Ce fut le dernier concert de ma Logan. Elle m’a bravement accompagné sur les routes d’Europe, dans de grandes villes et dans les campagnes perdues. Brave petite machine inconfortable et bruyante, adieu, tu ne me manqueras pas.
Samedi 9 novembre, après un passage au Spirit of 66 à Verviers en Belgique, trois guitaristes d’exception venaient jouer à Colmar avant d’achever leur tournée éclair à Paris le dimanche. L’événement était organisé par La Griffe Du Lion Production, une petite tournée dont l’idée avait germé dans la tête de Pat O’May et qui se concrétisait par trois concerts en camping car. Patrick Rondat, Pat O’May et Martin Barre allaient jouer les guitar heros au Grillen.
Si Suze avait été au concert du Spirit, j’avais moi aussi envie d’écouter ces trois artistes légendaires et faire quelques photos de la soirée. Donc c’est avec ma Logan chargée de deux boitiers et quelques objectifs que je partis pour Colmar.
Nos amis de Camembert assuraient la première partie, un choix étonnant si l’on considère le genre musical du groupe qui ne colle guère avec ce qui suivra. De plus, la scène du Grillen peine à contenir les huit musiciens du groupe. Il faut tout de même caser un batteur, un guitariste, un bassiste, une chanteuse, un harpiste, une percussionniste et deux trompettistes. Pas facile de bouger dans ces conditions. Pour tout vous dire, écouter un set réduit de Camembert, sans le verre de vin et la tranche de pain, c’est un peu frustrant. Leur musique s’écoute mieux jouée telle une histoire avec sa mise en scène et sa folie. Le groupe nous interprète quatre ou cinq titres de leur répertoire, assurément sans la flamme qui les animaient à l’Illiade où à l’abbaye de Marbach. Cela fait tout de même plaisir de les retrouver.
Peu après Patrick Rondat ouvrait le bal. C’est un grand gars chevelu bouclé à lunettes qui ressemble plus à un intello qu’à un rockeur. D’ailleurs il joue une guitare technique et virtuose, poussant le vice à revisiter les oeuvres de Vivaldi. A la base, je ne suis pas fan de ces démonstrations de savoir-faire, mais en live, je l’avoue, cela reste impressionnant à voir et à écouter. Il s’adresse au public comme à des copains venus boire un verre chez lui, ne manque pas d’humour, particulièrement lorsqu’il interpelle l’éclairagiste pour qu’il ne mette plus de lumières stroboscopiques : « j’ai perdu cinq dixièmes à chaque oeil, là ». Et au dernier titre, il convie Pat O’May à le rejoindre pour lui laisser ensuite la vedette.
Pat c’est un tout autre genre, petit, trapu, barbu, chevelu, un look de vieux rockeur, le bonhomme en impose plus par sa présence au chant que par sa guitare. Après l’étalage de virtuosité, place au heavy rock et au celtisme avec entre autre une reprise d’un tube d’Alan Stivell. Je ne connais pas franchement le répertoire de Pat et pourtant j’accroche tout de suite. C’est de la bombe rock ce gars. Pour tout vous dire, je repars avec son dernier live pour l’écouter tranquillement à la maison.
Enfin, c’est au tour de Martin Barre de montrer son savoir-faire. J’avais vu le guitariste de Jethro Tull il y a des années dans la même ville mais dans une autre salle. Vous savez quoi, il a vieilli le vénérable guitariste, barbichette et cheveux blancs de plus en plus rares. Il n’a cependant rien perdu de son talent de guitariste. Avec Pat, ils se lancent dans un set rock’n’roll, blues, boogie à deux guitares, efficace et classique, pas forcément la musique que j’aime le plus mais en live ça le fait assez bien, d’autant que les petites mains du concert, des musiciens qui ont bourlingué souvent avec Pat O’May, font un travail fabuleux. Il faut les citer car sans eux ce concert n’aurait assurément pas été du même niveau. Ils ont dû assimiler le répertoire des trois guitaristes en deux mois pour les accompagner sur scène, un travail de titan.
Patrick Rondat rejoint Pat et Martin pour un dernier titre à trois guitares, histoire de terminer le concert en feu d’artifice.
Après avoir échangé quelques mots avec Pat O’May et Michelle Surleau, je repars vers Strasbourg avec plein de photos à développer et le son des guitares qui résonne encore dans ma tête. Une très belle soirée qui m’a donné l’occasion de découvrir des artistes talentueux. Merci Michelle, merci aux artistes.