Titres
Frank Bossert [batteur]
Invités :
Steve Hanson: batterie
Cathrine Jauer: choeurs
Kalema (Katharina - Lena - Martje): choeurs
Odin Hansen: guitare
Yogi Lang: claviers additionnels
Avec Great Escapes, sorti il y a déjà quelques mois (début Novembre de l'année dernière très exactement), nous faisons une nouvelle incartade à la liste des nouveautés qui patientent pour être chroniquées. Franck Bossert, que je découvre donc avec Euréka, n'est pas né de la dernière pluie puisque son premier album fêtera l'an prochain vingt ans d'existence. Il me reste encore à écouter les albums précédents du multi-instrumentiste allemand, mais d'après ce que j'ai pu lire ici et là (surtout ici), avec Great Escapes notre homme, qui a savamment mélangé dans ses albums précédents les différents styles tels que folk, rock, symphonique, celtique, souhaitait composer un album à coloration essentiellement rock, pour revenir, en une sorte de retour aux sources, aux bases et standards du rock progressif.
Pourquoi avoir jeté mon dévolu sur cet album dont la gestation a pris plus de temps que son auteur, très occupé, avait prévu ? C'est très simple : cet album est accessible. Pas besoin d'écoutes multiples pour en apprécier toute la saveur, il se déguste comme il vient. N'en profitez pas pour effectuer un raccourci facile, la musique d'Eureka est pour moi très travaillée et bien foutue, même si cela ne transparait pas forcément au premier abord.
Photo Shirin Baouche
Le premier titre 'Stepping Out', qui nous met à la fois les pieds sur terre dans la peau du personnage de la pochette, et la tête dans les étoiles par ses motifs spatiaux à la Vangelis, risque, par son intervention de guitare, de vous faire fortement penser à une énième resucée de Pink Floyd. Il n'en est rien, la référence bien appuyée au groupe mythique s'arrête en fait à ce court titre. Nul besoin de détailler chaque titre. On peut juste retenir quelques points particuliers en forme de repères pour cet album.
D'abord ce son très particulier et indéfinissable de la guitare - sûrement due à la pédale utilisée – que personnellement j'adore, et que l'on entend notamment sur les titres 'Stolen Child' et 'On The Run'. Un son assez mécanique, aux étincelles étouffées, mélange de résonateur métallique et de moteur déglingué, aux pièces brinquebalantes, vis mal serrées et rondelles vibrantes, qui essaierait de démarrer.
Viennent ensuite ces riffs de guitare qui permettent d'identifier et de donner une belle signature au titre joué. Il n'y a qu'à écouter 'One million Stars' qui débute à la basse avec un refrain superbement trouvé, et vous saurez tout de suite de quoi je parle. Une basse qui tricote superbement et fait aussi par exemple un travail phénoménal et jouissif sur cet 'Escape!' qui démarre avec une guitare marillionesque, et dont on reprendrait bien une bonne grosse louche sans attendre.
Last, but not least, on remarquera le travail aux claviers, et plus spécialement le Moog dont les motifs électroniques légèrement râpeux sont souvent utilisés en basse continue et permettent d'améliorer la richesse d'accompagnement dans ce registre (refrains de 'State of View', 'Chase The Dream' ou 'On the Run' par exemple). Cet accompagnement ne l'empêche pas d'intervenir aussi en solo en forme de digression bienvenue.
Pour le reste, c'est encore une fois bien fichu, à l'image de cet 'Animated World' qui donne une impression de simplicité, mais dont l'écoute attentive du treillis de nappes musicales révèle le travail minutieux d'intégration des guitares, des claviers et de la batterie. Des soli de guitares acidulés aux voix féminines, accueillantes et mélodieuses de ce 'Solid Ground' aux accents de ballade, en passant par les différentes ambiances de 'The Big Picture', il n'y a rien à jeter.
Encore un petit mot pour 'The Big Picture', titre de dix minutes en trois articulations - et autant d'ambiances - et qui à lui seul étiquette le côté prog de cet album. On peut d'ailleurs se demander si, sans ce titre - écrit complètement en mesures 7/4, les experts apprécieront -, Great Escapes est à mettre encore dans la case prog. De nombreux bruitages, matière des transitions d'ambiances (travaux publics, ambiance de chambre d'aéroport, etc), la belle voix en arrière plan de Cathrine, un refrain au rythme syncopé, l'utilisation d'instruments additionnels tels que guitare sèche, flûte, mandoline, tout concourt encore une fois à la belle fluidité de ce titre hors du temps que l'on rallongerait bien encore de dix minutes pour notre plaisir.
Ajoutons enfin que avec Great Escapes, mixé une nouvelle fois par Yogi Lang (RPWL) qui a de plus ajouté ses claviers sur deux titres, Franck parle de sujets qui le touchent particulièrement : le syndrôme d'aliénation parentale ('Stolen Child') vécu dans sa chair et pas assez reconnu par la société à son goût, les massacres d'étudiants sur les campus américains ('Animated World'), l'aviation avec l'exploit de Lindbergh arrivant à l'aéroport du Bourget ('Chase The Dream'), et qui n'a jamais renoncé à son rêve. Cet album parle finalement de nos rêves les plus fous, et de leur réalisation qui permet de nous sortir des turpitudes de la vie, pour nous rendre encore plus vivants.
Voilà, Great Escapes, c'est donc un album accessible, simple (en apparence), fluide et qui se laisse écouter sans aucun a priori. Le genre d'album que vous pouvez conseiller les yeux fermés (mais les oreilles ouvertes) à un(e) ami(e) qui voudrait découvrir en douceur le prog sans se faire de nœuds au cerveau.
Mon Great Escape à moi, c'est de traverser la Nouvelle-Zélande en VTT. Et vous, quel est votre rêve le plus fou ?
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