Titres
Formation en 2018
Morten Lund [chanteur,guitariste,clavier], Jarle Wangen [chanteur,guitariste,bassiste], Bjorn Stokkeland [batteur]
35 Tapes s’inspire du canterbury pour composer ses albums au vingt et unième siècle. Du rock progressif seventies élégant dans son costume cravate qui ne recherche pas la virtuosité. Début février, le trio d’Oslo livrait son second album après Lost and Found en 2019, six morceaux pour un peu plus de trois quarts d’heure, reprenant les cercles concentriques, cette fois dédoublés, du précédent artwork, dans une nouvelle palette de couleurs.
Home, comme son prédécesseur, apaise l’âme, une musique sans excès, renforcée par un chant calme, presque monotone. Comme Genesis et Camel en leur temps, 35 Tapes use de piano et de claviers vintages, toujours avec modération, donnant plus d’importance à la lead guitare. La batterie de Bjorn marque un tempo tranquille sans casser de stick ce qui n’empêche pas Jarl à la basse de s’imposer à l’occasion.
Home possède une grande homogénéité, sans doute due à l’absence de contrastes marqués et de soli égocentriques ainsi qu’à la ligne vocale relativement plane. Trois morceaux se distinguent toutefois de l’ensemble, deux dans le bon sens et un dernier qui dépare quelque peu l’album à mon goût.
Commençons par le vilain petit canard. Celui-ci s’intitule ‘Walk’ et par malheur pour moi, il dure plus de neuf minutes. S’il ne jouait ce thème martial de quarante-cinq secondes en guise d’ouverture, thème qui revient émailler la pièce à plusieurs reprises, ‘Walk’ se serait fondu dans le décor en perdant son identité au passage.
‘Well’, à peine plus court, est l’un de mes coups de cœur avec le dernier et bref ‘Epilogue’. Si ‘Well’ m’a tant séduit, c’est probablement par ses accents génésiciens planants, et même si le chant possède quelques fêlures, je le trouve touchant. Avec ce titre, comme dans ‘Undertows’, j’ai presque l’impression de retrouver Steve Hackett sur les différentes sections de guitares. Tout d’abord linéaire, ‘Well’ finit par nous embarquer dans un développement instrumental légèrement expérimental où chaque pupitre trouve suffisamment d’espace pour s’exprimer pleinement, mais toujours avec retenue.
‘Epilogue’ possède la fragilité de Big Big Train, une épure musicale où brille un refrain “Wake me up before it’s over”. Le titre laisse beaucoup de place aux instruments, permettant de goûter la justesse de chaque note jouée. Assurément ma pièce préférée de Home.
Si vous lisez entre les lignes, vous aurez compris que si j’aime beaucoup le travail des musiciens de 35 Tapes, le chant me laisse de marbre du fait de son manque de caractère et parfois même de sa justesse. Mais si vous êtes moins tatillon que je ne le suis et amateur de canterbury, n’hésitez pas, écoutez Home, c’est un bel album.