Vous ne croiserez pas tous les jours trois islandais venus à Strasbourg pour chanter Noël.
Jeudi 12 décembre pourtant, dans une salle dédiée à la scène rock, le groupe Arstidir venait à la rencontre de son public jouer en acoustique sa délicieuse pop indie traditionnelle.
J’avais réservé de longue date la soirée pour écouter enfin ces talentueux artistes, bien trop rares dans l’hexagone à mon goût, nous présenter, du moins je l’imaginais, leur dernier album
Nivalis. Les trois chanteurs, accompagnés d’un violoniste et d’un violoncelliste vont me détromper dès le début du concert : lors de la période des fêtes, ils ont pour habitude d’interpréter des chansons traditionnelles de Noël, des morceaux tristes et mélancoliques, comme il est d’usage en Islande. Et comme cette année le groupe fêtait également le dixième anniversaire de leur premier album composé sur un canapé en buvant du mauvais vin, nous auront droit à plusieurs de ses morceaux lors de la première partie de la soirée.
Il est rare d’avoir devant soi trois belles voix masculines au diapason, parfois a cappella ou accompagnées de cordes, dans la petite salle de La Laiterie plus habituée au métal. Le grondement de double pédales et de basse de la grande salle viendra régulièrement nous le rappeler pendant la soirée. Et non, qu’on se le dise, le photographe ne s’est pas trompé de salle. Ce soir il vient bien écouter Arstidir.
Le groupe partage la première partie de la soirée entre chansons tristes de fêtes et leur album éponyme de 2009, le tout en acoustique, guitare, piano, violon, violoncelle et ces trois voix fabuleuses. Les microphones auraient pu être débranchés, le public écoute dans un silence religieux, retenant presque sa respiration, ne se lâchant qu’une fois la dernière note jouée. Lorsque Daniel, Gunnar et Ragnar se retrouvent autour du micro, leurs voix nous ramènent aux chants grégoriens et à la musique médiévale plus qu’au folk islandais. Ragnar nous expliquera avec humour lors de la seconde partie que l’Islande, christianisée tardivement et isolée du monde, baigne depuis très longtemps dans cette musique d’un autre âge, donnant une base mélodique à la mélancolie naturelle des islandais.
La deuxième moitié de la soirée débute par un duo classique violon/violoncelle et se poursuit par un second instrumental avec claviers. Arstidir jouera également quelques pièces de Nivalis et
Hvel avec cette fois un peu plus d’électrique dans la musique. Mais ils reviendront également aux chansons de Noël acoustiques, même une ou deux presque enjouées, chantées à quatre puis à cinq voix pour finir, après un bruyant rappel, par un très ancien morceau traditionnel de Noël, chanté au milieu du public émerveillé.
Je craignais un concert de promotion pop indie, à la place Arstidir nous a offert deux heures acoustiques intimistes, folks, improbables. Moi qui d’ordinaire de goûte guère les airs de Noël, j’ai été émerveillé par la fabuleuse prestation de nos islandais. La magie de Noël a opéré.
Rédigé par : Jean-Christophe