Titres
Sergio Manfredi [chanteur], Francesco Venti [guitariste,clavier], Sebastiano Pisasale [bassiste], Salvo Di Mauro [guitariste], Turi Platania [batteur], Vittorio Distefano [guitariste]
Musiciens Invités:
Gionata Colaprisca: Percussions
Alessio Bannò: Orgue Hammond
Saro Figurra: Batterie
Solitaire est le premier album d' Alcàntara, jeune groupe originaire de Sicile dont la musique progressive aux touches psychédéliques est directement inspirée par Pink Floyd, mais pas que.
Pour un premier essai, les musiciens ont réussi un coup de maître. Non contents de capturer l'essence du Floyd, ils sont parvenus à en faire quelque chose de personnel en y insufflant leur propre patte et quelques autres ingrédients piochés ici et là, habilement parsemés tout au long de l'album. Effets sonores, bruits divers, passages parlés mais aussi sonorités blues et surtout beaucoup de groove s’intègrent parfaitement aux morceaux qui laissent entrevoir de véritables talents de compositeurs chez les italiens.
La musique d'Alcàntara évolue dans un registre calme privilégiant l’émotion plutôt que la technique, à l'image d'un Warmrain avec lesquels ils partagent une sorte de douceur ouatée qui enveloppe l'auditeur dès la première écoute.
Le ton de l'album est donné dès le premier titre 'Treefingers'. Quelques notes de piano sur lesquelles vient se poser la voix calme de Sergio Manfredi, rapidement suivies par des touches aériennes de guitare soutenues par une rythmique pleine de groove. Du groove encore sur le second titre 'Logan' sur lequel un orgue bluesy se taille la part du lion à égalité avec la guitare de Francesco Venti qui démontre ici qu'il n'a rien à envier aux plus grands.
'Bad Bones' hésite entre le calme du début et l'intermède à la basse entêtante évoquant le Porcupine Tree de l’époque Voyage 34. L’influence de Porcupine Tree se retrouve aussi sur les dix minutes d''After the Flood', la perle de cet album. Un titre d'une grande mélancolie porté par la voix de Sergio Manfredi et par la guitare aux sonorités proches de celles du grand Steve Rothery. Ce morceau démontre une fois de plus tout le talent de guitariste de Francesco Venti qui fait ici des merveilles.
Après 'Solitaire', le court intermède qui donne son nom à l'album, arrive 'Faith' qui débute de manière presque anodine avant de faire monter la tension dans sa seconde partie qui nous emmène faire un tour du côté du Pink Floyd époque The Wall, tension qui explose finalement sur les “We Are The Resistance” scandés par Sergio accompagné par un chœur d'enfants. 'The Resistance' poursuit dans la même veine, à tel point qu'on croirait presque entendre un titre inutilisé des sessions de The Wall.
Pour finir, 'Seasons' fait retomber la pression grâce à son apparente quiétude, sa mélodie et un solo de guitare époustouflant.
Le quintette sicilien a étonnamment choisi une musique plutôt douce et raffinée pour tenter d’éveiller les consciences endormies par les religions, une classe politique à laquelle on ne peut pas se fier, et pour dénoncer les misères de notre société de consommation. Un choix risqué mais tellement bien maîtrisé musicalement que celui-ci pourrait s’avérer gagnant, pour peu que Solitaire obtienne l'attention qu'il mérite amplement.
Un premier album très mature, extrêmement bien conçu, plein d'arrangements classieux et de belles mélodies. Un must !