Titres
Formation en 2006
David Josse [], Chfab [clavier], François Albert [], Frédéric Rannou [batteur]
Le premier album de Lord Sinclair, Des gages et des honneurs, a suscité des débats au sein de la rédaction : prog ? pas prog ? comment parler de l’album d’un de nos chroniqueurs ? Au final, c’est Togo Chubb qui s’y est collé…
Exercice difficile s’il en est que celui de chroniquer l’album du groupe d’un confrère de la rédaction. Doublement quand le chroniqueur attend lui-même de pouvoir enfin sortir un album… Que faut-il faire : être indulgent ? sans concession ? Sûrement un peu des deux au final !
Bon, d’abord, il y a ce premier geste : un chroniqueur de Neoprog sort un album, on l’achète, illico ! Ici, on soutient les groupes et on n’hésite pas à y mettre de notre poche : albums, concerts, merchandising, et j’en passe… L’album arrive vite, on glisse la galette dans le lecteur, et c’est parti !
D’emblée, on constate l’éloignement relatif du prog. On se trouve plutôt dans un rock bon teint qui fleure bon des influences dont certaines sont revendiquées par le groupe : Ange (tendance Quadra et leur album L’archiviste B. je trouve), Noir Désir, mais aussi un peu côté Trust (plutôt que AC/DC à mon avis, mais c’est la même famille)…
Les textes de Chfab sont intéressants, impliqués dans la vie, qu’elle soit quotidienne ou réflexive, et c’est là le point fort de l’album, même si le groupe s’attaque à François Villon en adaptant "La ballade des pendus", ce qui aurait pu être évité : pourquoi reprendre un grand poète quand on a un parolier de qualité, mais d’immenses paroliers se sont pris au même jeu, alors ? Reste la musique, et là, on reste un peu sur sa fin, même si certains morceaux sortent du lot, j’y reviendrai…
Le premier titre, "Au paradis", que vous pourrez écouter via le lien ci-dessous, est assez représentatif de l’album : tempo rock, voix plutôt alternative et parfois à la limite pour nous parler du stress de nos vies quotidiennes. Le texte est bien envoyé, mais derrière, l’architecture du morceau ne suit pas et puis surtout, il y a ce riff instrumental qui reprend une bonne partie d’un passage de "The Fish" de Yes sur l’album Fragile… Pompe, hommage, oubli, ignorance ?
Avec "Nomade et sédentaire", on a le meilleur titre à mon sens de l’album, il est donc très bien placé. Là encore, un texte qui envoie bien sur les différences entre nous autres humains, qu’on soit nomade ou sédentaire. Musicalement, c’est bien construit et le pont instrumental est réussi avec une belle intervention, pas très technique mais bien amenée de David Josse à la guitare. La voix de Chfab ne fait pas dans l’extravagance du premier morceau, elle est bien posée et les chœurs lui donnent un peu plus de volume. Un titre que l’on n’hésitera pas à fredonner.
Et puis vient, particularité de l’album, un premier instrumental (il y en a trois) : "Edgard". Alors là, désolé, ça ne passe pas. Si le clin d’œil à Yes pouvait surprendre sur le premier titre, cette fois-ci, la pompe partielle – car n’est pas Chris Squire qui veut – du riff d’intro de "Does it really happen?" sur Drama ne peut être considérée comme un accident. C’est dommage, car cet instru n’est pas inintéressant, les parties de claviers et de guitares tombent bien, Fred à la batterie fait le job, mais le boulot de François à la basse n’est pas à la hauteur, quand il n’est pas, comme je l’ai remarqué, maladroitement pompé ! Un titre à oublier…
"Après moi" nous ramène aux morceaux chantés, les voix sont doublées et ça colle, guitare et clavier se croisent adroitement, les "moi, moi, moi…" répétitifs donnent un style, c’est lourd à souhait, solo de guitare blues rock sympa, l’accélération en fin de morceau tombe finalement un peu à plat à cause de longueurs et d’une basse décidément pas à sa place… Les interventions de Chfab en solo manquent de précision et de travail de composition.
Avec "Vetheuil", c’est l’histoire d’un manoir (sans doute de la commune du Val d’Oise) qu’on nous conte, mais la construction musicale est bancale (Félicie aussi). Le solo de clavier tombe dans la cale, le chant est plus grave au début (ce qui n’est pas grave), et la section rythmique manque de subtilité. Quelques bonnes interventions de guitare sont néanmoins à noter, tentant de ressusciter un morceau manquant de profondeur d’écriture.
