Henri : Bonjour, et d’abord merci de m’accorder cet entretien pour Neoprog à quelques minutes de monter sur scène ! D’ailleurs, dans quel état d’esprit êtes-vous juste avant le dernier show de votre tournée "Reunion Tour" ?
Clepsydra :
Pietro Duca : Pour ma part, je suis très excité. Ce n’est pas parce que c’est le dernier concert que nous sommes moins motivés. A la limite, on serait même plus motivés !
Andy Thommen : En fait, on a plus peur à la fin, quand on réalise que c’était le dernier. Maintenant, je ne veux pas dire que c’est de la routine, il y a encore l’adrénaline qui nous tient !
Henri : Le reste de la tournée s’est bien passé ?
Clepsydra :
Andy Thommen : Oui, bien sûr, partout où nous avons joué, on a eu des problèmes, cela fait partie du jeu. Enfin, pas des problèmes, mais des anecdotes. Le soir de Loreley, un câble ne fonctionnait pas, etc. Il y a toujours quelque chose, mais ça a vraiment bien marché, nous sommes extrêmement contents. Après douze ans, remonter sur scène comme ça…
Henri : Comment on se sent quand on reprend la route 25 ans après la formation du groupe et 12 ans de break ?
Clepsydra :
Marco Cerulli : On était étonnés, parce que le public n’a pas oublié les mots. Il chante avec nous, il est vraiment très chaleureux, et ça, c’est vraiment incroyable.
Henri : Qu’est-ce qui vous a décidé à reformer le groupe et à partir en tournée ?
Clepsydra :
Philip Hubert : On voulait recommencer à jouer ensemble. Nous sommes de bons copains, on a fait une grande pause, et on voulait recommencer. Et puis Andy a eu la merveilleuse idée de poster une petite info sur Internet, comme quoi on allait rejouer ensemble, et là, on a commencé à recevoir des propositions pour des concerts et des festivals ! Alors, on s’est dit qu’il fallait commencer à préparer et à mettre en place de quoi faire un set de deux heures, et voilà !
Henri : Et comment ça se passe concrètement de tourner à nouveau ensemble, l’organisation, les répétitions, etc. ?
Clepsydra :
Andy Thommen : Avant ça, il a fallu acheter beaucoup de matériel…
Pietro Duca : Oui, c’était beaucoup rouillé (rires) !
Andy Thommen : Bon, du matériel, et puis, on s’est retrouvés, et on avait l’impression que cela faisait un mois qu’on ne s’était pas vus. On a recommencé à faire des conneries ensemble, des conneries musicales même, au début ! C’est effectivement le fait que nous soyons des copains d’école qui a permis de nous retrouver aussi facilement. Bien entendu, il a fallu réapprendre notre musique, en quelque sorte. Ceux qui étaient le moins en forme ont…
Pietro Duca : Transpiré !
Andy Thommen : Oui, transpiré un peu plus au début ! (Rires.) Mais bon, après, ça a été, c’est du travail aussi, et si tu sais travailler…
Henri : Oui, mais entre-temps, la musique a évolué, le matériel n’est plus le même, est-ce que vous pensez que cela a changé des choses pour vous ?
Clepsydra :
Philip Hubert : Je pense que l’on verra ça avec le premier nouveau disque…
Henri : et voilà, il vient de me manger une de mes prochaines questions… (rire collectif.)
Clepsydra :
Philip Hubert : Sur cette tournée, nous nous sommes concentrés à revisiter notre musique, avec de nouveaux instruments… et une nouvelle ambiance aussi entre nous en effet, car après toutes ces années, cela change quand même. Au niveau de notre musique, je pense qu’on verra par la suite ce que ça deviendra. Je n’ose pas faire trop de projets, en fait.
Marco Cerulli : Ce que je vois, c’est que, lorsque nous avons recommencé à essayer la musique, les doigts, les notes, c’était très bien, la mémoire un peu moins. Et on a réalisé que c’était parce qu’on n’avait pas arrêté de jouer. On a joué beaucoup, pas ensemble, mais on a continué à jouer. Alors, on a vu une évolution. Au moins, de mon côté, je suis complètement changé, j’ai évolué dans d’autres directions et maintenant je reviens et je pense que… on sera surpris du résultat. Parce que nous avons déjà essayé de faire quelque chose ensemble, et j’ai vu que, même sans essayer de faire quelque chose de précis, quelque chose arrivait, tout seul ! Et là, on était déjà pas mal étonnés.
Henri : Quand Prog en Beauce vous a invités pour ce festival, qu’est-ce qui vous a décidés à venir ici ?
