Alexandre : Bonjour, tout d’abord pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Neoprog et nous dire ce que signifie ce mystérieux patronyme que vous avez choisi, Exanimis ?
Examinis : Alexandre Derveux (Guitare/Chant) : Bonjour à tous ! Je suis l'un des deux membres à l'origine du groupe (Le deuxième ayant quitté la formation durant l'enregistrement de l'album en 2019) et je m'occupe de la composition et de l'arrangement des morceaux avec mon compère Julien Prost (Basse) ainsi que de l'écriture des paroles.
Julien Marzano (Guitare) : Salut aux lecteurs de Neoprog et salut à toi ! Merci beaucoup d'avoir pris le temps d'écouter Marionnettiste et merci pour cet interview !
Je m'appelle Julien Marzano, j'ai rejoint Exanimis en Mai 2019, pendant l'enregistrement de Marionnettiste, et je suis à la guitare Lead.
Exanimis vient du latin et signifie littéralement "Sans Vie" ou "inanimé", c'est un terme qui rappelle d'ailleurs le thème de notre premier album Marionnettiste, car de fait une marionnette, lorsqu'elle n'est pas manipulée reste inerte.
Alexandre : Marionnettiste est un album véritablement impressionnant pour une jeune formation comme la vôtre. Il semblerait que vous n’ayez rien laissé au hasard. Le visuel, les photos, le clip de ‘Cogs, Gears & Clockworks’ et bien sûr la musique, tout est professionnel, mature et témoigne d’une longue réflexion en amont. Depuis combien de temps nourrissez-vous ce projet ?
Examinis : Julien : Merci beaucoup, en effet c'est assez osé, peut-être même idiot d'avoir mis autant le paquet pour sortir notre tout premier album avec autant de contenu (près d'une dizaine d'illustrations, des costumes et des masques, un court métrage en guise de clip…) mais on voulait sortir un album avec quelque chose qui ait l'allure d'un projet pro.
Le projet a démarré en 2015 avec Alexandre et le guitariste de la formation originelle qui avait décidé d'écrire des morceaux Death avec des influences sympho. La musique et l'identité visuelle se sont rajoutées au fil des années, nous voulions toujours aller plus loin.
Alexandre : En ce qui concerne le concept développé sur ce premier album, vous avez choisi d’aborder la thématique du cauchemar. Est-ce que tous les morceaux sont reliés entre eux ? Si c’est le cas pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’intrigue et en quoi cela vous tenait-il à cœur de travailler sur ce thème ?
Examinis : Alexandre : Les morceaux ne sont pas réellement reliés entre eux pour former une seule histoire (comme ça serait le cas pour Metropolis pt 2 de Dream Theater) mais suivent plutôt deux fils conducteurs thématiques.
D'un côté, le cauchemar, qui est représenté par le côté “théâtre des horreurs” de notre musique, comme s'il était vécu par l'auditeur au moment de l'écoute de l'album.
Et de l'autre, le contrôle ou l'idée d'être manipulé, qui lui est abordé sous divers aspects via les thématiques et les paroles de chaque morceau.
Alexandre : Notre contexte actuel ressemblant lui aussi à un mauvais rêve, a-t-il eu un impact sur la composition de Marionnettiste ?
Examinis : Julien : Ah oui c'est clair le monde de la culture baigne en plein cauchemar… Mais en ce qui nous concerne, la composition de Marionnettiste date d'avant la pandémie. Pour l'anecdote, l'album est enregistré, mixé et masterisé depuis fin 2019 pour une sortie que l'on imaginait au printemps 2020… Mauvaise pioche… Donc nous avons préféré attendre de voir l'évolution (ou pas…) de la situation.
Finalement nous avons décidé de sortir Marionnettiste même si on ne peut pas encore faire de concert pour le défendre sur scène.
Il fallait qu'on se concentre sur l'avenir d'Exanimis et que l'on commence à écrire la suite de Marionnettiste.
En revanche, la pandémie a eu un impact sur nos choix de communication pour le promouvoir. De fait, nous mettons le paquet sur les réseaux sociaux, le "monde virtuel" en général. Mais nous crevons d'envie de le promouvoir par des vrais lives !!
Alexandre : Exanimis est ‘étiqueté’ comme étant un groupe de death metal orchestral et progressif, vos influences allant de Fleshgod Apocalypse à Dream Theater. Il y a aussi, selon moi, un esprit heavy que l’on retrouve parfois dans certains riffs et solos. En effet, et au risque de vous surprendre, on songe sur certaines accélérations aux travaux les plus sombres du guitariste virtuose Luca Turilli et de Rhapsody. La scène heavy/power symphonique fait-elle partie de vos influences ?
