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Interview de Franck Carducci Chez Paulette le 28/10/2014
Franck Carducci nous a accordé une interview lors de son concert Chez Paulette le 4 octobre dernier, concert organisé par l’association ArpegiA et où il jouait avec United Progressive Fraternity.



Jean-Christophe : Bonjour Franck, tout d’abord je suis très heureux de te rencontrer enfin depuis le temps.

Franck : Ben oui, depuis trois ans que l’on échange sur Facebook c’est vrai. Et depuis le temps que je voulais venir Chez Paulette, c’est pour ça que je me suis fait prendre en photo avec Paulette, je viens de rencontrer une Rock Star ce soir.

Jean-Christophe : Si mes informations sont bonnes, c’est ton dernier concert avec Oddity ?

Franck : Jusqu’à hier ça l’était mais nous avons eu une proposition hier pour un concert le 17 octobre à Paris dans un cabaret près de la Tour Eiffel - Chez Nikita - et c’est là que nous ferons la dernière de Oddity. [NB: une date a Lyon le 24 Octobre a ensuite et ajoutée au programme]

Franck

Jean-Christophe : Qu’est-ce ça fait de laisser derrière toi ce disque avec lequel tu as débuté ?

Franck : Ça fait trois ans que l’on tourne avec dans plein de pays, je sais qu’il y a des chansons que l’on ne rejouera plus souvent, je n’ai pas encore bien réalisé, les titres longs comme Achilles risquent d’être un peu oubliés, mais c’est excitant de monter un nouveau show visuel avec un nouvel album.

Franck

Jean-Christophe : Justement, tu passes à "Torn Apart", il sort à la fin de l’année ?

Franck : Je n’ai pas encore de date précise, ce qu’il y a de sûr c’est que le 9 janvier il y a la release-party à Lyon, mais ça devrait sortir en décembre.

Franck

Jean-Christophe : On peut en savoir un tout petit peu plus sur l’album, concept pas concept ?

Franck : Pas concept mais des thèmes généraux assez sombres, pas du tout comme Oddity où c’était beaucoup de fantaisie, d’histoires basées sur la mythologie. Torn Apart est basé sur des faits réels, des expériences qui me sont arrivées. C’est plus terre à terre, sombre, ça parle de séparation, d’éloignement avec mes enfants qui sont aux Pays-Bas et moi qui vit à Lyon maintenant, des thèmes sur la bipolarité, l’addiction à la drogue, mais il y a des références littéraires mêlées à tout ça, l’histoire d’un poète, Dr Jekill et Mr Hyde. Quand tout va bien dans la vie, ce que l’on écrit est plus léger et quand les choses vont mal, c’est plus sombre, comme Phil Collins qui a la réputation d’avoir écrit ses meilleurs albums dans les périodes sombres de sa vie.

Jean-Christophe : La pochette reflète bien ce changement avec Torn Apart

Franck : Oui tout à fait, d’ailleurs, c’est Olivier, mon claviériste qui l’a réalisée.

Jean-Christophe : La scène est importante pour toi ?

Franck : Toujours, l’album c’est l’excuse pour faire des concerts. Mais comme je suis un artiste indépendant, ce n’est pas facile de trouver des dates, les organisateurs ont souvent peur de ne pas remplir. Ma philosophie c’est que la musique en soi c’est bien, mais il faut plus que de la musique sur scène, sinon autant écouter un CD à la maison. Il faut une expérience visuelle. On a des costumes, le chapeau, les guitaristes qui jouent à deux, des effets visuels, une copine qui vient jouer Alice en tenue sexy, hélas pour toi elle ne sera pas là ce soir (rires). On aime faire la fête et sur scène on fait un peu de comédie, c’est ça aussi le côté rock & roll extravaganza où l’on dépasse les limites, on vient pour s’éclater et mettre un peu le bordel. J’adore des groupes comme Kiss, Alice Cooper, musicalement c’est pas extraordinaire mais visuellement tu vas avoir une expérience incroyable.

Franck

Jean-Christophe : Ce chapeau justement, c’est celui du Chapelier Fou de Lewis Caroll ?

Franck : Exactement, je me suis mis dans la peau du personnage pour la chanson "Alice's Eerie Dream".

Franck

Jean-Christophe : Les maquillages Kiss ou Gabriel ?

Franck : Ben en fait je change à chaque fois alors… c’est ma fameuse Alice qui me maquille ou mon Claviériste, je n’aurai jamais les même maquillages.

Jean-Christophe : Et qu’est-ce qui t’a le plus marqué visuellement sur scène dans ton adolescence?

Franck : Gabriel en fleur. J’ai vu une interview de Gabriel qui parlait des début de Genesis, lorsqu’ils jouaient devant des étudiants qui venaient pour boire principalement, mais quand Peter arrivait sur scène avec sa tête de renard, tout le monde se taisait soudain et regardait le show. Après on parlait plus de la tête de renard que de la musique mais bon. C’est un peu la même chose, même si on est pas Genesis, avec le chapeau, c’est lui la star du concert!

Jean-Christophe : Si on t’offrait la scène de ton choix là aujourd’hui, tu irai où ?