Clepsydra :
Andy Thommen : On voulait toucher du monde. Nous étions en discussion avec deux organisations en France et j’avoue que je ne connaissais pas Prog en Beauce. Mais nous voulions faire une date en France et nous avions commencé à discuter avec les organisateurs avant la première édition. De mon côté, j’ai commencé à discuter avec Thomas (Konsler, membre du staff), et je voulais que nous ayons dix dates, tout s’est bien articulé, ça a fonctionné et on a décidé de venir ici. Et on voit que l’organisation est exceptionnelle !
Henri : Comment on se sent, d’ailleurs, à quelques minutes de la dernière date de la tournée, en partageant l’affiche avec Gens de la Lune, Lazuli et Sylvan ?
Clepsydra :
Andy Thommen : Nous sommes collègues. On a mangé ensemble, on a discuté. Dans cette ambiance, il n’y a personne qui regarde les autres de haut. C’est une belle affiche. Personnellement, ce qui va peut-être m’aider à passer par-dessus la tristesse du fait que ce soit notre dernier concert, c’est qu’après, il y aura Lazuli, et je suis fan de Lazuli. En fait, dans les festivals, on est toujours proches des autres groupes. A Loreley, on a bu des bières avec Marillion, on a discuté un peu, qui plus qui moins, avec Neal Morse aussi. On est tous dans le même bateau.
Pietro Duca : Même s’il y a de l’eau dans le bateau (rires).
Henri : Vous connaissiez ces groupes avant de venir ?
Clepsydra :
Pietro Duca et Andy Thommen (en chœur) : Lazuli, oui, Gens de la Lune aussi, c’est Sylvan que nous connaissions moins.
Henri : Le coffret 3654 Days, qui comprend les versions remastérisées de vos quatre albums, plus de nombreux bonus, est sorti en début d’année chez Galileo Records en édition limité. Il en reste ?
Clepsydra :
Pietro Duca : Il en reste trois ici. Peut-être une vingtaine encore…
Andy Thommen : En ligne, sur le site de la production en Angleterre. C’est vraiment incroyable, on en a édité mille, et on a aussi les tee-shirts et les albums individuels…
Henri : Je pense que les derniers risquent de partir aujourd’hui…
Clepsydra :
Andy Thommen : Il est bien possible que l’on ne ramène pas de box ce soir !
Henri : Avec votre carrière et un tel coffret, Clesydra est devenu une référence dans le domaine du néoprog en particulier…
Clepsydra :
Pietro Duca : Ah oui ?
Henri : … et ça tombe bien, le webzine pour lequel nous faisons cet entretien s’appelle Neoprog, même si celui-ci n’est pas cloisonné dans ce seul style ! Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce genre dont vous ne connaissiez même pas l’existence à vos débuts ?
Clepsydra :
Andy Thommen : Genre musical… C’est difficile pour nous. On a des références. Oui, Marillion… C’est du néo-progressif, oui, non… On ne s’est jamais orientés selon un type de musique, celui dont on nous a apposé l’étiquette. On fait la musique qu’on aime. Si pour l’auditeur, c’est du néo-progressif, c’est bon. On connaît d’autres groupes dits néo-progressifs, et moi, je me dis : mais c’est complètement différent de ce que nous faisons dans Clepsydra. Et je ne comprends pas quand on nous rapproche de Pallas, Pendragon ou d’autres groupes. C’est complètement différent. J’aime beaucoup ces groupes, mais c’est différent. Mais je me sens plus proche de Marillion que d’autres groupes.
Marco Cerulli : Ce n’est pas la peine de couper de toute façon (rires) !
Henri : Vous en avez parlé un peu tout à l’heure : et maintenant, Clepsydra a des projets pour l’avenir ?
Clepsydra : Pietro Duca : Le projet à court terme, c’est un DVD (le concert au Rosfest) qui va sortir, je pense en début d’année prochaine. Entre-temps, on aimerait commencer à travailler pour le prochain album…
Henri : Eh bien, en attendant, bon concert et bon festival. Merci pour cet entretien, nos lecteurs seront ravis d’avoir des nouvelles de Clepsydra, ce groupe qui nous a tant manqué...
Clepsydra : Merci et bon festival également !
Henri : Les musiciens de Clepsydra sont des gens fabuleusement humains, chaleureux et conviviaux. Ils donneront ce soir-là un concert magique qui augure de suites qui donnent envie de les suivre, encore et toujours…
Merci encore à Bill Bocquet pour l’utilisation d’une de ses photos du concert !
Rédigé par Henri le 22/11/2014