15:00 (=> 16:15). Kaipa Da Kapo.
Kaipa Da Kapo se met en place alors que Piotr Kozierdzki (le batteur de Riverside) commande à manger à la baraque ‘BBQ Pulled Pork’ toute proche. Gédéric et Dominique, de Lazuli, discutent avec le groupe des français. Discussions avec les français à côté de moi sur Kaipa Da Kapo, car nous avons un gros doute. C’est le groupe Kaipa ? Un cover band ? Des vérifications ultérieures m’apprennent que c’est bien le groupe suédois Kaipa qui a maintenant 40 ans d’existence (ndlr: Roine Stolt, avant de former les Flower Kings, a été guitariste pendant la première grande ‘période’ de cette formation). Ce doit être Patrick (il me semble) qui prend la parole pour présenter le groupe. C’est la première fois qu’ils jouent en Europe, ils viennent de jouer au Japon. Patrick demande de bien écouter la langue nordique qui peut sembler bizarre à qui n’est pas habitué, et dit en forme de boutade ‘Don’t applause, listen the language and you’ll applause after that’. De Kaipa, je connais uniquement leur dernier album Sattyg, dont il ne me semble pas qu’ils aient joué un titre. En contrebas un T-shirt ‘World Tour Yes Union 1994’, troué à de nombreux endroits, usé jusqu’à la corde, passe. Sourires. J’imagine la conversation de ce fan avec son éventuelle compagne (au moment de faire une machine à laver).
Elle: ‘Mais c’est pas possible de porter encore ce truc ! C’est un vrai chiffon. Je vais le mettre à la poubelle.’
Lui: ‘Ah non surtout pas, c’est hors de question, c’est une partie de ma vie ! C’est sentimental, c’est ma seconde peau, je ne peux pas m’en séparer !’
Le coup de barre continue, allongé par terre, j’essaie de dormir un peu. Je zappe Kaipa (pardon aux fans), je n’accroche pas de trop à la musique qui est jouée.
Setlist: inconnue.
16:30 (=> 17:45). Steve Rothery Band.
Depuis le temps que cela cherchait, un gros nuage noir se vide au-dessus du site pendant les préparatifs du concert suivant. Assis dans l’amphithéâtre, je déguerpis rapidement et trouve un petit abri juste derrière la régie le temps que le plus gros du grain passe. Poncho intégral (ou parapluie) est à ajouter à la liste des choses à penser pour une éventuelle prochaine édition. Redescendu dans les gradins, la bande à Steve bien en place sur scène, la pluie s’arrête dès les premières notes de ‘Morpheus’. Le soleil réapparait, les dieux de la musique ont entendu l’appel aérien de Steve. Je vois un mini arc en ciel sur la scène avec les belles guitares orange, vert, et blanche de Steve, Dave et Yatim. J’adore ce premier album, ‘The Ghosts of Pripyat’, calme, atmosphérique, planant. Autant dire que ce n’est que du bonheur pour moi d’entendre quatre titres de cet album en live. ‘Morpheus’ est joué en premier, en échauffement musical, ‘Kendris’ suivra. Dave ayant troqué sa guitare pour une autre à deux manches, ce sont ensuite les chants des baleines, des dauphins, le bruit des vagues et le petit air d’accordéon qui annoncent ‘Old Man Of The Sea’. Yatim en profite pour s’amuser pendant ce titre avec Riccardo, aux claviers. C’est le bassiste qui bougera le plus sur la scène, prenant un plaisir évident à jouer sa partition avec ses partenaires. Incroyable comme cette musique peut m’aller droit au cœur. Steve ne bouge pas, son jeu de guitare en impose. Il dit quelques mots pour annoncer le dernier titre (‘Summer’s End’) avant de jouer d’autres ‘vieux trucs’. Le public siffle et applaudit à cette annonce. Bien sûr tout le monde a compris que nous allons entendre des titres de Marillion. Je trippe comme un fou à la fin de ce ‘Summer’s End’.
Steve annonce alors Slainte Mhath, qu’il a joué pour la première fois il y a 28 ans. Martin Jakubski, le chanteur, entre sur scène pour se mettre au micro, un peu en retrait de Steve sur la gauche de la scène. C’est parti pour quelques dizaines de minutes inoubliables pour moi. Frissons, aux anges, je hurle avec tout le monde ‘This is the story so faaaaaar’, ‘Take it away, take it away, take it away !’, bras tendus et index pointés au ciel …. Je suis vraiment étonné par la voix de Martin, que je vois et entends pour la première fois. Elle passe bien sur ces titres de Marillion. ‘Cinderella search’ est enchaîné (‘Back to the circus !’), les émotions sont trop fortes, je ne peux résister aux larmes qui viennent. Je m’assoirai à deux reprises pendant ces titres de Marillion, m’effondrant en pleurs, comme un petit garçon, de bonheur, de nostalgie, de je ne sais quoi en fait. Comme Fish, je retourne en adolescence, mais là c’est totalement différent. Steve a décoché ses flèches en plein coeur. La musique est merveilleuse, le son de Marillion est bien là. ‘Incubus’, ensuite ‘Lavender’, dédicacé à Derek, ‘Heart Of Lothian’ (‘Rain on me !)… je relis mes notes et tout ce que j’ai écrit c’est trois ‘XXL’ écrits en grand. Ah oui j’ai aussi écrit ‘Hallu totale’. Toutes ces minutes magiques je les garde pour moi. Alors voilà le pouvoir de la musique. Elle peut vous emporter au moment où vous vous y attendez le moins, pourquoi, comment, cela restera un mystère complet, mais c’est un des plaisirs vivants de l’existence. Une vie sans musique, c’est …. c’est … fade. Steve revient sur scène pour un rappel, il annonce non sans humour qu’il va jouer du speed metal trash, ce sera ‘Sugar Mice’. Dans ma bulle, je n’ai prêté guère attention aux réactions du public. Tout le monde était debout, à chanter, je crois pouvoir dire que ce concert est un nouveau moment très très fort de ce grand week-end. Monsieur Rothery, merci pour ce beau cadeau.
Les setlist de Fish et de Steve Rothery Band ayant quelques chansons en commun sur un certain album intitulé Misplaced Childhood, la comparaison risque d’être inévitable et va sûrement aller bon train sur le net et les forums spécialisés (si ce n’est déjà fait). Pour moi ce sont deux concerts différents, c’est tout. Celui de Steve m’a rétrospectivement touché beaucoup plus, c’est un fait. En tout cas une chose est sûre : les caractères des deux personnages semblent être assez éloignés. Ce que Fish prend, capte en charisme et en aura, Steve le largue au niveau des émotions, de l’humilité, et, ne connaissant pas l’artiste, mais d’après ce que j’ai cru comprendre et pu voir, aussi en gentillesse.
Setlist :
Morpheus
Kendris
Old Man Of The Sea
Summer's End
Slainte Mhath (Marillion song)
Cinderella Search (Marillion song)
Incubus (Marillion song)
Childhood Medley (Lavender / Bitter Suite (III Blue Angel) / Heart of Lothian) (Marillion song)
Encore:
Sugar Mice
Photos Laurent Regnard et Stéphane Gallay
Rédigé par : Laurent