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Interview de Damkat le 19/10/2016
Nous avons eu le plaisir d'échanger avec Damkat (Children In Paradise) au sujet de la sortie de son prochain album Alwan.



Jean-Christophe : Bonjour Kathy, merci d'accorder une interview à Néoprog. Nous te connaissons pour Children In Paradise, un groupe de rock progressif qui a sorti deux albums à ce jour, nous te découvrons en tant qu'artiste solo sous le nom de Dam Kat. Pourquoi ce projet ?

Damkat : Bonjour Jean Christophe. Merci à toi. Oui, je travaille actuellement sur un nouvel album, un album solo qui va s’intituler ALAWN  (cela signifie “Harmonie” en vieux gallois). La sortie est prévue pour le 18 Juin prochain. Un premier single WHO ARE THESE GODS sortira le 27 Octobre prochain. Cela fait plusieurs années que je pense à cet album, c’est une aventure extraordinaire, je vais composer des musiques qui me ressemblent plus. Ce sera plus autobiographique.

Damkat

Jean-Christophe : Quelle sera la grande différence entre Alawn et Morrigan ou Esyllt, car nous allons y retrouver, Gwalchmei, le guitariste de Children in Paradise ?

Damkat : La grande différence est que je vais écrire les textes, composer et arranger seule ce nouvel album. Je serai plus dans l’expérimentation également. C’est un vrai défi personnel. Beaucoup de choix délicats à faire concernant la direction artistique. Cela demande une énergie, une créativité plus intense. Les ambiances seront toujours aussi mélancoliques, parfois fantômatiques, même cauchemardesques car je vais tenter d’apaiser certaines souffrances et de douloureux souvenirs. Ce que je suis en train de vivre avec ALAWN est très fort. L’émotion est là, elle est intense. Les premières maquettes sont
prometteuses.

Oui, Gwalchmei sera présent sur ALAWN car on s’entend tellement bien musicalement. Je suis si heureuse qu’il ait accepté mon invitation. C’était pour moi une évidence, je ne voyais personne d’autre à sa place.

Jean-Christophe : Une nouvelle collaboration avec Daniel Cardoso (claviériste et batteur d'Anathema) ?
Dans quelles circonstances vous êtes-vous rencontrés ?


Damkat : Oui. C’est une vraie chance de travailler avec Daniel Cardoso. C’est un musicien prodige. Il est également arrangeur et producteur. Je l’ai tout simplement contacté un jour pour lui présenter mon projet et il a accepté d’y participer, à ma plus grande surprise. C’est très important pour moi de confier la réalisation de mon album à des musiciens expérimentés. Il va réaliser le mastering, c’est une étape délicate du projet. Son studio se trouve à Lisbonne, au Portugal.

Damkat

Jean-Christophe : Qui jouera encore à tes côtés sur Alawn ?

Damkat : J’inviterai des musiciens que j’apprécie, pour l’instant je suis en phase d’écriture et de maquettage, je pourrai vous en dire plus d’ici quelques mois, tout dépend de l’avancée de l’écriture de l’album de mon côté. Concernant le studio, l’enregistrement se déroulera en Bretagne, avec Florian Weber (Studio W).

Jean-Christophe : Qu'est-ce que t'apporte cette nouvelle aventure ? Plus de liberté, composer seule, écrire dans un autre style ?

Damkat : Cela fait bientôt dix ans qu’avec Gwalchmei nous travaillons exclusivement sur notre projet « Children in Paradise ». Avant de reprendre le travail sur notre troisième album « BOADICEA », j’ai voulu prendre un peu de temps, rien que pour moi pour composer en véritable « autonomie » et me faire plaisir. Beaucoup d’adrénaline à mes journées déjà bien remplies, et de nouvelles sensations que je découvre, c’est très enrichissant. L’album se profile à la fois sombre et lumineux. ALAWN sera avant tout l’allégorie de la lutte, de la vie et de l’harmonie. Toujours sur un fond de rock progressif très atmosphérique, il y aura de nouvelles « réminiscences » comme des rythmes plus downtempo enrichis de samples et d’ambiances très sombres tirant parfois vers le doom métal, des voix gutturales aussi (j’ai beaucoup aimé explorer ces nouvelles voix sur « Who are these Gods »). Le chant guttural n’est pas exclusivement réservé aux chanteurs et chanteuses de Death Metal, et j’ai choisi de l’incorporer dans mon univers prog, c’est venu très naturellement. Il illustrera le côté sombre de l’être humain. Il y aura aussi des ambiances plus  planantes « Pink floydiennes» ou aériennes et cosmiques (à la Dead can Dance). Des plages instrumentales et plus longues vont faire leur apparition, pour illustrer l’errance et le voyage intérieur, et cette quête de paix et d’harmonie.

Damkat

Jean-Christophe : Le premier single 'Who Are These Gods' sortira le 27 octobre. Avec un titre pareil, je ne peux m'empêcher de penser à tous les débats qui secouent la France sur la laïcité, le port du voile, le terrorisme. Est-ce un message que tu veux faire passer dans ce morceau ?

Damkat : Oui. Les attentats m’ont énormément choquée. Depuis l’attentat de Charlie Hebdo et le Bataclan, c’est très difficile, pour moi, de monter sur scène, par exemple, j’y pense tout le temps. Mais c’est à chacun d’entre nous de ne pas céder au climat de peur que veulent nous imposer les terroristes. Depuis très jeune je me pose cette question par rapport aux religions « Qui sont ces dieux ? » L’être humain s’est rendu coupable de tant d’atrocités au nom de tous ces dieux. J’ai voulu poser cette question en musique, avec intelligence de coeur et d’esprit, et la chanson « WHO ARE THESE GODS » est née. Libre à chacun sa foi bien sur. Je fais plus référence à tous ces massacres commis au nom de Dieu depuis des siècles et des siècles. Le seul message dans ce morceau est que quelque soit la motivation de ces terroristes, leur cause est perdue d’avance, ils n’auront jamais ni notre âme ni notre amour, blotti là au fond de nous, c’est notre plus beau trésor, et quoi qu’ils fassent, quelque soit leur folie meurtrière, ils ne l’auront jamais ce trésor. Jamais.

