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Live report du 18/06/2016 - JPL et Lazuli
Pour la venue de Lazuli Chez Paulette, nouvel événement organisé par Arpégia, Neoprog a une nouvelle fois été invité afin de profiter de la présence des artistes avant le concert. Jean-Christophe étant convalescent, je suis l’heureux élu cette fois-ci, avec en main son appareil photo prêté pour la circonstance, ce qui me change de mon vieux compact.

Arrivé à Pagney-derrière-Barine à 15h30, je suis un peu dans mes petits souliers, c'est la première fois que je rencontre toute l'équipe d'Arpégia au complet et fait office de grand reporter. Quelques têtes connues rencontrées à la NOTP sont aussi déjà là. Badge presse au cou, la scène est déjà prête, et Lazuli est en plein soundcheck. L'appareil n'a pas le temps de chauffer, je me retrouve à shooter dans une salle vide le groupe gardois qui joue au complet deux extraits après avoir testé un par un tous leurs instruments. Pas belle la vie ? Dominique a trop de graves dans les aigués (!), un petit craquement décelé au niveau de la grosse caisse par Vincent est rapidement solutionné, Vincent et Romain s'assurent qu'ils ne se mélangeront pas les crayons - euh les baguettes -, les instruments sont en place, tout est fin prêt pour le concert. Jean-Pierre Louveton et son équipe sont entretemps arrivés. L'artiste est assis à une table sur le côté de la salle, et observe placidement les préparatifs. L'équipe d'Arpégia s'affaire à trouver la meilleure place pour suspendre deux longues banderoles graphiques: la première qui évoque tous les albums de Lazuli, la seconde qui recense tous les artistes ayant collaboré avec Arpégia depuis ces cinq années déjà écoulées. Tout le monde a maintenant un peu de temps libre, j'en profite pour discuter un peu à bâtons rompus avec Dominique, pêle-mêle de gestion logistique et du fourgon vieillissant qu'ils souhaiteraient remplacer, de leur notoriété croissante, de l'affluence des concerts en Europe, de la frilosité des tourneurs en France, des gros festivals français où la prise de risque est minimale dans la programmation.

D'autres discussions avec l’organisation amènent Dominique à parler de leurs galères mécaniques et financières lors de leur tournée en Angleterre, d'un agent de sécurité atteint d'un accès de zèle sur une scène suisse, enfin de tous ces petits détails croustillants qui montrent que la vie de musicien n'est vraiment pas de tout repos. Il est déjà assez tard lorsque l'équipe de JPL effectue à son tour les réglages nécessaires, Dominique en profite pour effectuer un petit test de duo avec le guitariste chanteur, et moi j'en profite encore et toujours pour mitrailler.

Jean Pierre Louveton Arpegia

Le temps que toutes les équipes se restaurent, la salle est provisoirement fermée. Les portes ne s'ouvriront au public que vers 19h30. Bien posté devant, au milieu de la scène, je n'en bougerai pratiquement pas. La salle est malheureusement encore assez clairsemée lorsque JPL et son équipe entrent en scène avec une basse, deux guitares et une batterie. Un peu dommage pour le chanteur de Nemo qui se produit pour la première fois en live sous sa bannière éponyme. Des titres joués je reconnais notamment le punchy 'Lifelines', et 'Saint Pétrole', une belle interrogation à notre dépendance à l'or noir. Occupé à shooter, je ne peux vraiment me concentrer sur la musique (c'est bien connu, nous les hommes on ne sait faire qu'une seule chose à la fois…). Ce fut en tout cas une première partie intimiste, sans chichis ni esbroufe pour un personnage simple et posé que je découvre, et qui multiplie les petites mimiques de visage, en appui aux paroles et aux notes de guitare. La soirée est bien lancée, Dominique fait de plus une apparition pour chanter quelques minutes en duo avec JPL, après que le guitariste ait remercié l'organisation, et très bien préparé le pas de tir de cette soirée, ainsi que la rampe de lancement de la fusée Lazuli.

