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Live report du 03/04/2015 - ARENA et TNNE Chez Paulette
Le point de vue de Loloprog

19h15, arrivée à Pagney-derrière-Barine. Après un peu plus de deux heures de route depuis Strasbourg, je m’attends à voir, comme lors du dernier concert de Fish (en Novembre 2013), les trottoirs envahis de voitures jusqu’à la sortie du petit village lorrain. Nada. Il semble que ce ne soit pas la foule des grands soirs. J’avoue que je suis un peu surpris. La dernière fois que Arena est passé dans la région, c’était il y a 17 ans au Métro à Nancy. Alors une occasion pareille, ça ne se rate pas. Passons. Les absents, comme nous le verrons plus tard, ont vraiment eu tort. La foule qui attend aux portes de Chez Paulette est assez clairsemée, nous entrons directement dans le pub, ce qui nous permet d’échapper à l’attente sous la pluie. Avec deux écoutes successives lors du trajet, en plus des autres écoutes de la journée, j’ai eu l’occasion de découvrir le nouvel album, The Unquiet Sky, gracieusement prêté par JC. Lui est déjà sur place depuis quelques heures, l’œil du grand reporter progueux shootant les répétitions, les derniers réglages, ainsi que les planches prêtes à accueillir les artistes. L’attente devant les portes de la grande salle est l’occasion de partager avec mon voisin de file, un Vosgien dont j’apprends qu’il se connecte régulièrement sur Neoprog. Il est ravi de faire connaissance avec l’équipe du webzine. Ça y est, nous avons enfin trouvé l’internaute qui se connecte régulièrement sur le site ☺. En tout cas pour nous qui passons pas mal de temps casque sur les oreilles et derrière notre écran d’ordinateur, cela fait toujours plaisir de rencontrer en chair et en os les membres du groupe Facebook. Petite reconnaissance fugace, cela fait toujours du bien, redonne du cœur à l’ouvrage.

TNNE

L’ouverture de la salle se fait enfin, nous attendons encore une petite demi-heure avant l’arrivée sur scène des luxembourgeois de The No Name Experiment (TNNE). Les informations que nous avons de l’organisation donnent environ 200 personnes pour cette belle soirée. J’en profite pour lorgner du côté des goodies de Arena. Entre T-shirts, baguettes, CD et vinyles, un carton complet de CD d’anciens albums à 5 Euros pièce attend le chaland. On m’explique, avec un bel accent cockney à couper au couteau, que ces cartons deviennent vraiment trop encombrants dans un garage, et que ce serait bien que tout parte (!). J’en profite pour enrichir ma CDthèque de The Seventh Degree of Separation (Livret CD+DVD). Après quelques volutes de fumigène, les quatre membres de TNNE arrivent sur scène : Alex au clavier, malheureusement complètement caché d’où je suis par un écran plat posé au dessus de son clavier, Michel, à la guitare électrique, secondé par son iPad, Claude à la basse, Gilles à la batterie, et Patrick à la voix en avant-scène. Pour cette première partie le groupe enchaîne quelques chansons de leur unique album. Avec, entre les titres, un petit clin d’œil et salut de la part du chanteur pour les Luxembourgeois qui ont fait le voyage, ainsi qu’une dédicace à son père. Je dois bien avouer que je ne connaissais pas TNNE avant cette soirée. La découverte sur scène était donc totale. Alors pour être franc cette première partie ne me laissera pas un souvenir impérissable. Le son n’est pas au top, et bien que Patrick se démène au chant, sa voix parait distante et étouffée parmi les instruments. La musique quant à elle ne m’emballe pas vraiment, mais il s’agit d’une découverte. J’en retiens une rythmique à la batterie assez linéaire, ainsi que des séquences de clavier électronique assez denses à la Marillion. Du neoprog un peu trop calme à mon goût. En tout cas un album que Togo Chubb avait chroniqué favorablement dans nos colonnes, et que je devrai écouter encore plusieurs fois avant de me forger un avis définitif.
Le temps que le staff d’Arena prépare la scène, je pars prendre un verre au bar avec JC. C’est alors que nous voyons Lazuli au grand complet, tranquilles, détendus, affables et discutant le sourire aux lèvres avec qui veut bien engager la conversation avec eux. Voilà le genre de petites surprises que réserve de telles soirées. Un petit cadeau, au moment où vous vous y attendez le moins.

