud', avec les cordes rêches de la guitare acoustique, où notre personnage cherche une muse moderne, pour pouvoir "faire l'amour à la poésie". Le piano s'invite de nouveau dans 'God unknown', une séquence apaisée où les lumières du coucher de soleil répondent à un visage évanescent. Est-ce le même coucher de soleil que celui qui enflamme la ville dans 'Nightcrawler' ? A vous de décider. 'Ariel', sur fond de synthé qui étire ses notes en nappes vibratoires, baigne aussi dans une lumière orange crépusculaire dans laquelle tout s'endort paisiblement.



Les chansons, avec une voix oscillant entre chant et récit, réservent aussi de belles surprises. 'Nightcrawler' permet de découvrir le côté brut de la musique de Brudini, avec peu d'instruments et peu de notes; une musique où les sophistications ne sont pas de mise, et où les quelques zébrures guitaresques aussi bizarres qu'inattendues nous tirent de la torpeur du chant et de la voix traînante de notre personnage qui semble voler dans la lumière du soir. 'Reflections' est emmené par une marche rythmée et empesée par la basse. Notre personnage y voit une femme dans un demi-miroir. On y retrouve le piano du premier titre, un violon, de l'électro ainsi que des sonorités de cymbalum. Ce titre me fait penser à Gazpacho pour la voix lente qui détache et allonge les syllabes, c'est aussi à Cascadeur que je pense, pour le côté piano fataliste, et le caractère énigmatique des paroles entre chant et narration. 'Emotional outlaw' est plus énervé, plus riche en notes et entrainant. Une batterie tribale, des sonorités de Mini Moog à la Theo, une contrebasse qui joue sur fond de motifs électro, sans oublier la guitare électrique qui part en vrille à la fin du titre. Une chanson originale qui donne un peu de peps au côté neurasthénique ou un peu trop posé de l'album. 'Pale gold' vous tirera très probablement un sourire avec un tuba pataud et débonnaire qui donne un petit côté circassien et clownesque. 'Radiant man', sorte de ballade paisible, ouvre positivement cet univers par ses ondes calmes et apaisantes. Dans la continuité le rêve éveillé s'éclaircit encore plus avec 'Everything is Movement', un titre très entraînant qui groove et qui swingue à souhait après un début encore une fois mystérieux. La tension monte progressivement avant l'explosion d'une clairière de lumière qui s'ouvre devant nous, le tout sur des violons bienveillants après tout ce brouillard mystérieux. Après l'obscurité vient la lumière. 'Boulevards' conclut cet album, toujours dans cette ambiance indéfinissable, mélange mystérieux de lente nostalgie et de temps suspendu.

Vous l'aurez compris, From Darkness, Light est un petit ovni musical inclassable qui sort des sentiers battus. Un récit onirique, aux personnages mystérieux, qui joue avec les lumières, les ombres, l'obscurité, la ville, le ciel, en une sorte de demi-teintes impressionnistes.
Je vous invite à plonger dans l'univers original de Brudini. C'est honnêtement un peu à double tranchant, mais je trouve cela très rafraîchissant à vrai dire. Et puis rien que le titre de l'album est un beau message d'espoir à méditer par les temps qui courent.


Rédigé par Laurent le 14/10/2020
Commentaires
Aucun commentaire