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Live report du 19/07/2015 - Night of The Prog - jour 3 - partie 3
18:15 (=> 19:40). Pain Of Salvation.

Pendant le changement de plateau j’en profite pour me faire prendre en photo entouré des visages souriants de Gédéric et Dominique, de Lazuli. Je me rends au stand dédicace où Steve signe ses CD en vente, il y a une file d’attente impressionnante de fans. Ne voulant pas rater Pain Of Salvation, je redescends et essaierai de revenir quand Steve aura fini de faire chauffer son feutre. Le concert de Pain Of Salvation est à l’image de celui de Riverside, la musique du groupe étant diffusée sur scène quelques minutes avant que les cinq membres du groupe suédois ne pénètrent sous les feux de la rampe. J’ai découvert Pain Of Salvation il y a quelques années. Le concept de l’album Be et son originalité, avec ses titres en latin, et ses extraits d’authentiques messages téléphoniques laissés sur une ligne imaginaire, directement branchée au ciel, avaient à l’époque éveillé ma curiosité. Depuis j’ai plongé avec délices dans l’univers pas toujours souriant de ce groupe. Quand je lis POS quelque part, je préfère penser à Pain Of Salvation que Plan d’Occupation des Sols.

NOTP 2015 Pain Of Salvation

Look viking du chanteur Daniel, à la silhouette longiligne et aux bras musclés, guitare blanche pour Ragnar dont la forme en flèche me fait penser aux années 80 (l’image de Kiss me revient spontanément, allez savoir…). Les cheveux sont encore à la fête avec ces membres qui, par le nom de leur groupe - la Douleur du Salut - veulent exprimer la dualité de la vie, les deux côtés de la pièce en toutes circonstances. Le premier titre entamé, ce qui ressemble pour le public à une panne totale d’électricité arrive subitement. N’ayant plus de retour, le groupe s’arrête de jouer. Léo joue alors un solo de batterie en acoustique pendant que les techniciens s’affairent et remédient très rapidement à la panne. Daniel demande alors au public s’il veut une autre chanson, ou s’il veut que le groupe recommence ce premier titre dès le début. La réponse bien sûr attendue à la seconde question -un gros ‘Yeah !’- s’élève du public. La glace du groupe nordique, pour autant qu’il en soit besoin, est maintenant rompue avec le public. Daniel dit alors ‘Let’s make it from start. We’re gonna walk extra cool !’. Le groupe s’éclipse en coulisses afin de recommencer son entrée, Ragnar restant sur scène. La raison pour laquelle ce dernier reste planté là reste pour moi un mystère. Le groupe entre pour la seconde fois en scène sur fond de musique. Daniel est drapé d’une toge fait d’un grand plastique transparent, effectue une petite chorégraphie avec des gestes de course au ralenti, et se dévêt de ce costume royal improvisé avec une solennité teintée d’une grande dose d’auto-dérision. Encore un petit incident bien géré et qui nous montre que le groupe a en plus le sens de l’humour. Le titre suivant commencé, je me dis que le look et la présentation du groupe donnent une teinte très hard métal à PoS, les titres les plus ‘progressifs’ des albums écoutés ayant majoritairement accroché mes oreilles. C’est étonnant, la magie de la scène ne prend pas de trop pour moi. Un son trop diffus ? Accueillons ce qui vient.

NOTP 2015 Pain Of Salvation


Daniel parle des chansons du groupe et des sujets abordés, pas forcément optimistes. ‘Just keep clapping, any type of clapping is better than understanding’. Rires. Je me demande si Ragnar est content d’être là, j’ai l’impression qu’il fait la tête. A moins que ce soit sa manière d’être sur scène. Encore une fois j’ai un peu de mal à entrer dans les chansons. Pas assez de relief dans le son ? Dans les voix ? Peut-être. Daniel annonce un nouveau titre, avec le choix de mettre plus de cordes (23 strings) sur leur nouvel album. Ici les guitaristes pourront sûrement éclairer ma lanterne sur le chiffre évoqué. Guitare en main, Daniel se met alors assis sur les marches qui mènent à la fosse et joue le titre suivant. Ragnar le rejoint. S’ensuit un changement de guitare à la volée, le show continue. Daniel, qui, vu sa carrure, fait manifestement de la musculation, se met souvent en mode ‘grand écart’, genoux pliés, bien stabilisé pour jouer. Ses déplacements confirment en tout cas la condition physique et l’athléticité du chanteur à la physionomie longiligne. Je fais en deux minutes l’aller-retour au stand de Steve Rothery. Il n’y a plus de queue, l’artiste est parti depuis un petit moment, le stand commence à remballer les CD et DVD restants. Tant pis, j’ai quand même réussi à me procurer ce ‘The Ghosts Of Pripyat’ que je souhaitais acheter depuis un petit bout de temps. ‘1979’ est un beau moment de calme, je profite des titres suivants, je suis un peu plus dans le concert. Avec ‘Ashes’, je reste bluffé par la capacité de Daniel à monter très haut dans les aigües. C’est déjà la fin. Je suis vraiment heureux d’avoir vu pour la première fois sur scène ce groupe suédois.