ARENA

Rideau blanc en fond de scène où sont projetées des images et vidéos, sans chichis, Arena entre sur scène et commence directement par un titre de leur dernier album. Le son est bien meilleur cette fois. Paul Manzi retient toute mon attention : visage encadré par de longs cheveux bouclés, tee-shirt métal un brin satanique, redingote noire, le monsieur a du look. La chanson finie, Clive prend brièvement la parole pour parler du groupe et de son histoire. Ce qui ne devait être au départ qu’un seul album, dont Clive avait donné accord de collaboration sur une proposition de Mike Pointer, s’est transformé en une collaboration d’une vingtaine d’années, dont la tournée actuelle fête cet anniversaire ainsi qu’un dernier album (très bientôt chroniqué dans nos colonnes). C’est l’occasion pour Clive de prononcer quelques phrases en français, de faire sourire le public, et de se moquer gentiment de Kylan à la basse (“Méfiez-vous, avec sa bonne bouille de gentil garçon il n’a pas l’air si innocent que cela”). John Mitchell, très calme, assez introverti, le regard concentré au dessus du public, ne semble pas être complètement entré dans le concert. A moins que ce soit sa façon d’être. Cela ne l’empêche nullement d’assurer complètement son rôle à la guitare. Les titres vont alors s’enchaîner avec fluidité. Veuillez pardonner votre fidèle serviteur, mais je n’ai pas noté tous les titres joués, ni eu la set-list de la soirée. En tout cas, avec le recul, entre les titres de The Visitor, ceux du dernier album The Unquiet Sky, ceux de Immortal? et The Seventh Degree Of Separation, les choix de titres composent un très bon résumé de ces 20 années de musique. Kylan à la basse, chapeau vissé sur la tête, bouge et balance avec plaisir pendant toute la soirée. Paul, redingote tombée au bout de deux titres, occupe bien la scène, sans gestuelle excessive. Ce qui me frappe, c’est qu’il habite surtout très très bien les titres. Le chant, les intonations de voix, les demi-tons, ainsi que les textes, clairement articulés et ciselés, sont justes et collent à merveille à la musique. Rien à dire. Nous avons droit à un très bon “Moviedrome”, plébiscité généralement par le public européen, et dont Clive explique la complexité à jouer sur scène. Paul s’efface ensuite de la scène le temps d’un duo instrumental Clive/John. La complicité entre les deux est visible. John, yeux fermés et la tête dans les étoiles, a entretemps eu le temps de nous gratifier de quelques solos trippants qui font partir ceux qui le veulent bien dans d’autres contrées, et semble prendre de plus en plus de plaisir : dialogue éléctrique avec son homologue bassiste, sourires entendus avec Clive, intériorité tout en pudeur et retenue. C’est surtout lorsqu’il s’essaye à son tour à la langue de Molière que le public s’esclaffe. Une sombre histoire de “plume posée sur la table de sa tante”, sûrement à l’image de notre équivalent scolaire “my tailor is rich” ou “Brian is in the kitchen”…. Un beau moment d’humour bien british. On sent le géniteur du Lonely Robot un peu plus accessible et touchant. Clive, tel un grand enfant, s’amuse quant à lui à faire tourner régulièrement ses deux claviers montés sur un pied tournant. Je m’imagine sans peine les instruments, tels une fusée, s’envolant dans un déluge de fumée et dans un fracas assourdissant, crevant le toit de Chez Paulette. Mais c’est déjà la fin, les artistes se retirent pour revenir après un premier rappel. Paul a remis sa redingote, a ajouté à sa tenue vestimentaire un chapeau noir et des petites lunettes cerclées pour interpréter “Traveller Beware”, suivi du final “Crying for Help”, repris en coeur par le public au complet après que, gros classique, Paul ait joué avec l’audience en partageant la salle en deux parties, à qui chante le plus fort sur ce titre qui se prête très très bien à la scène. Il doit être près de 23:30, je n’ai pas vu le temps passer. C’est déjà fini. Après quelques dizaines de minutes, les artistes se rendent disponibles dans la salle qui pour une dédicace, qui pour une discussion à bâtons rompus. Je suis encore une fois agréablement surpris. Des artistes sans prétention, simplement disponibles pour leurs fans. Je n’aurais pas cru cela. C’est peut-être cela le cachet “Chez Paulette”. L’intimité, la bonne humeur et la simplicité.

ARENA

Avec ce concert, Arena nous a vraiment gratifiés d’un très très bon moment. Ce n’était pas l’hystérie collective dans la salle, mais l’audience sûrement fidèle, connaisseuse et très mature, a su apprécier à sa juste valeur l’énergie qui anime ce groupe, et dont on espère qu’ils continueront de nous gratifier encore longtemps de leur belle créativité toute britannique. En tout cas s’ils reviennent dans la région pour une nouvelle tournée, même dans 15 ans, je serai au rendez-vous.