Examinis : Julien : Alors on ne va pas se mentir, on adore Rhapsody (rire). Je pense que contrairement à Rhapsody, quand on écoute Exanimis on ne peut pas se visualiser en train de chevaucher une licorne ou un dragon. Mais il faut bien reconnaître que l'aspect épique, speed et symphonique de Rhapsody nous éclate vraiment et ça doit sans doute ressortir dans nos compos ! Malheureusement on n'aura jamais Christopher Lee pour nous faire la narration…
Au-delà de Rhapsody, je ne pense pas que l'on puisse citer vraiment beaucoup d'autres références de la scène Power Metal. On reste quand même très influencés par le Death Metal et la musique de films après tout.
Alexandre : Les morceaux de Marionnettiste sont souvent longs (jusqu’à 16 minutes pour l’avant dernière piste). Votre album, encore une fois, est très riche, dense et demandera à l’auditeur plusieurs écoutes avant d’être assimilé. Comment faut-il l’aborder ? Dans quel état d’esprit ?
Examinis : Alexandre : Comme vous dites, il faudra plusieurs écoutes avant de profiter de toutes les subtilités. Même si la première fois peut être assez endurante, je pense qu'il y a suffisamment de passages galvanisants pour en profiter sans conditions particulières.
Julien : C'est très intéressant comme question, pour ma part je n'ai pas la réponse claire. Je pense qu'à la première écoute de l'album, il faut se laisser guider sans être trop analytique.
On espère avoir mis des dynamiques différentes suivant les morceaux et de fait, l'état d'esprit pourrait même changer en cours de route. ‘Stampede of the 10 000’ est un vrai défouloir, et ‘Cathedral’ est épique sur la fin. Autant profiter de ces différentes ambiances !
Alexandre : Les orchestrations et les chœurs sont très soignés. Le mixage et la mise en place des arrangements n’a pas dû être une mince affaire. Comment avez-vous procédé pour obtenir un tel résultat ?
Examinis : Alexandre : On a pris du temps... beaucoup trop de temps (rires). Plus sérieusement, ce qui a été le plus simple, c'est d'écrire la partie "Metal".
Après pour les arrangements, au début nous y allions au feeling grâce aux quelques connaissances en arrangements que nous avions et à notre bagage musical (aucun de nous n'ayant fait une vraie formation d'orchestrateur/arrangeur), ainsi que l'aide d'une personne tierce.
Puis cela s'est peaufiné avec le temps, avec souvent un retour vers les premiers morceaux afin de les améliorer. Quant au mixage, Flavien Morel a accompli un super travail et a dû nous détester plus d'une fois... (rires) mais cela en valait vraiment la chandelle !
Alexandre : Exanimis est incontestablement orchestral mais sur certains titres (‘Cogs, Gears & Clockworks’, ‘The slow Flow Of The Spurme On The Shore’, ‘Cathedral’) s’ajoute une dimension plus théâtrale. Cette direction sert-elle uniquement le concept ou fait-elle partie intégrante de votre identité musicale ?
Examinis : Julien : c'est une très bonne observation oui ! Tu viens de citer tout le "second acte" de Marionnettiste qui a une ambiance un peu différente du premier.
La première partie de l'album se veut être plus brutale, plus directe, avec des morceaux aux structures plus conventionnelles.
Les trois morceaux que tu as cités quant à eux ont une dimension plus théâtrale, avec des structures de morceaux beaucoup plus prog (Je vous laisse deviner où peut se trouver le refrain dans Cathedral par exemple). Ce sont vraiment nos influences qui parlent ici.
Et quant à cet aspect théâtral, c'est vraiment un trait propre à notre identité que nous allons développer à l'avenir !
Alexandre : Vous avez intégré quelques narrations ‘originales’ en français, notamment sur l’excellente introduction de ‘Cogs, Gears & Clockworks’. L’univers cinématographique français et d’horreur semble être une source d’inspiration pour vous. Comment vous est venue cette idée ?
Examinis : Alexandre : L'idée n'est pas vraiment nouvelle, et vient très certainement de toutes nos influences prog, le côté cinématique y étant souvent extrêmement poussé et va de pair avec les concept-albums.
Je pense que nous avons voulu instinctivement faire comme nos pères en la matière, on ne s'est même pas posé la question. Mais pour ma part, c'est vrai que le cinéma d'horreur, voir le genre horrifique quel que soit le média, doit également jouer un rôle là-dedans.
Ça doit s'entendre à la première écoute.
Alexandre : Pour finir et en espérant que la situation redevienne normale, quels sont vos projets pour l’avenir ?
Examinis : Julien : Dès que la situation redevient normale, on trouve un batteur et on part sur la route dès que possible ! On est prêts, on est chauds et je pense qu'on a tous hâte de retourner voir des concerts !
Mais pour l'instant, nous nous concentrons sur la sortie de Marionnettiste et sur l'écriture de notre deuxième album.
Rédigé par Alexandre le 26/02/2021