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Live report du 06/03/2018 - Blind Ego Chez Paulette
De lourds flocons tombaient en plaine d’Alsace quand je pris le chemin de Pagney-derrière-Barine pour aller écouter le groupe de Kalle Wallner. Sur la route, au milieu de la neige et de la pluie, j’écoutais, sur France Musique, une fabuleuse pièce de John Coltrane pour piano, batterie, trompette et contrebasse au rythme des balais d'essuie-glace.

ArpegiA n’avait pas menti, le temps, contre toute attente, était plus clément en Lorraine qu’en Alsace. Arrivé devant le pub, plus de pluie ni de neige, mais peu de monde. Juste une poignée d’habitués des concerts d’ArpegiA. Il faut reconnaître que les vacances de février battaient leur plein, que la météo n’était pas à fête et que Blind Ego peine à trouver grâce aux oreilles des progueux français, un groupe qui hésite entre rock, metal et progressif.

Une centaine de personne répondront présentes à l’appel, pas assez pour que l’association rentre dans ses frais, suffisamment toutefois pour que l’atmosphère rock soit au rendez-vous. De nombreux amis étaient là, des retrouvailles toujours émouvantes, la garde rapprochée de ces soirées arpégiennes. Qu’il neige, qu’il vente, ils répondent présents même s’ils ne connaissent pas le groupe à l’affiche. Merci à eux.

Foggy Stuff

Les belges de Foggy Stuff, invités par l’association, assuraient la première partie. Un groupe recomposé dont seul un membre fondateur, le chanteur, Thierry Dubois, reste aujourd’hui. Une formation de rock progressif, peu connue (je la découvrais pour ma part), qui sortira prochainement son premier album. Rien de bien révolutionnaire, une musique nettement plus orientée​ guitare que claviers, avec un chant puissant et bien en place en live, une batterie ne se satisfaisant pas de figuration, et quelques beaux passages de guitares. Mais sur scène, il ne se passe rien, des musiciens statiques, trop concentrés sur leurs instruments pour jouer avec le public, tout l’opposé de ce qui va suivre ensuite.

S’il est difficile de ranger Blind Ego dans une case, sur scène les cinq compères mettent le feu à la salle, comme semblait l’indiquer Liquid Live. Leur dernier album studio m’avait laissé de marbre, sans doute trop rock pour moi à sa sortie, mais le live lui m’avait enthousiasmé, me faisant revenir à Liquid ensuite. Les écouter en concert devenait impératif. Par chance, la seule date française passait Chez Paulette, grâce au travail de l’association ArpergiA.

Blind Ego

Blind Ego en live ce sont Sebastian Harnack, Scott Balacan, Julian Kellner, Michael Christoph, Kalle Wallner et Yogi Lang à la technique, un super groupe quand on y réfléchit bien. Kalle à gauche, tout près de moi, Sebastian à droite, Julian et Michael plus au centre, le groupe démarre par un instrumental de haut vol en guise d’apéritif avant que Scott ne rejoigne le micro pour le second titre.

Si Blind Ego est le groupe de Kalle, ce sont Scott et Sebastian qui font le spectacle. Comme à son habitude, le guitariste de RPWL reste sobre, presque effacé, sauf quand il s’agit de nous éblouir avec son jeu de guitare. Scott, lui, est partout ; il bouge, il parle, il taquine et chante. S’il ne prêtait pas sa voix sur l’album studio - les chanteur de Liquid étaient Arno Menses, Erik EZ Blomkvist, Aaron Brooks - , il est celle que je préfère ainsi le personnage, qui joue un peu à la Phil Collins avec le public. J’aime bien.

Le set est carré, très professionnel, germanique diraient certains, doublé d’un son aux petits oignons, mais affreusement court. J’aurai l’occasion, pour faire des photographies, de traîner du côté de la technique, là où Yogi est assis sur une chaise, une tablette entre les mains, réglant le son avec finesse. Un lieu magique, où il est possible d’enlever ses bouchons et d’apprécier toutes les subtilités du jeu des musiciens et la voix de Scott. Bravo monsieur Lang, c’était du travail d’orfèvre, un son que l’on avait plus entendu Chez Paulette depuis de le passage de Ray Wilson.

La set list reprenait pour une grande part Liquid avec quelques titres plus anciens, à l’image de leur live, mais cette fois, en chair et en os, donc infiniment mieux.

Blind Ego

J’ai dit trop court, car lorsque le dernier accord de guitare a sonné, je n’en ai pas cru mes oreilles, déjà fini ? Il était en réalité 23h30, la soirée avait débuté trois heures plus tôt. Le concert n’était pas trop court, il était juste tellement bien que l’on aurait signé pour une bonne heure supplémentaire.

C’était l’heure des au revoir, de reprendre la route en sens inverse, pour changer, dans le brouillard qui ne m’abondonnerait qu’une fois au lit, après cent-trente minutes de symphonies, toujours calé sur la fréquence de France Musique. Il est deux heures du matin, j’ai la tête qui résonne encore des guitares de Kalle et de la voix de Scott. Ce fut un magnifique concert, encore une fois merci à ArpegiA de nous proposer de si bons lives.

Rédigé par : Jean-Christophe