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Live report du 14/02/2017 - Devin Townsend au Z7
Retourner au Z7 et puis mourir. Même si Laurent s'énerve rapidement dès qu’il franchit la frontière de la confédération helvète, pour ma part, c’est avec grand bonheur que je me rends à chaque fois dans le beau pays de Heidi. Il faut dire que la salle du Z7 à Pratteln est assurément une des plus belles de la région avec une grande capacité, une large scène, un lave-linge sèche-linge et une programmation exceptionnelle.

Mercredi soir, peu après 17h, nous prenions la route à destination de la Suisse, pour aller écouter au Z7, Leprous, Between The Buried And Me et Devin Townsend, une belle affiche vous en conviendrez. Avec Transcendence dans l’habitacle, les kilomètres d’asphalte germanique sont avalés en un rien de temps et nous arrivons bien vite à Pratteln pour découvrir que le Z7 a encore changé de parking. Depuis que je connais cette salle, ce doit être la quatrième configuration que je teste, celle-ci est assurément la pire, car le nouveau stationnement se situe à plus de 500 mètres de la salle, avec deux ronds-points à traverser et une obole de 5 francs suisses à s'acquitter. Quand vous transportez 7 kilos de matériel sur le dos, qu’il fait 3°C dehors et que vous n’avez pas pris de manteau pour ne pas être trop encombré pendant le concert, ça énerve. Laurent râle contre les suisses et cette fois je suis d’accord.

Après les formalités d’usage, le pass photo récupéré, la fouille au corps effectuée et le déballage du contenu de sac à l’entrée, nous pouvons pénétrer dans le saint des saints. Pendant ma longue absence, la salle n’a pas changé. Deux bars sur les côtés, le stand de merch au fond, deux murs d’enceintes, l’énorme console au centre du hangar et la foule qui arrive tout doucement. Je suis en terrain connu, par contre c’est mon premier pass photo pour cette salle, je vais aux infos pour connaître les usages suisses. Je dois abandonner Laurent au milieu de la foule compacte pour me rapprocher de la fosse et me préparer, on se retrouvera à la fin du concert, impossible de le rejoindre au milieu d’un public très nombreux.

Leprous

A la base, nous étions venus pour Devin Townsend, car Between The Buried And Me, bof, et Leprous, mes deux précédentes expériences live n’avaient guère été concluantes. J’avais même écrit que je n’étais pas certain qu’il y aurait une troisième fois. Mais seuls les imbéciles ne changent pas d’avis n’est-ce pas ? Leprous arrive sur scène vers 19h30 et se lance dans un petit set de 45 minutes. Surprise, Einar est en voix et la balance bien équilibrée. Ce qui arrive à mes oreilles est un métal prog qui reflète assez bien les enregistrements studio.

Leprous

Sur la scène, les musiciens bougent pas mal, et nous sommes loin de leurs précédentes performances à la Laiterie et à Substage où les seuls éléments dynamiques du concert étaient les écrans LCD en fond de scène. Ils jouent avec brio une courte set list mélangeant plusieurs de leurs albums et pour une première partie de soirée, je dois avouer que nous sommes gâtés. Donc mea culpa, Leprous en live, cela peut aussi être très bien des fois.

Between The Buried And Me

Les américains de Between The Buried And Me arrivent sur scène juste après. Je ne connais que très peu leur musique et je n’accroche pas vraiment à leur style. C’est donc de manière détachée que j’assiste à leur performance, plus concentré sur l’objectif que sur la musique.

Between The Buried And Me

Sur scène, il ne se passe pas grand chose. A part Paul Waggoner à la guitare avec sa crinière et Tommy qui s’agite un peu, la grande scène du Z7 semble bien vide. Leur métal prog semble suivre un schéma immuable: un départ mélodique qui finit en dérapage métal incontrôlé. Bref je n’ai pas aimé, ça arrive.

