Titres
Formation en 2008
Raphael Gazal [chanteur] depuis 2016, Wofgang Bähr [guitariste], Arne Gröchel [batteur], Frank Wendel [clavier], Peter Damm [bassiste]
“Avez-vous la moindre idée de ce l’on ressent en prenant la vie de quelqu’un ? Je veux dire, prendre réellement sa vie… ?”.
Two Hundred Pages nous plonge dans le journal d’un tueur amnésique qui, au fil des pages noircies du sang de ses victimes, essaye de retrouver son histoire.
Le groupe allemand Crayon Phase que nous découvrons aujourd’hui avec cet album est né en 2008 et livre ici, chez Progressive Promotion Records, son deuxième disque en onze années.
Durant une heure et quart, Two Hundred Pages nous raconte les souvenirs de cet homme, revenant cinq années en arrière (‘Empty Grave’) jusqu'à aujourd’hui (‘201’, la dernière page) en neuf morceaux qui me rappellent beaucoup les albums de IQ. La musique navigue du symphonique au néo-progressif, parfois agressive (le chant dans ‘Two Hundred Pages’), parfois très sombre comme au début de ‘The Music Box’. Hormis le ‘Prologue’ et ‘201’, les titres durent en moyenne neuf minutes avec une pointe au dessus des douze (‘Retrospective’).
L’artwork du livret et du digipack nous plonge dans l’univers d’un tueur, des photographies nocturnes de lieux déserts : parking souterrain, cage d’escalier, rues sombres. Des lieux propices au meurtre.
Affirmer que Two Hundred Pages est un album révolutionnaire serait mentir, les compositions se révèlent relativement classiques et la ressemblance avec la musique de IQ assez prononcée par moment (‘Two Hundred Pages’, ‘Retrospective’). Cependant le mélange symphonique, néo-progressif et même metal lui donne une certaine originalité comme la voix de leur nouveau chanteur brésilien Raphael Gazal.
N’hésitez pas à ouvrir le livret en écoutant l’album, les paroles en anglais sont aisées à comprendre et l’histoire mérite la découverte, contribuant pour une bonne partie au plaisir de Two Hundred Pages. Pour les anglophobes, voici en quelques mot la trame : notre personnage se réveille, comme chaque matin, ayant tout oublié de la veille (‘Two Hundred Pages’), ne possédant comme repère que son journal pour lui rappeler qui il est. Dans les pages, il relit sa vie, le jour où tout bascula (‘Turn Of Fortune’).
Il se transforme en esclave tueur (‘Procession / Empty Grave’), la drogue qui coule dans ses veines le poussant à assassiner puis oublier (‘Paralysed’). Un jour, il se souvient de ce meurtre, il y a un an (‘The Music Box’) et de cette rencontre, avec celle qui depuis longtemps tente de l’aider (‘Retrospective’). Et ce matin (‘Salvation’), sa vie bascule, il se réveille avec ses souvenirs et se venge de ses tortionnaires. Une nouvelle existence s’ouvre soudain à lui (‘201’).
Inévitablement, le récit prend le plus souvent le pas sur la partition, exception faite de l’instrumental ‘Procession’ qui ouvre ‘Empty Grave’. Et de temps en temps, la musique manque de légèreté (‘Turn Of Fortune’) mais ce sont des reproches que je fais également parfois aux albums de IQ, alors ne prenez pas peur. Two Hundred Pages est un concept album copieux, agréable à écouter à condition d’avoir soixante-quinze minutes devant soi.