Jean-Christophe : Comment est-ce que tu situes ton projet solo, dans le progressif, le folk ? L'étiquette musique bretonne que l'on vous colle parfois t'agace-t-elle ?

Damkat : Je n’ai jamais œuvré dans le folk, ni dans la musique bretonne à proprement parler. Donc c’est plutôt étonnant, car mes influences sont le rock progressif, la world music, et le métal atmosphérique. Nous habitons en Bretagne. C’est une région qui a une forte « personnalité » et la musique traditionnelle bretonne y est très présente, c’est peut être pour cette raison, pour l’ “origine géographique” de notre groupe peut-être (?). Concernant  mes musiques proprement dites, elles sont très éloignées de la musique trad. Quelqu’un a un jour qualifié  mon univers  de « soft rock progressif » (c’était à l’époque d’Esyllt). Avec ALAWN, le côté soft sera toujours aussi présent, mais des éléments plus expressifs et plus torturés viendront s’y greffer.

Jean-Christophe : Pour lancer ALAWN, tu vas mettre en place un financement participatif comme de nombreux artistes de nos jours. Pour quelles raisons d'après toi, de plus en plus d'artistes choisissent cette option pour mener leur projet jusqu'au bout ? Désintérêt des maisons de disques pour le prog, musique trop confidentielle ?

Damkat : Oui. Exactement. Cela commencera dès que je serai prête, peut-être cet hiver ou alors au printemps. Le financement participatif permet au public de soutenir des artistes dans la réalisation de leur projet. Il suffit au public de réserver son album en ligne, et cela permet au musicien d’assumer seul ce financement. Cela lui évite de passer par une banque tout simplement. Avec la chute des ventes de cds, les maisons de disques signent de moins en moins d’artistes, c’est une réalité. Alors voilà pourquoi les artistes indépendants comme moi font appel au public. On peut néanmoins rester libre et avancer, coute que coute. Cela n’empêche pas d’exister et de travailler sa musique, de produire des disques et d’organiser une tournée.
Il faut un minimum d’argent pour financer la réalisation et la production d’un album dans un studio professionnel. Cela comprend des frais d’enregistrement, la rémunération de l’ingé son et des musiciens, la fabrication des cds, la sacem/sdrm, tout cela représente un budget important. Quant au rock progressif , c’est vrai qu’il reste très peu connu du grand public, à mon grand regret. Certaines maisons de disques continuent de défendre notre famille musicale, surtout à l’étranger. Mais nous sommes des passionnés. C’est important de continuer et de résister, même si c’est un métier difficile.

Damkat

Jean-Christophe : Sinon, par curiosité, quelles sont tes influences musicales majeures et tes sources d'inspiration pour les textes (je crois savoir que histoire de la civilisation celtique te passionne) ?

Damkat : J’ai étudié la musique classique et le piano jusqu’au conservatoire, j’aimais beaucoup étudier la musique symphonique. Ensuite j’ai découvert Dead can Dance et ce fut la merveilleuse découverte de ma vie…c’était dans les années 90, quelque chose de très fort s’est passé en moi, c’était fort, tellement difficile de trouver les mots. Ensuite, j’ai suivi pas mal de groupes de rock & métal , death metal (j’ai commencé avec Iron Maiden, puis Metallica, puis ce fut Led Zep, Deep Purple,  Anathema, The Gathering, Loudblast, Supuration, Death, Bolthrower, et My Dying Bride). En vieillissant, j’écoute de plus en plus de  rock & metal progressif  (Porcupine Tree par exemple, Dream Theater…). La world music, la musique celtique, le rock progressif, le doom métal sont mes influences majeures, j’aime aussi la musique Trip hop (Morcheeba,  Portishead), et d’autres artistes aussi comme Lisa Gerrard, Kate Bush , Loreena Mckennitt. Oui, c’est vrai, je suis passionnée par l’archéologie et l’histoire des peuples celtes. Avec Children In Paradise, les mythes celtiques sont le socle de la plupart de nos musiques, j’adore me plonger et étudier ces anciens mythes. Pour ALAWN, même si mes nouveaux textes seront très autobiographiques, d’autres seront encore inspirés d’anciennes légendes comme par exemple  “La légende de Deirdre des douleurs” - quel personnage fabuleux - ou “Le voyage de Bran”, autre merveilleuse figure, c’est une chanson que j’avais composé à l’époque pour l’album Esyllt, et que j’avais mise de côté. Je vais ré-arranger cette chanson pour l’occasion.

Jean-Christophe : Après la sortie de l'album en juin 2017, prévois-tu une tournée ? Et si oui, seule, avec un autre groupe ?

Damkat : Oui, c’est le but. J’aimerais beaucoup organiser une belle tournée. Gwalchmei me suivra sans doute sur scène. Je vous présenterai tout cela, et en détails, lors du financement participatif.

Jean-Christophe : Merci pour toutes ses réponses Kathy, et au 27 octobre pour la sortie de WHO ARE THESE GODS.

Damkat : Merci à vous, oui, merci pour votre soutien. C’est bien ça, sortie le 27 Octobre de WHO ARE THESE GODS qui sera  téléchargeable sur toutes les plateformes digitales ou sur ma page Bandcamp. A tout bientôt Néoprog.

Rédigé par Jean-Christophe le 19/10/2016