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Live report du 16/10/2015 - Release party de The Loomings
The Loomings

Neoprog se déplaçait en force vendredi soir pour le concert de The Loomings. Avouons-le sans honte, le live se déroulait à Strasbourg, autant dire chez nous. Tuyauté par Pierre, le guitariste de Camembert, nous partions à l’aventure, à la rencontre de ce groupe à la frontière de Zappa, Rock In Opposition et free jazz. C’est aussi du prog, mais pas celui que nous couvrons habituellement ici.

The Loomings

Pour présenter leur premier album Everyday Mythology qui sortait le jour même, The Loomings s’offraient le grand auditorium de la Cité de la Musique et de la Danse de Strasbourg, une salle à l’acoustique irréprochable où j’ai écouté quelques récitals de piano mémorables. Un album né avec l’aide de la Haute École de Arts du Rhin (HEAR) qui finance en partie le CD et qui leur ouvrait cette salle du conservatoire pour le concert.

The Loomings

Ils sont six sur scène, de gauche à droite Louis à la basse, Enrico à la batterie, Jacopo au vibraphone et percussions, Maria et Ludmila au chant et Nils aux claviers. La grande salle n’est pas bondée, principalement amis, familles et curieux en fait. Il faut reconnaître que leur univers musical, plus proche de Magma que de Britney ne rameute pas forcément les foules. Leur répertoire est varié et cependant, toujours basé sur le même principe: une section rythmique et des voix principalement féminines proche d’un registre contemporain. Un brin intellectuel donc.
A la batterie et percussions, Jacopo Costa et Enrico Pedicone, qui changent de rôles selon les morceaux, sont excellents. Les deux voix féminines, Ludmila Schwartwalter et Maria Denami, magnifiques. La basse jazzy de louis Haessler, très bien jouée, reste trop ronde à mon goût et contraste avec le reste. Les claviers de Nils Boyny comblent les blancs mais n’occupent qu’une place mineure dans l’ensemble. Je suis moins à l’aise avec le chant de Jacopo qui n’est pas à la hauteur de celui des deux dames, cela s’entend en live, pas sur l’album heureusement.

The Loomings

Jacopo ouvre le concert au vibraphone sur ‘In A Black Key’ et présente leur album. Suit ‘Black (and Green and Red)’ où les deux chanteuses monopolisent toute l’attention. Puis vient ‘The Thing That Change’, un titre centré sur la basse et le vibraphone où Enrico officie maintenant. Après un break, la batterie repend le dessus sur quelques accords de Nils. C’est un morceau totalement décalé qui suit, ‘Sweet Sixteen’, groovy sixties. La pièce sème la confusion, nous n’attendions pas The Loomings dans ce registre, ça ne sera pas la dernière surprise loin de là. Suit un hommage à Led Zep qui se poursuit avec ‘Awkward’, le maladroit, un titre burlesque rythmé par des appeaux. Des claviers free jazz prennent la relève, un des rares passages où Nils est en avant avec la basse wawa de Louis en solo. Ils terminent le concert sur ‘In A Black Key’ et reviennent pour un rappel avec ‘A Waiting Game Of Nonsense’. Le micro de Jacopo se fait la malle en plein chant mais Enrico vient à sa rescousse avant d’aller marteler ses tubular bells. Un texte totalement absurde qui fait sourire.

The Loomings

Laurent est sorti de là interloqué, comme un novice qui vient de se prendre deux heures de Schönberg en pleine face. Pour ma part, ayant survécu à AC/DC, Transatlantic et Philip Glass, je trouve la démarche intéressante et pas mal de titres séduisants. Je repartirai donc CD en poche pour réécouter tout ça calmement et vous livrer une chronique prochainement.

The Loomings


Le petit commentaire de Lolo_prog

Au delà du tryptique rock basse-claviers-batterie, Loomings utilise beaucoup d'autres instruments bienvenus tels que le vibraphone (très présent), la cabasa, le pad électronique, le güiro, ou les cloches tubulaires. Doté de deux belles voix féminines capables de fulgurances hautement contemporaines, Loomings est à la croisée musicale improbable de plusieurs courants musicaux, mélant allègrement improvisation jazzistique bien chaloupée, bruitages électroniques, ascèse tonale contemporaine, rock aux accents barrés, quelquefois foutraques et psychédéliques, le tout arrosé, au travers de quelques titres, d'une bonne d'humour et d'auto-dérision, ce qui traduit déjà une bonne capacité à prendre du recul sur le travail de composition effectué.

Il est clair que la musique distillée par le sextete ne plaira assurément pas à tout le monde, et désorientera plus d'une paire d'oreilles, la mienne en premier. J'en ai fait l'expérience pendant ce concert. C'est une très bonne occasion de sortir de ses ornières musicales pour aller lorgner sur des territoires certes beaucoup moins confortables, mais d'autant plus enrichissants au final.

Rédigé par : Jean-Christophe