Titres
Formation en 2007
Si ne je la parle pas, elle a baigné mon enfance. Dan Ar Braz, Stivel, Servat furent mes compagnons musicaux aux côtés de Genesis et Marillion. Brieg Guerveno défend et milite pour la sauvegarde de cette langue gutturale parlée en terre de Bretagne. Quand en plus il la chante sur des mélodies progressives, un doux parfum de nostalgie m’envahit.
Valgori, comprenez la rêverie, est le troisième album du quatuor du Penthièvre. Après l’influence d’Anathema dans les premières années, Valgori prend le chemin d’un rock progressif proche de Heritage. Un virage exigeant, qui a demandé beaucoup de travail au groupe mais qui méritait l’effort.
Progressif signifie souvent abondance de claviers, bannissement de l'innommable 4/4 et des pièces à rallonge. Brieg Guerveno ne vous décevra pas avec des sons vintages, des changements de tempo et huit morceaux pour un peu plus d’une heure d’écoute. Le chant breton n’est pas un obstacle à la découverte de Valgori, bien au contraire. Cette langue rugueuse et douce se prête merveilleusement bien à la chanson et si vous voulez comprendre le sens des mots, leur traduction anglaise sera dans le livret.
A l’opposé de Sorceress d’Opeth, le son de Valgori est clair et même la basse semble jouer dans les médiums. Un mixage qui laisse de la place à tous les instruments et à la voix. Vous allez m’accuser de chauvinisme, de Breiz Atao, mais je suis fier de la progression de ce groupe briochin qui a foulé les mêmes pavés que moi il y a une trentaine d’années dans la rue St Guillaume. Valgori marque assurément une étape importante dans la carrière de cette jeune formation. Si ar bed kloz m’avait séduit en 2014, Valgori joue dans une toute autre catégorie. Sans doute parce qu’il est progressif, mais également du fait de sa maturité musicale et de tout le travail qui se cache derrière.
Valgori sonne métal et progressif, pas métal progressif. Une base presque doom sur laquelle des claviers à la King Crimson, des guitares et un chant clair construisent le progressif. Un son délicieusement 70’s sans se vautrer dans le rétro prog, le breton ajoutant un je ne sais quoi d’exotisme à cette musique puissante.
Les rêveries de Brieg Guerveno commencent sur une énorme claque, ‘En Desped’, plus de huit minutes qui susciteront tout sauf du dépit chez les heureux possesseurs de l’album. Vous apprécierez la basse façon Opeth sur des claviers 70’s et un final scandé qui propulse le titre au delà des éthers. Choeurs et piano sur une syncope, un titre qui met du temps à trouver son rythme. La première partie progressive bien que linéaire tarde à accoucher de la seconde très wilsonnienne qui récompense votre patience. ‘Poltred’ (comprenez le portrait) possède une écriture plus simple que les deux titres précédents, à la guitare rythmique et électrique, moins habité par les claviers, laissant la voix de Brieg nous envoûter. Et puis, deux minutes avant de conclure, ‘Poltred’ change de registre sans prévenir pour nous mettre à terre. Chemise blanche, veste noire, un homme marche dans les rues de Plougastel, un jour de fête. ‘An Hivizenn’ m’a chamboulé. Deux passages quasi à capella suivis à chaque fois d’une section puissante avec force de claviers, guitares et choeurs qui fait mouche au fond de mon âme. Un parfum de mélancolie plane sur ‘Hirnez’, un titre qui renoue avec les anciens amours de Brieg Guerveno pour les frères Cavanagh. Une guitare débordant de réverb, des claviers absents et une batterie sur les crashs comme pour ‘Poltered’. Mais il aurait été trop simple d’en rester là, alors ‘Hirnez’ s’offre une récréation pendant les dernières secondes. Mystique et poétique, ‘Kelc’h’ (le cercle), est un texte déclamé par Brieg entre deux sections instrumentales suivies de choeurs sur du piano et de la distorsion appuyée. Je retrouve l’esprit du Vaisseau de Pierre, la magie des landes bretonnes battues par le vent et la bruine, où se dressent des cromlechs. ‘Pedenn’ revient au progressif et métal avec neuf minutes qui se partagent entre sections chargées et plus légères. Une prière devenant une violente supplication aux dieux indifférents et qui culmine sur un instrumental final tendu. C’est en rêve que l’on quitte Valgori. Une brume de claviers, un rythme lent à la basse puis batterie, la guitare qui s’éveille après trois minutes, nous renouons avec les premiers pas du progressif, lorsque nous allions chez LP Records acheter nos vinyles.
Si Brieg avait voulu me faire plaisir, il aurait composé Valgori. Du prog au son vintage chanté en breton, il ne pouvait plus me gâter. Découvrez ce groupe et leur musique, vous ne le regretterez pas, et vous diffuserez la belle langue bretonne hors de ses frontières.
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