Set list (dans le désordre et non exhaustive)
Album The Visitor : Serenity, The Hanging Tree, Breathe
Album The Unquiet Sky : The Demon Strikes, How Did It Come To This, The Unquiet Sky, Traveller Beware.
Album Immortal? : Moviedrome.
Album The seventh Degree Of Separation : The Tinder Box
Album Songs From The Lions Cage : Crying For Help IV

Et le point de vue de Neoprog (pas vraiment différent en fait)

Vendredi soir pluvieux sur la Lorraine et grand soleil dans mon coeur. L’association Arpegia nous conviait Chez Paulette au concert de Arena et TNNE. Chez Paulette est une salle où nous aimons nous rendre malgré la distance, une ambiance familiale, un accueil chaleureux, un bar, une belle acoustique et Paulette, cette chère Paulette qui vient toujours se mêler à la foule pour écouter les groupes. Hier soir, elle était là, s’appuyant sur mon épaule pour écouter les groupes, alors que je me tenais sur les marches pour photographier. C’était le baptême du feu pour mon appareil photo et moi, du coup j’étais un peu stressé, je ne maîtrise pas encore toutes les finesses de la bête. C’était la première fois que je rencontrais les Luxembourgeois de TNNE, pour Arena la cinquième, je crois.

Surprise de taille, les membres de Lazuli étaient dans le public, comme spectateurs cette fois, invités par Arpegia puisqu’ils étaient de passage dans la région. Moi et mon garçon, arrivons juste à la fin du soundcheck d’Arena, nous croisons John Mitchell qui sort de la salle et Paul Manzi en grande discussion. Neoprog est le seul média à couvrir le concert avec un des membres de la webradio Morrow.com. Inévitablement, nous allons causer un peu.

La foule remplit la salle et bien des visages me sont familiers, des prog heads, des amis, des lecteurs de Neoprog, même un des chroniqueurs, bref la petite famille du prog.

TNNE

TNNE arrive sur scène vers 20h30. Ils n’ont qu’un album à nous présenter, The Clock That Went Backwards, sorti en 2014 chez Progressive Promotion Records. Ils vont donc nous le jouer dans son intégralité. L’album ne m’avait que moyennement emballé à l’époque, du neoprog assez classique mais néanmoins bien fichu. Sur scène, ce sera la même chose. Malgré quelques très bons passages plus pêchus, le groupe reste très statique sur scène et peine à enflammer la salle. Pour corser la chose, le soundcheck ayant été faite à l’arrache (deux musiciens arrivant assez tard), le son ne sera pas très bon tout au long du concert. Cela donne quand même un première partie honorable et montre que TNNE est capable de bien jouer l’album en live.

ARENA

Puis arrive Arena. Je vous ai dit que j’aime beaucoup leur dernier CD ? Non ? Ben voilà, c’est dit. Paul Manzi, qui avait écorché mon diapason en 2011, est de retour avec une sacré maîtrise vocale. Sur l’album c’était une belle surprise, sur scène c’est l’extase ! John était un peu grognon, mal aux dents dit-il, mais il diffuse toujours ce son de guitare inimitable qui fait partie intégrante du plaisir avec Arena. Le nouveau bassiste, Kylan, assure en plus d’avoir un vrai look sur scène avec son galurin. Et les deux pépères fondateurs (pardon pour le blasphème), Clive et Mick, blanchissent, s’arrondissent et tiennent la barre de leur projet, qui, souvenez-vous, ne devait accoucher que d’un seul album. Contre vent et marées, Arena, après 20 ans de carrière et huit albums studio, est toujours debout.
Paul va occuper la scène pendant plus de deux heures, faisant le show. Derrière le groupe, un écran passe des images et vidéos au gré des morceaux joués. Clive fait tourner ses claviers, Kylan bouge pas mal, John reste le plus souvent concentré sur ses six cordes et son micro. Le concert était filmé par deux caméras fixes et une mobile devant la scène. Nous devrions, avec un peu de chance, avoir un DVD avec des morceaux venant de Chez Paulette prochainement.
Le groupe va présenter The Unquiet Sky et revisiter des classiques d’Arena avec notamment “Moviedrome” jamais joué en live, épique, des titres de The Visitor et l’inévitable “Crying For Help IV”. Une setlist de rêve et un public au taquet. Le son est trop fort comme souvent Chez Paulette (merci les bouchons), mais le jeu est parfait et aucun souci technique n’est à déplorer, Clive nous parle en français, sympa, John également : “La plume de ma tante est sur la table”, allez comprendre…

De tous les concerts d’Arena auxquels j’ai assisté, deux sont à marquer d’une pierre blanche : celui-ci et la tournée de The Visitor à La Laiterie en 1998. Si vous l’avez vue à l’époque, vous comprendrez alors mon bonheur. Au taquet, concert cinq étoiles !

Merci à Arpegia d’organiser de tels évènements dans notre région, merci à eux de nous inviter. La soirée fut exceptionnelle, mon aîné moi et Lolo, qui va vous en parler lui aussi , nous repartons plein de musique dans la tête, et le vinyle de The Seven Degrees Of Separation dédicacé par John, Paul et Kylan. Collector !

Des vidéos de Gilles avec son aimable autorisation :




Rédigé par : Jean-Christophe