Que ce soit Marillion au complet ou son charismatique chanteur H en solo, ceux-ci ont toujours la bonne idée de se produire à quelques jours de mon anniversaire, offrant à ma femme une idée cadeau de premier choix depuis maintenant cinq ans.
Marillion à Londres, H en solo deux années de suite à Stockholm, H en solo l’année dernière à Copenhague, c’est à Paris que Marillion décide cette année de poser ses bagages à deux jours de mes cinquante et un ans, dans une salle Pleyel affichant « Sold Out ».
Quatre heures avant l’ouverture des portes se pressent déjà les fans les plus hardcore prêts à braver le froid et la pluie pour accéder au premier rang de la fosse. C’est en terrasse chauffée autour d’une pizza et de quelques verres que nous préférerons, avec quelques amis, attendre l’heure de l’ouverture des portes prévue quelques heures plus tard.
C’est à dix neuf heures précises que le public est invité à entrer dans le Hall de Pleyel. Tout se déroule dans le calme, il faut dire qu’on est loin de l’ambiance d’un concert de métal, et l’âge moyen tourne plus autour de la cinquantaine que de la vingtaine.
Sans avoir attendu de longues heures dans des conditions météo déplorables, nous nous retrouvons sans mal au premier rang, devant le râtelier de basse de Pete Trewavas. La scène sur laquelle sont déjà installés les instruments des musiciens, ainsi que le backdrop avec les différents logos du groupe qui habille le mur du fond me laissent à penser qu'il n'y aura pas de première partie.
Tout faux, à vingt heures tapantes arrive sur scène Harry Pane, seulement accompagné de sa guitare, pour un court set de cinq morceaux de folk qui ne retiennent pas vraiment mon attention; il récolte toutefois un petit succès auprès du public bienveillant de Marillion.
Après vingt minutes d’entracte arrive enfin le moment tant attendu. Les six membres de l’orchestre (les mêmes que sur le disque) viennent s’installer, suivis de près par les membres de Marillion, et déjà résonnent les premières notes de 'Gaza', longue pièce de presque dix-huit minutes sur lequel le groupe nous fait savoir qu’il est très en forme. Pete Trewavas frappe sa basse comme un dément, Ian Mosley, invisible derrière sa batterie, assure le rythme, alors que Steven Rothery assène ses riffs furieux ou nous fait voyager avec ses solos aériens.
Quant à Steve Hogarth, qui semble clairement avoir abusé de boissons alcoolisées, il assure le spectacle comme il sait si bien le faire, sautant partout, rigolant et blaguant avec les violonistes et le public, s'essayant même au français avec plus ou moins de succès, ce qui ne l’empêche pas de délivrer une prestation magistrale.
Le groupe enchaîne avec un ‘Season’s End’ de toute beauté, mis en valeur par la voix d’un H bouleversant et par un magnifique solo de Maître Rothery alors que les images, avec notamment le fameux flocon de neige, défilent sur l’écran placé derrière les musiciens pour illustrer le morceau.
Vient ensuite ‘Estonia’ que je n’avais pas plus apprécié que cela sur l'album, mais qui prend en live une toute autre dimension, probablement dû au fait que les cordes sont ici assez en retrait et laissent donc plus de place à ce morceau lent et hypnotique.
Autant le groupe est déchaîné sur la scène, autant le public reste relativement calme, ne se manifestant qu'entre les titres pour de longues séances d'applaudissements qui s'éternisent tellement que Steve Hogarth est obligé de demander le silence après plusieurs minutes à chaque fois afin de pouvoir continuer le show. Show qui se poursuit au rythme des changements de costumes de Mr Hogarth (je dis bien costumes et non tenues car il interprète les titres plus qu'il ne les chante) avec le magnifique 'Fantastic Place' puis les quatre parties de 'The New Kings' avec leur alternance de moments calmes et de moments plus « hard ».
Steve Hogarth est bien plus à l'aise dans son jeu de guitare comme il le démontrera sur ce titre ainsi que sur d'autres au fil de la soirée.
Marillion a fait le choix de proposer une setlist comportant plusieurs morceaux assez longs, c'est donc 'The Sky Above The Rain' qui arrive ensuite, soutenu comme tous les titres interprétés ce soir par de nombreuses images, mais aussi par de très réussis jeux de lumières.
Le public aux anges se voit gratifier d'un 'The Great Escape' poignant qui vient mettre un terme à ce concert, avant que le groupe ne quitte la scène sous un tonnerre d'applaudissements et de cris de joie qui ne cesse qu'avec leur retour pour un rappel comprenant 'Afraid Of Sunlight', sur lequel la voix de H atteint des sommet d’émotion, puis 'Zeparated Out' qui n'est autre que le très moyen 'Separated Out' agrémenté en son milieu d'une partie du 'Kashmir' de Led Zeppelin interprété par les membres de l'orchestre qui se lèvent et headbangent, prenant si on en juge par les sourires sur leurs visages, énormément de plaisir à jouer cet intermède « metal ».
Nouvelle sortie de scène, puis nouveau retour pour un dernier rappel.
À la surprise générale, un chœur d’une vingtaine de personnes vient prêter main forte au groupe sur les deux derniers morceaux de la soirée, 'The Space', puis le festif 'Man Of a Thousand Faces' qui finit d'achever un public conquis qui se lâche enfin.
Après avoir souhaité un joyeux noël à tous, le groupe quitte la scène définitivement sur la promesse de revenir l’année prochaine.
Le seul petit reproche que j'ai à faire sur la soirée mais qui est dû, je pense, à ma place dans la fosse (premier rang un peu à gauche) est que le son des cordes et de la chorale étaient, par moment un peu trop en retrait. Cela n'a toutefois pas gâché une soirée magique avec un groupe au top, qui maîtrise l'art d'emporter le public avec lui. Un groupe qui partage sa joie de jouer live pour sa « famille », qui le lui rend au centuple par son enthousiasme, son amour et sa fidélité.
Pas mal pour un groupe toujours très méconnu et qui était, il y a quelques années, encore qualifié de dépassé.
Steve Hogarth est pour moi un des meilleurs chanteurs tous styles confondus, et Marillion est tout simplement le meilleur groupe live que j'ai eu le plaisir de voir sur scène; ce n'est pas ce quarantième concert du groupe auquel j'ai assisté ce soir qui va me faire changer d'avis.
Courez les voir de toute urgence avant qu'il ne soit trop tard, vous ne serez pas déçus.
À l’année prochaine Messieurs.
Rédigé par : Marc