Les photos de Between The Buried And Me

Devin Townsend Project

Il faudra attendre 21h30 pour que Devin Townsend monte sur scène. Une pause salutaire pour réhydrater l’organisme et se préparer à entrer dans la fosse aux lions, car pour la diva les photographes se bousculent cette fois. Devin, je l’avais vu en 2012 à Strasbourg pour sa tournée Epicloud. Un vrai choc même si je ne suis pas toujours fan de ses productions studio comme . Laurent, lui, est tombé en pâmoison avec Transcendence, comme moi du reste, mais il n’a jamais vu le bonhomme en live et prie pour que son album fétiche occupe une grande partie du concert. Il va découvrir que même Z² peut devenir un sacré album quand il est joué en concert. Car Devin Townsend c’est une bête de scène, un chanteur charismatique et schizophrène qui joue de violence et séduction auprès de son public.

Devin Townsend Project

Il est accompagné, depuis quelques années, d’une équipe de musicos qui déchire, et sur scène c’est tout simplement énormissime. Gros son, basses qui vous secouent les tripes sans vous assourdir, le Z7 résonne du métal progressif emphatique du grand Voldemort. Il s’adresse régulièrement au public, l'interpelle, joue avec, drague les photographes, chante comme un dieu, ne transpire pas du tout, est-il humain ? Lolo aurait du être déçu, car seuls trois titres de Transcendence sont joués ce soir là. Déçu ? Lolo est tout simplement subjugué, et ça se comprend. Voir Devin et puis mourir (je n’ai pas écrit un truc débile comme ça au début ? Ca sent le sapin notre histoire).

Pour une reprise de concerts, cette première fut une belle claque avec Leprous qui contredit mes pronostics et Devin qui confirme ce que je savais déjà, un monstre en live. Le retour est plus laborieux que l’aller avec un contrôle à la frontière franco-suisse. Je retrouve mon Laurent qui râle contre les suisses une fois encore: sont riches, sont chiants leurs douaniers (je ne lui donnerai pas tort sur ce sujet), en plus ils ne savent fabriquer que des montres et du chocolat (là il exagère un peu).

Commentaires de Loloprog

Une belle prestation de Leprous, avec une voix qui me réconcilie aussi avec la dernière apparition du groupe en live (c'était à Strasbourg, à La laiterie en avril dernier).
Un Between the Buried and Me dont la découverte de leur musique m'a complètement laissé de marbre.
Un Devin Townsend impressionnant, hypnotique, avec une troupe professionnelle jusqu'au bout des ongles délivrant une musique léchée, sans faute, dont les notes métalliques sont décochées toujours au bon moment, et qui ne peuvent que faire mouche pour aller se planter directement dans la poitrine de l'auditeur. Jouant constamment avec les codes et une provoc assumée, entre mimiques de vierge effarouchée, gestes érotiques et moquerie du "beau monde coincé", le canadien navigue allègrement entre ange et démon sans aucun ambage. Aux larges sourires solaires au public qu'il ne manque pas d'interpeller individuellement, et à une volonté manifeste de communion avec l'audience, alternent visage fermé et agressif d'où sourd une certaine violence, ainsi que vocabulaire volontairement provocateur assemblant allègrement 'big cock', 'granny nibbles' et 'holy piece of fucking shit' dans une même longue phrase assénée frénétiquement.
Devin Townsend, c'est une voix hallucinante capable de passer d'un écho de caverne aux tonalités de castra. C'est une guitare allumée qui semble toute petite lorsqu'elle est prise en tenaille par des paluches immenses, dont une est capable à elle seule de couvrir la moitié du manche. C'est une préparation physique irréprochable, un metal-terminator qui a enlevé le mot sueur de son vocabulaire malgré une performance live énergique.
Pour résumer, Devin Townsend, c'est un artiste à voir sur les planches. Un électron libre qui ne peut assurément laisser personne indifférent quel que soit le degré d'appréciation de sa musique.

NB: petit coup de gueule en passant pour le parking payant, et bien sûr à la parité Euro-Franc Suisse que nos amis helvètes ne manquent pas d'appliquer invariablement à leur avantage (un grand classique).

Rédigé par : Jean-Christophe