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Flying Teapot
Gong - Flying Teapot
Titre : Flying Teapot
Groupe : Gong
Sortie : 1973
Label : Virgin Records
Format : CD
Genre : Jazz rock

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Titres

  • Radio Gnome Invisible
  • Flying Teapot
  • The Pot Head Pixies
  • The Octave Doctors And The Crystal Machine
  • Zero The Hero And The Witch’s Spell
  • Witch’s Song/I Am Your Pussy

Formation en 1969



Musiciens :
Daevid Allen – guitare, chant
Francis Bacon – VCS3 synthétiseur, piano, piano électrique, basse
Tim Blake – VCS3 synthétiseur, crystal machine, chant
Steve Hillage – guitares
Rachid Houari – drumbox
Didier Malherbe – saxophones soprano et ténor, flûte
Gilli Smith – orgone box, chant, space whispers
Christian Titsch – guitar slide

Radio Gnome Invisible – audio
Flying Teapot – audio
The Pot Head Pixies – audio
The Octave Doctors and the Crystal Machine – audio
Zero the Hero and the Witch’s Spell – audio
Witch’s Song/I Am Your Pussy – audio


"Gong est mort, vive Gong", proclamait un album live de 1977. Daevid Allen, le fondateur du groupe, nous a quittés – non sans ironie – ce vendredi 13, après avoir décidé de ne plus lutter contre le crabe qui le rongeait… Il est désormais acté qu’il ne verra pas, du moins sur ce plan terrestre, la rencontre de la planète Gong avec la Terre prévue pour 2032. Les coordinations temporelles et spatiales, mais aussi les ratés de ces deux dimensions, sont une spécialité de Daevid Allen. Souvenez-vous : l’Australien est un des fondateurs de Soft Machine et au moment de gagner l’Angleterre avec le groupe, vlan, le voici bloqué en France – ce qui fait un parallèle intéressant avec Demis Roussos, disparu il y a peu, qui avait eu la même mésaventure pour finalement fonder Aphrodite’s Child dans l’Hexagone avec Vangelis et connaître une carrière de crooner à la française par la suite. Sans coup férir, Allen fonde Gong avec son épouse Gilli Smith et attaque les enregistrements dès 1969 avec un premier album folk psychédélique : Magick Brother.

Flying Teapot

La carrière de Gong est longue, discontinue, complexe. Il suffit de suivre la discographie – si l’on prend en compte tous les avatars du groupe – pour s’en rendre compte, mais Allen était au début, a quitté la planète par moments – pour fonder The University of Errors, par exemple –, et puis est revenu. Il a croisé bien des musiciens talentueux, de Didier Malherbe à Steve Hillage, ou de Pierre Moerlen à Allan Holdsworth, et tout récemment, Kavus Torabi (Knifeworld) – de même que Bill Bruford qui y fera un bref passage pour une tournée française à l’automne 1974. Aussi, au moment de choisir un album à chroniquer pour dire combien Gong est un groupe majeur et à quel point Daevid Allen est un personnage truculent mais aussi un homme admirable, la tâche se révèle compliquée. Car Gong a croisé, accompagné et défriché bien des styles et des genres avec des bonheurs plus ou moins égaux, mais toujours avec un talent indéniable, une inventivité et une expressivité avérées. Parmi les albums marqués par la présence de Dingo Virgin (le nom gongien de Allen), et après bien des (ré-)écoutes, mon choix s’est finalement porté sur cet OVNI musical appelé Flying Teapot.
D’abord, parce que Flying Teapot est le premier album de la trilogie centrale Radio Gnome Invisible, qu’en ce sens il met en place les éléments de la fantasmagorie gongienne, et qu’il comporte des titres majeurs qui marquent toujours les concerts du groupe. Ensuite, parce que cet opus est né en même temps qu’un autre album majeur de la musique du XXe siècle. En effet, Flying Teapot, produit par le label BYG Records sous la houlette de Giorgio Gomeslsky (connu pour son travail avec les Yarbirds, Soft Machine, Vangelis, Brian Auger, Aphrodite’s Child et Magma), avec Simon Heyworth et Tom Newman aux manettes, a été enregistré au célèbre Manor Studio, de jour, tandis que la nuit un certain Mike Oldfield y concoctait le cultissime Tubular Bells !
En à peine 38 minutes – la durée classique des 33 tours vinyle de l’époque –, Gong allait placer tous les ingrédients musicaux et symboliques qui allaient lui donner une place à part dans le kaléidoscope issu de la période hippie – cet effort sera poursuivi la même année avec Angel’s Egg (dont on trouvera une version live du titre "I Never Glid Before" à la fin de cette chronique) et dont l’acmé viendra l’année suivante avec l’album parachevant la trilogie, You, plus planant et jazz-rock, dont l’esprit sera repris sur les albums et le travail de Steve Hillage ainsi que pendant la période du Gong de Pierre Moerlen. Mais Gong à l’époque de "Flying Teapot", c’est de prime abord une communauté dont la musique est une des formes d’expression avec la poésie, la peinture et les performances de toutes sortes.

