Jean-Christophe : Elora existe depuis plus de dix ans, après un premier EP en 2008, l’album Crash sort enfin en 2013, pourquoi a-t-il fallu toutes ces années pour vous faire connaître ?
Lionel : Oui effectivement ça fait 5 années, durant l'année 2008-2009 on a défendu notre EP avec une multitude de live dans des cafés conc, pub ou dans des salles un peu plus conséquentes.
Mi- 2010 après notre date au PROG SUD, notre batteur nous a quitté et nous avons perdu énormément de temps pour en trouver un autre, janvier 2011 julien intègre le groupe , une année entière a réarranger les morceaux et à roder tout ça en live... Et 2012 composition des 3 derniers morceaux et peaufinages des arrangements avant l'entrée en studio ... Mais pas d’inquiétude le prochain album ne mettra pas autant de temps ça c'est certain ;-)
Jean-Christophe : 2013 est une grande année pour Elora, sortie d’un premier album chez Progressive Promotion Records, tournée internationale sur de nombreux festivals, comment cela se gère-t-il au quotidien, cette monté en puissance ? Difficile de concilier travail, famille et carrière artistique ?
Lionel : A vrai dire c'est un gros et long travail de recherche et de com' en amont, le travail indispensable pour donner de la visibilité a un groupe comme nous, encore méconnu ...
Effectivement ce n'est pas évident à concilier, il faut faire pas mal de concession, mais le gain au final est incroyable. On n'oublie très rapidement toutes les galères quant on se retrouve sur ces si beaux festivals face à des spectateurs chaleureux et lors des afters mémorables avec les autres groupes.
Le jeu en vaut la chandelle.
Jean-Christophe : Je vais vous épargner la fastidieuse question, "d’où vient le nom du groupe ?" (je crois savoir que vous l’a posé souvent), les gens n’auront qu’à creuser un peu, mais est-ce toujours ce fil conducteur qui a servi pour Crash ? Et comment est né le groupe, bande de copains, des rencontres fruit du hasard, un casting sévère ?
Lionel : Oui il y a toujours un peu des tranches de vie qui peuvent se rapporter a ELORA mais la tracklist de l'album ne suit pas une chronologie propre comme pouvait le faire notre premier EP.
Le groupe est né le 4/04/2004 (non , c'est pas des conneries, c'est exactement ça ...lol).
Damien , Vince et moi étions dans une autre formation avant ELORA.
A la création du groupe il y avait aussi Mathieu (drum) un de mes voisins de pallier (là c le pur fruit du hasard), Sabine (chant), une connaissance commune et Patrice (clavier) qui avait joué avec Vince une bonne dizaine d'année auparavant... D'autres personnes ont œuvré également pour le groupe lors de ces dix dernières années, seb (drum), anastasia (chant)... Depuis janvier 2011 julien à pris la place à la batterie... et pour finir la petite dernière Elodie au chant...
Jean-Christophe : Comment définiriez vous la musique d’Elora s’il fallait lui mettre des étiquettes ? Progressive, française, mélodique, rock ?
Lionel : C'est une question assez compliqué car tout le monde a sa définition personnelle de ce que peut être tel ou tel style... les gens en règle général nous classe dans un style néo prog ou art rock ...
Mais à vrai dire ça me fait un peu chier que l'on veuille absolument nous mettre dans une case surtout de la part d'un public prog, le prog étant une musique aux styles tellement différents où tout se mêle et se démêle.
Jean-Christophe : Qui dans le groupe fait quoi, composition, paroles, arrangements, promotion ? Comment vous répartissez-vous le travail ?
Lionel : Damien est le seul à écrire les textes, il compose un peu également...
Vince, Patrice Julien et moi, nous nous occupons essentiellement de la composition et des arrangements, pour l'instant la méthodologie a toujours été celle ci, un des gars amène une idée et on greffe chacun notre instrument sur celle ci ...
Pour un gain de temps nous allons surement travailler différemment à l'avenir en bossant à la maison, la technologie actuelle nous permet d’échanger des idées très rapidement sans avoir à attendre d’être réunis dans une même pièce.
Pour la promotion et la com' c'est moi qui m'en charge.
Jean-Christophe : Qu’est-ce qui initie un titre, les textes ou la musique, un peu des deux ?
Lionel : Ça dépend beaucoup du chant... Damien par exemple a besoin vraiment d'avoir la musique ou tout du moins l'ambiance générale qui se dégage...
Donc à 90% c'est la musique avant le texte.
Jean-Christophe : La rencontre avec Oliver Wenzler (label Progressive Promotion Records) semble vous avoir donné des ailes, pourquoi avoir signé avec un label allemand pour votre album ?
Lionel : Oui, nous souhaitions avoir une structure fiable et sérieuse pour notre album, nous avions proposé notre album à un label français assez connu mais ils n'ont pas souhaité travailler avec nous et une semaine avant de faire presser l'album, PPR nous a proposé de signer chez eux .
Le contact avec Oli est de suite bien passé, c'est un gars sérieux qui s'occupe vraiment bien de la promo de ses groupes, alors allemand, croate ou ouzbec qu'importe (rire) ... Le principal c'est que tout le monde travaille en confiance.
La signature sur PPR nous a donné encore un peu plus de visibilité et cette fois ci a l'international .
Jean-Christophe : Que pensez-vous de la place du rock progressif en France ? Pourquoi les titres dépassant les trois minutes et ne sortant pas d’une major n’ont pas le droit de cité sur les radios ?
