Photo Brigitte Cochet
Il était une fois trois guitaristes de renom, différents dans leur art, mais qui ont choisi de mettre leur passion au service de ce noble instrument qu’est la guitare.
Le Spirit of 66 reçoit Pat O May, Patrick Rondat et Martin Barre.
L’histoire pourrait être de raconter que ces trois musiciens ont joué sur une scène mythique, mais ….non ! L’histoire que je vais vous raconter va être bien plus truculente et pleine de vie.
J’étais déjà à l’hôtel le matin pour une interview…..avec les trois guitaristes. Ce fut épique mais très sympathique, quoique un peu bruyant à cause d’autres personnes non concernées. Pas de panique, je dépatouille encore.
Ensuite, je suis arrivée au Spirit pour les soundchecks. C’est toujours très instructif et ça donne le niveau de forme des musiciens. Eh bien, c’était déjà sûr qu’il allait y avoir du déménagement. Ils sont en forme ! Pas mes yeux, faut que j’aille voir un ophtalmo ! De loin donc, étant un tant soit peu myope, j’ai cru que le batteur était une femme ! En montant sur scène pour aller dans les backstages, j’ai réalisé ma bévue. Il s’agissait en fait d’un jeune homme. De loin, c’était le pompon qui m’avait induite en erreur, comprenez chignon. Il s’appelle JOHN HELFY. Punaise, ça commençait fort pour moi.
A 18h, go pour le restaurant avec des amis qui venaient pour le concert, et me revoici au Spirit, à ma place de prédilection, en face du bassiste, en l’occurrence CHRISTOPHE BABIN pour ce soir. C’est trop tard pour que je change, je suis trop vieille !
La salle se fournit petit à petit. Il y a là un peu du tout public. Des habitués, bien sûr, mais aussi des petits nouveaux, jeunes et moins jeunes, qui ne savent pas qu’on démarre toujours à la demi-heure académique au Spirit. Francis Geron est souriant, MICHELLE SURLEAU est fatiguée mais tout sourire aussi, CATHIE va faire des photos magnifiques, et moi, je sors mon tout nouveau carnet pour prendre note de ce que peu de gens vont remarquer….J’ai un stylo qui fonctionne, y a du progrès !
Photo Brigitte Cochet
Je sais que les choses vont s'enchaîner avec fluidité du côté des guitaristes mais l’histoire se continue de façon très sympa.
C’est PAT O MAY qui a eu l’idée de ces trois concerts. Il y a donc le Spirit et ensuite, Colmar et Paris. Fallait en profiter, les amis, les absents sont toujours fautifs !
Qui va monter sur scène en premier ? Bein, les musiciens pardi ! Vous vous attendiez à quoi ? Une bunny girl avec le pompom sur son séant ? Je reformule, quel guitariste va venir en premier ? C’est PATRICK RONDAT !
Quelques petits renseignements sur son pédigrée peut-être ? PATRICK RONDAT est né un 12 octobre 3 ans avant moi, un peu de calcul, ça ne fait de mal à personne….Il joue de la guitare, voui voui, depuis l’âge de 17 ans. Il découvre la guitare électrique avec son frère chez un disquaire, et le jazz fusion quelques années plus tard grâce à un pote qui lui fait écouter Al Di Méola à qui il emprunte la technique de l’aller/retour avec le médiator qui va et vient de haut en bas à toute vitesse. Il a travaillé chez Carrefour, je vous le jure, puis il a décidé que la musique c’était mieux, et il a eu raison ! Il se tourne vers le Hard Rock et, chemin faisant, il va faire une rencontre qui va déboucher sur une longue collaboration avec Jean-Michel Jarre. Si vous ne connaissez pas, ça manque cruellement à votre culture générale, c’est un peu comme ne pas savoir qui est le King . Après avoir volé aux quatre coins du monde, il atterrit au pied de la tour Eiffel, devant 2 000 000 de parisiens et il joue le Vivaldi Tribute, reprise du mouvement de l’été des Quatre Saisons de Vivaldi.
Il continue son bonhomme de chemin, intègre et sort de plusieurs groupes, fait des albums solo, et n’hésite pas à reprendre des morceaux classiques de Mozart, Beethoven et Vivaldi pour le plus grand plaisir des oreilles attentives. Cette année, il a 30 ans de carrière.
C’est donc lui qui monte sur scène le premier, se présente très gentiment et dit qu’il va faire un peu de musique sur scène. Il est trop modeste et tellement simple ! Pour moi, c’est le Mike Portnoy de la guitare.