Flying Teapot

"Radio Gnome Invisible" ouvre le bal sur des scansions : "Gnome, Gnome, Radio Gnome, Radio Gnome, Radio Gnome Invisible", et vous emporte dans un espace de théières volantes qui vous poussent à l’interrogation des voix à l’intérieur de votre tête ("Voices in your head / Tell me what they said"). Psychédélique à mort, il introduit un album-concept qui défouraille dans tous les sens : prog, rock psychédélique, canterbury, planant, jazz, folk, etc., mais aussi pataphysique et poésie libertaire sous adjuvants. De ce point de vue, ce premier morceau tangue du côté d’un rock psychédélique patiné de pop.
Et voici qu’arrivent les presque douze minutes de la théière volante, ce fameux "Flying Teapot" qui restera un des piliers de l’œuvre de Gong et de son leader Daevid Allen. Le morceau commence comme une pièce planante, voire bruitiste, avant que la section rythmique ne lance la pulsation et que Daevid ne nous raconte ces histoires de petits hommes verts et de monsieur Pipi ! Derrière, on est en pleine fusion, la basse ronronne fortement et la guitare de Steve Hillage commence à tisser sa toile hallucinogène. L’essentiel du texte de la chanson, et les voix scandent à l’envi : "Give him a bit of your love you get it back later…" La folle musicale gongienne va pouvoir se lancer, avec l’entrée en jeu d’un Didier Malherbe au meilleur de son inspiration. Ses saxophones se croisent en des duels ésotériques, et la batterie stimule tout notre beau monde. Fermez les yeux, vous êtes ailleurs. Il est temps : "Have a cup of tea. " Et les chants répétitifs forment la rythmique tandis que les instrumentistes s’en donnent à cœur joie (Rachid Houari, quell batteur d’exception) ! On rentre littéralement en transe, le piano de Francis Bacon vient mettre le bazar dans toute cette belle cavalcade. Des cris résonnent, on croit en avoir fini, un gong retentit, les percussions scintillent, le thé fait son effet… Petit final impromptu façon musique contemporaine : une autre tasse ?
Non, plutôt un petit joint, c’est le moment des "Pot Head Pixies", ces lutins fumeurs de marijuana venus de la planète de l’amour qui accompagnent nos théières volantes – ce sera d’ailleurs toujours un moment particulièrement prisé sur scène que de voir Allen affublé de son bonnet se dandiner sur la scène… "I am – you are – we are – crazy!" Gilli accompagne Daevid pour ponctuer les "crazy". Petit morceau pop canterbury sur lequel Malherbe tient la barre. Comme il est chanté : "It’s pretty catchy!", mais ça continue de vous emmener, de vous faire décoller tranquillement : bon après-midi.
Et voici d’autres éléments mythiques de Gong : "The Octave Doctors and the Crystal Machine". Bacon et Tim Blake sont à l’honneur dans ce court morceau avec notamment le fameux VCS3, si prisé par les groupes de prog (Pink Floyd, King Crimson ou Yes, entre autres, s’en serviront) ou les musiciens de musique électronique (Klaus Schulze, Brian Eno, Jean-Michel Jarre…) – tout comme le Space Cowboy, Steve Miller, sur Fly Like An Eagle… Tim Blake, notamment, y est un impressionnant dompteur de machines – que l’on entendra ensuite avec Hawkwind, et surtout son fabuleux projet : Crystal Machine.
Cette courte transition nous amène directement à l’autre grande pièce de ce disque : "Zero the Hero and the Witch’s Spell", où l’on trouve notamment les soubresauts de ce que pourra faire un Steve Hillage plus tard. Malherbe démontre ses qualités de flûtiste. La basse de Bacon et les percussions de Houari amènent le saxophone démentiel de Malherbe. Quasi instrumental, ce titre est une pièce majeure de Gong et nombreux seront ceux qui, de manière avouée ou non, y puiseront joie et/ou inspiration. La voix aérienne de Gilli vous emporte – bientôt viendra s’y ajouter chez Gong celle de la compagne de Steve Hillage, Miquette Giraudy. Les trois dernières minutes sont dantesques, Malherbe y excelle aux saxophones. Personne d’autre que Gong ne pourra faire ce que fait ce Gong-là !
Ultime tasse de la théière volante, "Witch’s Song/I Am Your Pussy", nous amène sur des terrains libidineux portés par la voix envoûtante de Gilli : "I am your pussy / you are my tramp…" et encore les saxophones de Malherbe et cette paire rythmique de dingues…
Ce n’est qu’une peu plus tard que Gong exploitera, brièvement, le mélange bigarré de musiques qui inspirent Allen et ses acolytes, notamment sur le sublime You, sur lequel Steve Hillage et Pierre Moerlen apposeront pleinement leur marque dans ce qui restera sans doute la meilleure formation du groupe. Mais ça, c’est une autre histoire qu’il faudra sans doute conter plus tard…
En attendant, je repars me préparer un thé – boisson que je n’arrive décidément à boire qu’en écoutant Gong – en espérant qu’un jour sorte de la théière volante ce Pot Head Pixy éternel qu’est Daevid Allen… en attendant, qui sait, de vivre concrètement la prophétie de l’an 2032 ?

Facebook :https://www.facebook.com/pages/Gong-Band/214206458788242

Site officiel : http://gongband.info/

Vidéo officielle :


Rédigé par Henri le 16/03/2015
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