La salle est finalement très bien remplie lorsque Lazuli entre sur scène. C'est la seconde fois que je vois le groupe en concert, après les avoir vu à la Loreleï l'an dernier. Avec cette-fois une configuration beaucoup plus intimiste. Ce n'est pas la peine de tout détailler, je préfère donner quelques impressions et passages dont je me souviens.

D'abord il y a le regard de Romain qui part se perdre dans les étoiles lorsque ses mains parcourent le clavier. On voit son esprit partir dans d'autres contrées, le sourire aux lèvres, les yeux amoureux de musique qui brillent et pétillent de bonheur. Rien que ça, ça vous donne une première claque. Il y a aussi cette audience silencieuse lorsque Dominique parle. Oh non ce n'est pas un prêche, l'écoute attentive est juste là, présente et palpable. Les mots de Dominique sont tour à tour pesés lorsqu'il parle brièvement de politique pour introduire 'Le Mar du Passé', chaleureux lorsqu'il demande de chauffer la salle dans cet Est toujours plus froid que chez eux, touchants lorsqu'il avoue avoir oublié ce qu'il voulait dire, se cogne avec le micro et évoque Coluche, dévoile la nouvelle paternité de Vincent, ou quand il s'excuse presque de demander au public de voter pour eux aux Progressive Music Awards 2016, en faisant au passage une belle pub pour Bent Knee, présent avec Lazuli dans la liste des nominés. Il y a aussi les mots de Gédéric qui fusent, provoquant l'hilarité générale et la réprobation désabusée de Dominique, entre fou rire et fausse consternation (Dominique: "Nous avons besoin de vous" Gédéric: "Sortez vos chéquiers !") ou par exemple lors de l'introduction à 'Prisonnier d'une cellule mâle' (Dominique: "C'est tous les jours la journée de la femme" Gédéric: "Oui, dans la cuisine !"). Ce même Gédéric qui descend avec sa guitare dans la foule et qui se fend d'un grand "Eh ben maintenant je suis pas dans la m…." au moment où il se demande comment il va remonter sur scène. Il y a aussi les changements d'instruments, Vincent au djembé et Romain à la batterie, Dominique et Romain en duo à la caisse claire, ou bien cette fabuleuse improvisation à la limite du délire, mais tellement jouissive, entre Vincent et Romain seuls sur scène, sans parler des soli de cor et de Léode, des gémissements expérimentaux de la guitare de Gédéric qui frappe ses cordes avec un tournevis ramassé au pied de ses pédales, ou du traditionnel neuf mains au marimba, devenu un classique incontournable.

Lazuli Arpegia

Ce soir-là je prenais des photos, je ne suis donc pas rentré dans la musique autant que je l'aurais fait en tant que spectateur. Une chose est sûre, ce cocktail non calculé de joie du partage, de poésie, d'humour, de complicité, d'amour de la musique, d'authenticité, mais aussi de fragilité teintée de désespoir, en fait indubitablement une soirée réussie, une soirée dont les gardois ont le secret. Cela parait tellement banal d'écrire cela, et pourtant ….

Alors pour couronner le tout, et histoire pour chacun de redescendre tranquillement de son petit nuage et finir la soirée en beauté, Christophe, Patrice et Michel conviaient tout le monde pour un pot autour d'une grande table, devant la scène, à l'occasion des cinq ans d'Arpegia. Le premier concert organisé par l'association était en Mai 2012 Chez Paulette, et c'était... Lazuli.

Alors merci Arpégia pour ce beau moment. Ce petit sésame que j'ai eu autour du cou pendant quelques heures, je vais le garder comme un souvenir précieux. Quand on vous dit qu'il ne fallait pas rater cette soirée… vous avez pourtant été assez prévenu(e)s.

Setlist:

Lazuli Arpegia

Rédigé par : Laurent