Il commence fort avec Backhand, issu de l’album Amphibia, vous savez la grenouille aztèque sur la pochette…Et nous restons avec la grenouille sur Shuttered Chains et Dreamstreet. Comme d’hab, je n’ai pas mes yeux en poche et mon regard est attiré par un être très remuant et grimaçant tant et plus, le batteur, John …… Il est trognon, très expressif, tantôt sauvage, tantôt très doux, dissipé, courroucé, sadique, coriace. Parfois, il semble caresser ses fûts, parfois, il les rudoie, mais toujours en accompagnant ses gestes de grimaces qui suffisent à elles seules à faire passer toute une série de sentiments. Je vais le baptiser le Andy Latimer de la batterie. Il doit bien perdre 3-4 kilos sur un concert, celui-là, pas de doute, il se démène comme un beau diable !
Suivent, Donkeys Island, Nuages, Ultimate Dreams et une fabuleuse reprise de Vivaldi.
Patrick commence à se sentir un peu seul comme guitariste et convie Pat O May à monter sur scène. Ensemble, ils nous jouent Mindscape. La salle est bien chauffée maintenant.
Photo Brigitte Cochet
PAT O MAY est seul avec ses musiciens. Pas le même genre. Plus trapu, la boucle blonde et moins crépue, le visage plus rond, avec toute la bonté du monde inscrite dessus. Pas le même genre de musique non plus. La voix prend toute son importance. D’origine irlandaise de par son arrière-grand-père, la famille vit en France depuis 1870 et lui, il a choisi la Bretagne de sa compagne. Avec des racines irlandaises, l’amour du métal et sa résidence bretonne, il nous fait un bon cocktail avec du caractère. J’aime bien quand on s’emmêle pour faire un, le résultat est toujours intéressant. Pat commence fort avec Break Out, pour enchaîner avec On The Moor et No Religion. Suit une pléiade de titres que pas mal de gens connaissent dans la salle pour arriver à Homeland, un morceau que j’aime beaucoup sur l’album Celtic Wings, sorti en 2012. Certaines chansons sont ponctuées par l’intervention de JAMES WOOD avec une voix qui me fait parfois penser à celle de Pete Garrett, la voix de Midnight Oil. L’affaire va se clore avec le magnifique Overlord.
Qui c’est-y qui monte sur scène venant des entrailles du Spirit ? Celui que beaucoup attendent, MARTIN BARRE. Martin Lancelot Barre a un nom bien spécial pour un des guitaristes de prog les plus accomplis. Tous lui doivent le respect de son âge mais aussi de sa carrière et de son professionnalisme passionné. Sur scène, c’est un mélange de sérénité, de passion et de concentration. Il se doit avant tout d’aimer ce qu’il a fait, c’est pour lui primordial. Je note un petit changement derrière les fûts. On ne rit plus, on sourit. On ne domine plus, on admire et on se concentre. Manifestement, notre cher batteur suit bien ce qui se passe sur scène même si j’ai parfois douté. Martin nous plonge de suite dans son univers avec Hammer, suivi de Hymn 43, avec Pat toujours présent au chant et à la guitare. Suivent quelques morceaux que Martin a joués avec Jethro Tull. Il remet un peu les pendules à l’heure en nous disant qu’il ne déteste pas ce groupe dont il a fait partie, vu qu’il en joue des chansons. Cela fait partie de sa vie, et on ne renie pas sa vie. Deux clones avancent aussi sur scène à un moment avec deux énormes trombones à coulisse, SANDRA ET TANIA DIFFERDING, des jumelles. Waow, je n’aurais jamais imaginé ces instruments sur la scène avec Martin Barre, et pourtant, le son de ces instruments se marie étonnamment bien avec la musique. Ces deux luxembourgeoises sont étonnantes et super sympas. Martin nous offre son interprétation de Eléanor Rigby. Celui qui ne connaît pas cette chanson des Beatles doit sérieusement revoir sa copie. C’est magique !
Et voilà que nos trois guitaristes sont sur scène en même temps. On commence à trois par un morceau choisi par Martin, un morceau de Joe Bonamassa. Ensuite, c’est au tour de Patrick Rondat puis, en conclusion, nous avons droit au fabuleux Whiskey In The Jar. Cette chanson est en fait un conte irlandais qui date du fond des âges et est raconté différemment par chaque conteur. Il s’agit d’une histoire de vol et d’amour bafoué. Thin Lizzy et Metallica ont repris cette chanson à leur manière, chanson qui date probablement de 1959. Chaque musicien a sa façon de conter, et celle que nous entendons vient clore une merveilleuse soirée. Ils nous saluent en nous montrant…..leur dos…..why not ?
C’est fini, mais pas pour moi, ni pour d’autres d’ailleurs. Au Spirit, les artistes viennent se mêler au public. Quant à moi, je papote, mais arrive un moment où il faut bien dire au revoir à une journée bien chargée et une excellente soirée. Au revoir les guitaristes, au revoir le batteur et les autres musiciens, au revoir Francis et merci à tous.
Photo Brigitte Cochet
Rédigé par : Suze