Titres
Formation en 1997
Mick Moss [chanteur,guitariste,bassiste,clavier]
Invités :
Fab Regmann - batterie
Carla Lewis - chant
Aleah Stabridge - chant
Vardan Baghdasaryan - kamanche
Paul Thomas - saxophone
Julie Rodaway - flûte
Quelques vers manuscrits sur une feuille volante, un disque compact single, un album et un disque vidéo digital, le tout enfermé dans son écrin portant les signatures de Mick Moss, Fab Regmann et Carla Lewis, découvrons Black Market Enlightenment de Antimatter.
Lorsque Mick Moss chante, sa voix et sa musique sont emprunts d’une insondable mélancolie. Alors baissez la lumière, posez le casque sur vos oreille et noyez-vous dans cet océan musical aux eaux sombres bercés de houle lente.
Black Market Enlightenment se compose de neuf titres principalement électriques, hantés avec la voix envoûtante de Mick, où pointent du saxophone, de la flûte et du kamanche. Le genre d’album à découvrir en écoute immersive pour en goûter toute l’atmosphère.
Prenons le temps de découvrir la pochette sépia sombre : un mannequin de crash test aux huit bras tel un Vishnu addict est assis dans un fauteuil, au milieu d’une pièce jonchée de débris et de bouteilles vides. Pipe à eau, briquet, cigarette, pilules, poudre, joint, papier Rizla, chacune des mains tient un objet de dépendance, reflétant le thème principal de cet album : la plongée dans la drogue.
Black Market Enlightenment parle d’une sombre période de la vie de Mick, de seize à vingt et un ans, lorsque psychédélisme et LSD ne font plus qu’un dans la vie de l’artiste naissant, une chute racontée dans la trilogie ‘Sanctification’, ‘Between The Atoms’ et ‘Existential’.
“Come listen to the words of dead men and the clinically insane as they lead you down the path that they went and encourage you to do the same”. Mick Moss a suivi les traces de Syd Barret, Jim Morrisson, Peter Green, expérimentateurs du psychédélisme, sombrant dans le LSD en 1991 pour complètement s’effondrer cinq ans plus tard, sauvé de justesse par son voisin d’immeuble. Il raconte cela aujourd’hui, revenu dans le monde réel, malgré des hauts et des bas, partageant cette douloureuse expérience avec nous, sa descente aux enfers, présentant ses peintures réalisées sous acides, évoquant en musique, avec ses mots, des personnes qui ne sont jamais revenues de leur voyage en Extasie.
Voilà pour le thème mais quid de la musique ? Nettement moins acoustique que les autres albums d’Antimatter, Black Market Enlightenment est constitué exclusivement de pièces écrites pour l’occasion, en quelques mois. Black Market Enlightenment est alternatif et sombre, peuplé de nappes de claviers, de batterie souvent lente, d’accents orientaux comme dans ‘Existential’ avec Varda Baghdasaryan au kamache et acoustique sur ‘What Do You Want Me To Do ?’.
Si nous devions reprocher quelque chose à ce nouvel Antimatter, c’est de démarrer par le titre le plus électrisant de l’album, ‘The Third Arm’. Des claviers sombres cinématiques accompagnant la voix pleine d’échos de Mick, qui cèdent la place à un refrain lumineux rejoint par le chant de Carla. Un morceau très accessible qui reflète cependant à merveille l’univers d’Antimatter, même s’il fait un peu de l’ombre aux autres pièces.
Sur le DVD, Mick se met à nu et raconte dans un documentaire la genèse de l’album, une naissance douloureuse pour un homme qui se remémore ses années de drogue. Huit mois de création entrecoupés de dépression, filmés comme un journal parfois terrifiant. On y découvre, entre les monologues de Mick face à la caméra, les prises de batterie avec Fab, l’enregistrement de la flûte et du saxophone ainsi que le tournage du clip ‘The Third Arm’.
Je vous recommanderais presque de commencer par écouter Mick se raconter dans le DVD puis d’enchaîner d’une traite avec l’album, le livret entre le mains, Black Market Enlightenment n’en prendra que plus de sens.