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Live report du 04/04/2018 - Persefone à Substage
L’histoire de Persefone à Substage commença comme une commande. Celle d’un promoteur voulant donner un coup de projecteur sur une tournée et trois groupes.

Pour être tout à fait honnête avec vous, si je connaissais les andorrans de nom, je n’avais, jusqu’à il y a peu, guère creusé leur discographie. Je les avais loupé au Z7 en 2017, lors de la première tournée promotionnelle de leur album Aathma et je ne m’étais plus penché sur leur musique depuis. Ne voulant pas manquer le coche une nouvelle fois, je m’attelais à l’exploration de leur dernier album, découvrant au passage nombre de chroniques élogieuses, et à juste titre, car Aathma est une bombe. L’envie de les voir en live grimpa d’un cran et je me décidais à traverser le Rhin pour les rencontrer.

Rendez-vous était pris à 17h30 pour une interview que vous pourrez prochainement lire dans nos colonnes. Trente minutes fabuleuses passées avec Carlos, Miguel et Sergi qu’il va nous falloir retranscrire rapidement.

A 19h30, nous étions à nouveau dans la salle de Substage après une promenade dans Karlsruhe. Pour la première fois de ma vie de photographe de concert, à l’entrée, le gorille me dit, “Trois chansons avec le flash et puis plus de flash ensuite”. Flash, quel flash ? Je n’ai pas de flash, j’aime les musiciens moi.

Après une sympathique discussion avec le responsable marseillais du stand de merchandising - je venais repérer l’édition orange vinyle de Aathma -, je me dirigeais vers la scène pour prendre mes repères. Du AC/DC hurlait dans les enceintes, la soirée s’annonçait hard rock progressive à souhait.

Defecto

Le premier groupe ne tarda pas, Defecto, un quatuor heavy progressif de Copenhague qui nous livre un set carré, efficace, le genre de rock qui fonctionne très bien en live mais que je n’écouterai pas forcément dans mon salon. Les musiciens ne ménagent pas leur peine malgré un public encore clairsemé qui déguste des pills. Nicklas, le chanteur guitariste, ventilateur dans les cheveux, se démène comme un diable sur scène, pendant que guitariste et bassiste jouent avec les fumigènes qui grimpent comme des geysers vers le sommet de Substage. Ça en jette, dommage que l’éclairage reste principalement rouge pendant tout leur set, car rouge et fumigènes sont des ennemis héréditaires de la plaque argentique.

Oddland

Le second groupe qui se produit ce soir là se nomme Oddland, du metal progressif finlandais, un autre quatuor aux mélodies nettement plus polaires que Defecto. Sur scène, il ne se passe pas grand chose, pas de geysers, peu de lumière, beaucoup de fumigènes, des musiciens statiques. Malgré la belle voix de Sakari je ne rentre pas du tout dans leur musique et leur prestation me semble très longue. Dommage.

Le dernier groupe de la soirée vient de la frontière franco/espagnole. Persefone, deux guitaristes, un claviériste chanteur, un bassiste, un batteur et un chanteur growl envahissent la scène du Substage.

Persefone

Comment aurais-je pu imaginer un seul instant l’énorme claque que j’allais me prendre en pleine figure ? Leur album, Aathma, comme leur dernier EP, laissait supposer que nous avions à faire à d’excellents musiciens studio, mais du studio au live, il y a du chemin. Des techniciens virtuoses sans débauche de technique, un son puissant véhiculant de fortes émotions, un growl parfaitement maîtrisé, Marc en bête qui arpente la scène, descendant dans la fosse au milieu des fans habillés aux couleurs de Persefone, le plus souvent penché en deux en hauteur sur deux escabeaux de scène, haranguant la foule.

Persefone

L’équilibre entre growl, mélodies, puissance, émotion et technique force le respect. Le groupe s’éclate, jouant pour une cinquantaine de fans déchaînés et une poignée de non initiés, un set mêlant Aathma à des compositions​ plus anciennes ainsi que leur dernier EP In Lak’Ech.

Mais au fait, qu’est-ce qui contribue à la magie de ce groupe en live ? Des guitares de folies (ils doivent chaque jour tempérer Carlos pour qu’il ne s’embarque pas dans un jeu encore plus technique), la double pédale frénétique de Sergi submergée par ses roulements, les claviers progressifs symphoniques et le chant clair de MIguel qui contraste avec le growl de Marc, la basse Mario de Toni qui redevient plombier dans le civil et la rythmique de Filipe qui s’accorde avec la guitare de Carlos, six qui construisent de la musique, hors des sillons labourés du metal, progressif ou hard-rock.

Persefone

Après une heure et demie d’extase, artistes saluent et quittent la scène. Carlos et Filipe auront tout de même réussi, avant la fin, à faire grimper Toni sur l’escabeau pour un trio à cordes qui restera dans la mémoire de Persefone, le bassiste ne goûtant guère cet exercice d’équilibriste.

Nous retrouvons le groupe une dernière fois dans la salle pour une séance discussions/dédicaces. Mais avant de reprendre la route, nous parlons encore un bon moment avec Toni, qui maîtrise mieux la langue de Molière que moi l’anglais. Nous parlons de son épouse danseuse, qui parcourt le monde et vit de son art, de son travail quand il troque sa basse pour un chalumeau à acétylène, car il faut bien vivre et nourrir sa famille.

Rédigé par : Jean-Christophe