"Conspiration" est le deuxième instrumental. Plus intéressant que le premier, il bénéficie de bons plans de guitare et d’une rythmique qui tient mieux la route. La batterie s’entend mieux et les effets sur la caisse claire sont judicieux. Curieusement, les claviers sont absents…
"Les tyrans" est co-écrit par Chfab et Eric Banse et c’est la seconde bonne surprise de l’album. Le riff est guilleret, l’orgue sonne bien et la rythmique tombe à pic – on aurait même pensé aller vers les ambiances médiévales de Naos. Mais non, certes c’est enlevé – même si sur la fin, la transition est un peu manquée – mais la construction musicale manque encore de subtilités…
Le beau regard d’une femme dont on devine qu’il a pu croiser celui de Chfab est le propos de "Dans les yeux". Belle intro Fender Rhodes/guitare, voix profonde sur le premier couple, belle entrée en matière. Et puis… Et puis, on retombe dans un blues-rock lent qui a ses partisans, mais sur lequel la platitude de la production dessert le morceau… Pourtant, les envolées de guitares sont jouissives, la batterie fait son œuvre, mais basse et claviers sont parfois mal placés… Néanmoins, un titre qui répond bien au style du groupe.
Dernier instrumental avec "Xive", un blues syncopé et chaloupé. Des passages bien rendus – une partie basse-guitare notamment – et des allures presque à la ZZ Top par fulgurances, mais le morceau se finit par un ralentissement, un peu comme si le groupe était à court d’idées pour le terminer, avec des solos de synthétiseur qui sentent le remplissage et qui ne sont pas dans l’ambiance du morceau – à moins que ce ne soit le contraire !
Pour conclure ce premier album, les Lords comme ils aiment à s’appeler, s’attaquent à un monument de la littérature et de la poésie : François Villon et "La ballade des pendus". L’exercice est périlleux car d’autres l’ont tenté, et pas des moindres : Georges Brassens, Félix Leclerc ou Eiffel ; et certains ont même mis en musique ce même poème, notamment Serge Reggiani et Léo Ferré ! C’est vous dire combien la barre a été placée haut. Si le final est une belle réussite, bien amené sur le divin "Que tous nous veuillent absoudre", répété ad nauseam, pour le reste, la composition est trop fortement inspirée du "Have A Cigar" de Pink Floyd pour passer inaperçue. On friserait là encore (oui, c’est la troisième fois) le plagiat, si quelques différences – dues en partie à la technique inférieure de nos Rennais – ne venaient se greffer ici et là. Néanmoins, on ne décolle pas de ce sentiment, et du coup, c’est le texte de Villon qui en pâtit ce qui, vous en conviendrez avec moi, est malencontreux…
Du point de vue d’ensemble, Les Gages et les Honneurs souffre de défauts certains de construction, mais également d’une production faible. Le mixage et le mastering, réalisés respectivement par Gwendal Friction et Frédéric Chaput, donnent l’impression que l’on entend une répétition (sans pains) saisie un peu comme un live pris en direct à la table de mixage. Quelques passages profitent quand même de belles réalisations productives, mais trop peu dans l’ensemble.
Cinq titres se détachent donc à mes oreilles : "Nomade et sédentaire" et "Les tyrans" puis, dans une moindre mesure "Après moi", "Dans les yeux" et l’instrumental "Conspiration". C’est trop peu, mais en même temps c’est déjà pas mal pour un premier album souffrant des lacunes si longuement exposées. Pourtant, dans un genre qui n’a vraiment pas grand-chose à voir avec le progressif – ce qui en soi n’est pas un défaut – le groupe serait bien avisé d’affiner son écriture afin de tirer le meilleur parti de ses qualités : des textes profonds et en français, une voix particulière qui convient bien au style, des guitares percutantes – mais trop bridées – et des claviers décalés – même si parfois ils le sont trop ! Enfin, la question de la production est lancinante pour les groupes n’étant pas dotés d’un budget suffisamment conséquent – ou des bonnes adresses…
Maintenant que j’ai réussi à écrire cette chronique du genre "Je travaille sans filet", je n’ai plus qu’à retourner à la composition des titres de mon album – si j’arrive à le sortir un jour – et attendre que le boomerang me revienne en pleine face. Je l’aurai bien cherché !
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Audio officiel :
Maintenant que j'ai écouté l'album dans son intégralité je confirme mon 1er avis.
Certains morceaux se révèlent même des joyaux pour ma part comme "dans les yeux""nomade et sédentaire" "la ballade des pendus mais là à palme revient à un morceau instrumental"Xive"
Je ne peux donc que recommander cet album qui est beaucoup plus qu'un album de rock!
Le 26/03/2015 par M.Spencer
Belle surprise!
Une musique qui dépote sur des paroles qui décoiffent!
Moi j'adore!!!!
Le 18/02/2015 par M. spencer