NOTP 2015 Pain Of Salvation

La speakeuse, qui intervient sur scène pour présenter Steve Hackett, se fait copieusement siffler et n’arrive pas à se faire entendre. Elle demande au public une chance de pouvoir s’exprimer. Coupure volontaire d’un rappel éventuel de PoS pour respecter scrupuleusement le planning ? Public mécontent des rappels de sécurité ? Je n’ai pas franchement d’explication. Je pencherais plutôt pour la première option.

Setlist
Remedy Lane
Of Two Beginnings
Ending Theme
Fandango
A Trace of Blood
Linoleum
Dryad of the Woods
People Passing By
1979
Rope Ends
Beyond the Pale
Ashes


Steve Hackett. (20:18 => 22:30 ?).

Nous voilà déjà au dernier concert de cette Loreley 2015 avec Steve Hackett et toute sa troupe, pour une dernière interprétation de Genesis Revisited II. Sans aucun doute le point d’orgue de cette NOTP, certains diront. Bon je vous mets au parfum tout de suite, après Camel je sens que je vais me faire de nouveaux amis, car la période Genesis années 70 reste à appréhender pour moi. J’ai en fait beaucoup de mal sur cette période musicale des seventies, que ce soit les Yes, ELP et autres Jethro Tull. Oui c’est une période très importante dans l’histoire du prog, bouillonnante de créativité, je sais. Oui il me manque sûrement un pan de culture musicale que tout bon chroniqueur progueux se doit de connaître. Oui cette décennie nous laisse sûrement un héritage important qui permet de prendre du recul, de citer de belles références et délivrer des analyses musicales pertinentes. Bon j’assume. Entre la découverte d’anciens albums, et de nouveaux, je préfère découvrir les nouveaux. Très probablement une question de génération aussi. La musique pour moi c’est d’abord une question de ressenti. Je laisse aux plus expérimentés que moi les explications savantes.

NOTP 2015 Steve Hackett

De Genesis je connais plus la période années 80/90, considérée comme ‘commerciale’ par les puristes (Abacab / Genesis / The invisible Touch / We Can’t Dance) que les débuts du groupe. La connaissance de l’histoire complète du groupe et le contexte environnant est une tâche que je garde dans un coin de ma mémoire depuis quelque temps. Tout ça pour vous dire (là je pense que vous avez compris) que je suis complètement passé au travers de ce dernier concert. Je ne l’ai sûrement pas apprécié à sa juste valeur, car c’était indubitablement un moment de qualité.
Steve est bien sûr au milieu de la scène, ses musiciens bien distribués autour de lui. Un jeu de batterie rouge pailleté, assez impressionnant, trône en arrière-plan à droite de la scène. Chapeau melon et cravate rouge assortie sont de rigueur pour Gary aux baguettes. Nad, tout en noir et or, yeux fardés, mitaines en dentelle, est au chant, sur la gauche, en retrait. Nick, Converse, chaussettes noires à mi-mollets, kilt écossais, long cheveux blonds, est à la basse (c’est dommage j’aurais bien aimé voir son look tout en couettes). Steve prend la parole et annonce que sa troupe va jouer pour la dernière fois Genesis Revisited II (‘Enjoy!’). Enjoy, enjoy, il en a de belles Steve, j’aimerais bien ‘enjoyer’ moi aussi mais bon … Bien sûr tout le monde est déjà debout depuis longtemps dans l’amphi qui est plein.

NOTP 2015 Steve Hackett

Je découvre les intonations à la Phil Collins de Nad, qui habitera vraiment très bien les personnages joués dans cette comédie musicale. Les titres s’enchaînent, c’est promis un jour je creuserai les ‘Selling England by the pound’ et autres ‘Foxtrot’. Au gré des différents titres, Gary se met au chant, Nick dépose sa guitare double manche pour un Chapman Stick, Rob joue un solo de saxophone alors que le micro récalcitrant se décroche de l’instrument. J’écoute, mais cela me laisse indifférent. Je regarde les personnes autour de moi, toutes ont l’air d’apprécier. Un homme, un peu plus haut à ma gauche, est assis lui aussi. Je me sens un peu moins seul. Alors que Nad évoque un papillon me vient en mémoire la célèbre photo de Peter Gabriel déguisé en fleur. Nad partira en haut, à l’arrière de la scène pour jouer sa mort à la fin du concert, une épée à la main. La troupe revient évidemment après un rappel, le concert finira avec Steve, une guitare acoustique en mains. C’est aussi un triomphe pour Steve, bien sûr grand monsieur qui maitrise son art avec perfection, et utilise aussi une petite poudre blanche pour garder les doigts secs sur les cordes.
Je remonte en haut du site, du côté du groupe français avant la fin du concert, les jeux de lumières et le son sont encore plus impressionnants en surplomb. Je sais que je n’ai pas apprécié ce qui est là aussi un grand moment, ce n’est pas finalement pas si grave que cela. Appréhendant à tort les bouchons du départ, j’attends un peu que la foule se disperse. Petit au revoir aux français que j’ai côtoyés pendant trois jours, et je reprends la voiture vers 00:30. La fête est finie. CD en boucle sur le chemin du retour, les fantômes de Tchernobyl dispersent dans la nuit étoilée leurs notes.

