Titres
Dani Gonzalez [guitariste,clavier], Vizen Rivas [guitariste,clavier], Carlos Cabrera [batteur,percussions], Alfonso Romero [bassiste,clavier]
L’Espagne, ses plages de sable fin, ses moulins, ses oliviers, ses tapas et ses antilopes. Antilopes ? Pas de guitare flamenco ni de gitane dans El Tubo Elastico, le quatuor instrumental de Jerez de la Frontera joue un prog rock jazzy à deux guitares, une basse et une batterie.
Les pochettes surréalistes de leurs albums sont à elles seules des histoires, comme cette tête d’impala cybernétique décapitée autour de laquelle gravite poulpes, méduses, vipères, lichens, étoiles…
Dano, Vizen et Alfonso se relaient en permanence derrière les claviers et les six pièces d’Impala fourmillent de sons de synthétiseurs (‘Inquieto’, ‘Impala formidable’) comme de guitares avec une rythmique omniprésente. Pour profiter pleinement de la musique, oubliez le casque et poussez le volume de la chaîne, afin que les notes rebondissent dans la pièce. Leur son a besoin d’espace pour s’épanouir.
Impala débute en apesanteur (‘Ingravido’) au son angoissant d’une alarme de dépressurisation, rejoint rapidement par la guitare. Un démarrage dans l’esprit space rock, rattrapé par un complexe jeu rythmique de guitares complexe, basses et batterie sous tendu d’orgues.
Qui est cet antihéros aux accents d’Anathema (‘Anthihéroe’) à qui il faudra près de trois minutes pour s’éveiller malgré un démarrage en fanfare ? Le duo de guitares acoustique/électrique tout en attente rattrapé par la batterie au début de la pièce sera le seul havre de paix dans la tourmente d’Impala, dégustez-le.
C’est une minuscule méduse (‘Turritopsis nutricula’), quasi immortelle, dansant dans les eaux de la Méditerranée qui aura ma préférence. Un éblouissant jeu de lumières jazz manouche bien trop court en comparaison des cinq autres morceaux de l’album.
Un accélérateur de cerises (‘El acelerator de picotas’) succède à l’invertébré, un titre aux multiples rebondissements, tout d’abord dominé par la guitare électrique, peuplé de sonorités électroniques, mais qui traîne malgré tout en longueur.
On se demande quelle guêpe a piqué le groupe (‘La avispoteca’) pendant leur répétition, et ceux malgré les nombreux pièges installés dans la boîte de nuit, lorsqu’arrivent les percussions du cinquième titre. Un mélange funky tribal oriental déstabilisant mais bien plus réjouissant que le cyclotron précédent.
Galopant entre les méduses, poursuivie par des guêpes et chevauchée par un antihéros bombardé de cerises radioactives, l’antilope (‘Impala formidable’) tente de retrouver sa tête qui flotte en apesanteur, aux sons d’un Robert Fripp électronique ayant épousé le post rock en secondes noces.
Difficile de comprendre l’histoire sans paroles d’Impala très inspirée de l’humour décalé de Douglas Adams, si elle existe. Par contre, impossible de ne pas goûter à ce second album d’El Tubo Elastico et de constater le chemin parcouru par le quatuor depuis trois ans. Leur musique s’éloigne du post rock, les claviers se font plus présents et la virtuosité est au rendez-vous. S’il y a encore quelques inévitables longueurs, l’album est une belle réussite.