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Live report du 21/02/2017 - Esben and the Witch à La Laiterie
Esben & The Witch à La Laiterie le 16 février.

Nous avions reçu le dernier Esben & The Witch, Older Terrors, en novembre dernier, une période habituellement très chargée en promotions de tout poil. Malgré l’évident charme de ce rock atmosphérique, nous n’avions pas pu en parler à l’époque, faute de temps. Alors, pour me faire pardonner, je suis allé les écouter jeudi soir à La Laiterie à Strasbourg.

En arrivant, j’échange quelques mots avec Thomas, le guitariste d’Esben & the Witch, au sujet des photos, “juste pendant les deux premiers titres” me demande-t-il “et pas trop près de la scène”, ça ne devrait pas être un problème, nous sommes au Club, la salle est petite et les deux morceaux me feront plus de vingt minutes de photos.

Human Song

La première partie était assurée par un trio strasbourgeois, Human Song, un bassiste, un batteur (bientôt deux) et une chanteuse pianiste. Point de guitare et une musique annoncée comme pop alternative. Une fois encore, malgré leur proximité géographique, je me retrouvais devant un groupe dont je n’avais jamais entendu parler. A quoi sert donc de tenir un webzine musical lorsque l’on ignore ce qui se passe à sa porte ? Après avoir partagé nos impressions sur les sondes urinaires avec mon ami Seb devant une bière (calcul rénal pour lui, fracture du rein pour moi), le trio se met en place sur la scène du Club. Un clavier à droite,  un micro vintage au centre, une basse à gauche et une batterie au fond, près du radiateur. La musique de Human Song est dominée par la très belle voix de Jane, accompagnée de temps en temps au piano et par une rythmique soutenue. L’absence de guitare déroute les premières secondes mais très vite je me fais happer par une voix et une beauté ensorcelante. Leur univers musical n’est pas si loin du progressif et la mise en avant de la rythmique est intéressante. En studio des éléments électro viennent enrichir leurs compositions, mais en live on retrouve une musique nettement plus dépouillée qui fait la part belle au chant. Le set reste relativement planant avec quelques accélérations bien senties surtout lors de l’avant dernier titre assez différent des ceux qu’ils nous avaient joué jusqu’à présent. Il y a un peu de Kate Bush ou de Bjork dans la voix de Jane, et si je devais pinailler leur musique serait encore plus intéressante avec une batterie plus travaillée. L’arrivée d’un second batteur pourrait apporter ce petit plus à leur musique. Quoiqu’il en soit Human Song  nous offre une belle première partie de soirée.

Esben and the Witch

Esben & The Witch arrive très vite ensuite. Un nouveau trio avec Daniel, Thomas et Rachel. Il s’agit du second concert de leur longue tournée qui débutait à Zurich la veille et qui s’achèvera le 24 avril à Copenhague. Nous profitons d’une des deux seules dates françaises. Rachel chante et joue de la basse, un verre de vin rouge posé non loin du micro, une voix à l’opposé de celle de Jane, lancinante et plaintive sur une musique post rock gothique qui s’étire à l’infini. Des titres de plus de dix minutes où la batterie lance des accélérations tribales hypnotiques. En studio, sur Older Terrors, on craindrait un peu pour la fragilité des cordes vocales de Rachel, et en live on s'aperçoit qu’il n’en est rien. Elle chante comme en studio, du premier au dernier morceau sans faillir. Rachel parlera peu, juste quelques mots sur la fin pour présenter une chanson. Leur musique ne se prète pas vraiment aux débordements de liesse, aux cris de foule et claquements de mains. Le public écoute plus qu’il ne gesticule, appréciant religieusement la performance de 90 minutes. Seb est subjugué, il ne connaissait que par ouï-dire. Moi-même qui ne connaît que leur dernier album, je suis sous le charme, relâchant un peu trop mon attention de l’objectif pour goûter la musique. Daniel est un fantastique batteur, fabuleusement régulier qui place des accélérations dans les titres, relançant la dynamique pour cinq nouvelles minutes de musique. Thomas joue de sa guitare avec une grande subtilité, créant des sons et des atmosphères insoupçonnées sans voler la vedette aux deux autres.

Dans la salle, je retrouve mon vendeur de came préféré, le barbu de L’occase de l’Oncle Tom, un fan de la première heure d’Esben & the Witch qui ira discuter à la fin du concert avec Human Song. Je discute également un peu avec le second batteur du groupe strasbourgeois qui filmait leur performance, et qui m’annonce qu’ils travaillent sur un nouvel album que l’on devrait écouter prochainement en vinyle et en téléchargement. Il joue également dans un groupe de stoner local dont j’avoue avoir oublié le nom.

Esben and the Witch

Une soirée de concert en dehors de ma zone de confort musicale, deux belles découvertes qu’il va falloir approfondir en commençant par chroniquer Older Terrors. Je repars avec deux vinyles, Old Terrors justement, et l’EP de Human Song, une manière de prolonger agréablement cette délicieuse soirée.

Rédigé par : Jean-Christophe