Franck : La scène de mon choix ? Arrrrr…. J’ai droit à combien de réponses (rires) ? Allez le Paradiso à Amsterdam, que j’ai failli faire en 1ere partie de Steve Hackett, ça s’est joué à pas grand chose… Tu sais que c’était une église avant ? J’aurais eu 15 à 20 minutes là bas, ça aurait été fabuleux.

Jean-Christophe : Vous jouez souvent Genesis en live, fan du groupe ?

Franck : Oui "Back in NYC" et souvent on termine par la fin de Supper’s Ready où on présente les musiciens. Fans de Genesis oui et puis c’est grâce à Steve Hackett si Oddity est né, il a dit ce que disait mes amis, ‘tu devrais faire un album’, mais là c’était Steve Hackett qui le disait, du coup...

Jean-Christophe : Musicalement, quelles sont tes inspirations majeures ?

Franck : Alors je dirai Pink Floyd, Supertramp, les Beatles, Genesis bien sûr, Led Zepelin, Kansas et plein d’autres, c’est très années 70’s

Franck

Jean-Christophe : Tu as bien deux vies, la nuit tu es musicien et puis il y a le jour, tu bosses encore chez Oracle ?

Franck : Oui a temps partiel, du coup c’est flexible et pour l’instant il n’y a pas de problème, les concerts ayant souvent lieu en fin de semaine. Si un jour je dois faire une grande tournée internationale, je poserai des congés.

Jean-Christophe : Mais un album, dans ces conditions, ça prend combien de temps ?

Franck : ça prend plein de temps, parce que je ne suis pas dessus à 100%, sur "Torn Apart" il y un morceau que j’ai écrit en 2004-2005 par exemple, pour Oddity j’ai juste écrit "Alice", tous les autres titres, je les avais déjà depuis longtemps, certains depuis l’adolescence. Pour "Torn Apart", c’est différent, après les concerts, arrive la pression du second album, les gens m’attendent au tournant maintenant. Je m’attends fatalement à une comparaison avec le premier album. Steve m’a dit, tu fais un album pour toi, après il y a des gens qui t’aimeront pour ce que tu es, d’autres qui n'aimeront pas mais peu importe, il y aura d’autres albums...

Jean-Christophe : Tu comptes te faire signer sur un label ?

Franck : J’ai essayé Inside Out et Kscope, j’attends des réponses sans trop y croire puisque de toute façon je ne pense pas qu’ils signeront avec quelqu’un de peu connu dans mon genre. Sinon un plus petit label pourquoi pas, mais le boulot qu’ils font, je le fais déjà moi même alors... Un gros label pourrait me placer sur un festival comme Loreley par exemple…

Jean-Christophe : Dans l’album, tu laisses de la place à Mathieu (guitariste) par exemple ?

Franck : Mathieu c’est lui qui fait tous les solos, sauf un fait par Steve Hackett, Christophe il a joué sur deux trois morceaux et un solo sur “Torn Apart” mais en terme de composition, l’album était déjà écrit quand j’étais à Amsterdam. On a pas encore composé en groupe, c’est la prochaine étape.

Jean-Christophe : C’est la même équipe qui te suit depuis le début de la tournée ?

Franck : Non, pendant un an et demi on a tourné avec le groupe qui était basé aux Pays-Bas, quand j’ai déménagé il y a un an, j’ai monté une nouvelle équipe parce que j’étais booké au festival Crescendo, ça été rush mais du coup il y avait un projet concret tout de suite. La nouvelle équipe c’est depuis août 2013 et notre première scène ce fut Crescendo, pas mal comme première !

Franck

Jean-Christophe : Oui clairement. Ce soir belle affiche mais la salle ne sera pas blindée, que se passe-t-il, une maladie propre à la France ? D’après toi qui a vécu aux Pays-Bas ?

Franck : A part en Italie où il y a un gros gros public prog avec PFM (Premiata Forneria Marconi) notamment, l’étiquette prog n'attire pas les jeunes, ça ne veut pas dire qu’ils n’aimeront pas, il ne connaissent pas. Moi j’évite cette étiquette, je préfère "psychedelic rock", je cherche à faire découvrir cette musique à un public plus large. Robert Godfrey, le chanteur de The Enid me l’a dit, pour que cette musique survive, il faut initier les jeunes. Les groupes étiquetés prog se restreignent à un groupe de fans très loyaux mais petit qui ne suffit pas à rendre le truc rentable. Nous, on essaye, comme avec le clip Alice, fun et sexy, de faire venir les gens à nous de cette manière. J’aime être un vulgarisateur du prog parce que les médias français ne font pas vraiment ce travail.

Jean-Christophe : Une fois que l’album sera pressé, la tournée rodée, il y aura quoi après ?

Franck : Après ? (rires) Je ne me projette pas si loin… J’ai commencé toutes mes maquettes l’année dernière, l’enregistrement en janvier février, on est en train de finir le mixage et mastering maintenant, j’ai hâte que cela se termine, je suis épuisé, je suis encore obligé de l’écouter et le réécouter mais je ne le supporte plus (rires). Le jour où il sort je ne l’écoute plus pendant un an. Mais je pense que ce sera un joli album, après ça la tournée avec plein de dates et c’est tout.

Franck

Jean-Christophe : Merci beaucoup Franck !

Franck : Merci et une bise à tous les lecteurs de Neoprog.

Rédigé par Jean-Christophe le 28/10/2014