NOTP 2015 Steve Hackett

Setlist :
Dance on a Volcano (Genesis song)
Squonk (Genesis song)
Dancing With the Moonlit Knight (Genesis song)
Fly on a Windshield (Genesis song)
Broadway Melody of 1974 (Genesis song)
The Return of the Giant Hogweed (Genesis song)
The Fountain of Salmacis (Genesis song)
The Musical Box (Genesis song)
I Know What I Like (In Your Wardrobe) (Genesis song)
Firth of Fifth (Genesis song)
Lilywhite Lilith (Genesis song)
The Knife (Genesis song)
Supper's Ready (Genesis song)
Encore:
Watcher of the Skies (Genesis song)
Los Endos (Genesis song)


Ce compte-rendu fleuve est terminé, voici maintenant la petite conclusion.

Je ne regrette pas d’avoir participé à ces trois jours. Il est encore un peu tôt pour dire si j’y retournerai ou pas. La NOTP, c’est LE festival des amoureux de prog, c’est je pense une bonne expérience d’y assister au moins une fois dans sa vie. Mais c’est aussi un marathon assez fatigant. Pour moi l’organisation est bien fichue, il ne faut par contre pas être trop regardant pour les toilettes si vous êtes au ‘camping’. J’ai cru comprendre que pour certains grands festivals rock en France les festivaliers sont dans un grand champ de boue, et chacun se débrouille en ce qui concerne l’hygiène personnelle.
Nous avons eu assez de chance avec le temps cette année, il est évident qu’en cas de pluie pendant trois jours le camping aurait été beaucoup moins fun, sans compter la boue malgré l’herbe présente. L’organisation ayant mis sur son site internet que le gaz est interdit au camping, je ne croyais pas pouvoir utiliser mon camping gaz pour me faire chauffer un peu de nourriture. Cela ne pose pas de problème. Des campeurs viennent même avec le barbecue complet …
Pour les personnes dont le camping est quelque chose de sympa uniquement quand on n’est pas trop soucieux de son confort, je conseillerais de prendre une location à un endroit pas trop éloigné du site. Mais il faut s’y prendre très très tôt, et le budget pour cette option est bien sûr différent. Sinon il y a à manger et à boire (4 € pour toutes les boissons) sur le site. Etant à peu près au même endroit dans les gradins, j’ai vu des personnes faire constamment l’aller-retour aux buvettes (sûrement avec l’aide de la chaleur). Je n’ose imaginer le budget boisson pour ces trois jours, probablement quelques centaines d’euros. A chacun de voir où sont ses priorités. Des toilettes avec lavabos et robinets vous permettent de faire le plein en eau.

La NOTP c’est aussi l’occasion de discuter avec des gens de toutes nationalités qui ont les mêmes centres d’intérêt que vous. Vous pouvez partager, apprendre plein d’informations sur le prog, et pourquoi pas vous faire de nouveaux amis. Les musiciens sont le plus souvent sur le site, sont abordables, vous pouvez discuter, faire des photos avec eux, demander des dédicaces et autographes. Que demander de plus ?

Voilà. J’espère que vous avez pris plaisir à me lire, et que vous en avez retiré quelque chose. J’ai essayé de reproduire le plus fidèlement possible l’ambiance, les concerts, les anecdotes, les contraintes de ce festival. J’aurais bien aimé mettre quelques vidéos pour dynamiser ce compte-rendu, mais le temps me manque. Vous trouverez de toute façon sur le net pléthore de photos et de vidéos de ces trois jours.

Pour ceux qui y étaient, j’espère qu’ils se sont remémorés les bons moments vécus.
Pour ceux qui n’y étaient pas, j’espère que cela leur donnera envie de se déplacer un jour du côté de Sankt Goarshausen et de cette belle vallée du Rhin.
Pour ceux qui planifient d’y aller, j’espère leur avoir donné quelques petits trucs pour une meilleure organisation.
Et pour ceux qui ne veulent pas y aller, tant pis pour eux ;-).

A très bientôt sur neoprog.eu.

Lolo et Lazuli

Photos Laurent Regnard et Stéphane Gallay

Rédigé par : Laurent