Lionel : Très vaste sujet qui nécessiterait des heures pour en parler, vous n'avez qu'a voir la tête de quelqu'un à qui vous dites que vous écoutez ou jouez du rock progressif... Ils vous prennent pour une espèce à part, alors que si vous leur faites tout simplement écouter ils apprécieront dans une grande majorité des cas.
Donc il y a bien là une éducation musicale qui se perd (surtout en France) vous n'avez qu'à voir en Allemagne où nul ne se pose la question et où la curiosité est très palpable, on a pu s'en apercevoir lors de notre passage au Das Rind à Russelheim.
Les radios et autres médias ont oublié l'essence même de leur travail "FAIRE DÉCOUVRIR"... sans aucune barrière de genre... et ainsi exposer un peu plus les groupes !
Nous vivons une époque où tout et tellement formaté que dés que vous sortez un tantinet des sentiers battus vous n’êtes plus "bancable"... le business et encore le business...
Jean-Christophe : Cette année vous avez fait beaucoup de scènes, en France, Allemagne, Belgique, Italie. Comment sont perçus les petits marseillais en dehors de l’hexagone, où avez-vous reçu le plus bel accueil ?
Lionel : Je ne pense pas qu'on ait reçu un accueil meilleur ou moins bon sur les dates de cette tournée. Chaque date était une expérience différente qu'on a vécu différemment (il n'y a qu'à voir le line-up) alors que le public a toujours été incroyable. C'est donc assez difficile de les comparer. Par contre nous avons vraiment pu profiter de très bons moments et de très beaux échanges, aussi bien avec les autres groupes qu'avec le public.
Jean-Christophe : Qu’est-ce qui vous pousse à jouer, à traverser l’Europe pour une heure de scène, je sais que ce ne sont pas les filles ni l’argent, alors ?
Lionel : Notre entourage proche ou plus lointain, nous pose souvent cette question, mais je crois que tant que l'on ne vit pas ces expériences de l’intérieur on ne peut pas comprendre... Il y a un grand nombres d’émotions qui se bousculent mais aussi de mésaventures, elles font parties du jeu ,ce sont des moments précieux pour n'importe quel musicien.
Jean-Christophe : Le groupe a connu quelques changements avec le départ d’Anastasia, l’arrivée de Julie puis son départ, où en êtes-vous maintenant, vous cherchez une nouvelle chanteuse ?
Lionel : Elodie nous a dépanné pour la date au prog meeting of 66 et finalement le coté humain et artistique de la demoiselle et tellement bien passé que nous avons décidé de l’intégrer au groupe.
Jean-Christophe : Parlons des influences musicales. De qui vous sentez-vous proche musicalement ? Et où vont les goûts de chacun d’entre-vous ?
Lionel : Nous avons tous des influences très très différentes Damien écoute pas mal de rock, métal, prog actuel, classique mais aussi des musiques électroniques.
Vince est très influencé par le progressif en tout genre.
Patrice, lui préfère la pop et la musique classique.
Lionel est influencé par la pop, le rock alternatif et le néo prog.
Julien, lui c'est plutôt le blues et le rock .
Et pour Élodie nous avons très peu abordé le sujet même si elle écoute (il me semble) pas mal de pop et de rock.
Jean-Christophe : Sur scène, vous n’avez joué pour l’instant que des titres issus de En Rêve et Crash (c’est déjà pas mal), avez-vous déjà quelques nouveaux titres ébauchés ou aboutis que vous pourriez présenter sur scène bientôt ?
Lionel : Nous avons quelques titres qui sont en gestation, mais cette année a été tellement riche entre les festivals et la promo de l'album que nous n'avons pas encore pu nous poser réellement dessus... tout est allé tellement vite !
Mais nous allons nous mettre plus sérieusement au travail dés à présent.
Jean-Christophe : Quels sont vos projets après cet album et ces festivals ? D’autres dates prévues pour 2014 ou avant ? Un prochain EP, voir un album ?
Lionel : Nous ne comptons pas produire un EP, cela n'aurait aucun sens, nous nous devons de composer un autre album rapidement afin de ne pas avoir un écart trop grand comme avec CRASH ...
Pour 2014 le booking est en cours et nous devrions encore pas mal voyager. Nous pouvons déjà annoncer une date incroyable au Mexique. Nous serons a l'affiche du plus gros festival prog de la planète le "BAJA PROG" a Mexicali qui se déroulera les 2,3,4,5 avril 2014.
L'affiche n'est pas complète mais les premières têtes d'affiche sont Fish , Spock Beard ,Saga ,PFM , Haken, Moon Safari... et la liste n'est pas encore complète... c'est pas mal, non ?
C'est vraiment une grosse marche que nous allons franchir et cette date va coïncider jour pour jour avec les 10 ans du groupe, nous aurions pris pour fou celui qui nous aurait dis ça 10 ans avant :-) .
Mais nous allons également fêter ça, chez nous, dans la salle du Jas rod (salle qui accueille chaque année le PROG SUD) avec un live le samedi 19 avril 2014 ou vous pourrez retrouver sur scène les membres actuels mais aussi tout ceux qui on participé à l'aventure... avec surement des vieux titres, inédits pour ceux qui ne nous connaissent qu'au travers de l'EP et de l'album... ELORA OLD RULES ;-)
Jean-Christophe : Enfin, connaissez-vous le marché de Noël de Strasbourg, tout commence fin novembre, c’est plus joli que Belfort et on y mange bien, tentés ?
Lionel : Tu as dis "Noël" et là notre âme d'enfant s'illumine mais tu as aussi dis "on y mange bien" et là c'est Damien qui s'illumine ...(rire)... mais sinon, qui sait... rien n'est impossible finalement, on s'en est bien rendu compte cette année.
Rédigé par Jean-Christophe le 04/11/2013