Titres
Formation en 2010
Andy Nixon [], Pete Riley []
Au son des guitares acoustiques et électriques, nous retrouvons Freedom To Glide, le duo britannique de Andy Nixon et Pete Riley. Depuis leur album Rain en 2013, je suis sous le charme de ce prog épuré naviguant entre Sting, Porcupine Tree et Pink Floyd. Une guitare acoustique à la Steven Wilson, électrique à la David Gilmour, un phrasé à la Gordon Matthew Thomas Sumner, nos deux artistes des Midlands sortent un troisième album comme on sème aux quatre vents. Treize titres le plus souvent inférieurs à cinq minutes nous parlent de la guerre et de son absurdité plus de cents ans après la fin de la première guerre mondiale.
Le premier et le dernier morceau se font écho. ‘Seed’ et ‘Seed of Hope’, le grain et l’ivraie que l’homme sème : “so many seeds of hate have fallen on this ground”, “The seeds of hope that died in endless falling rain”. Deux titres qui encadrent le récit d’un homme partant au combat, onze pièces écrites comme des lettres ou les pages d’un journal, celles d’un soldat au front, laissant derrière lui des êtres aimés pour une guerre qui n’est pas la sienne, un aller simple vers la mort.
‘Holding on’, principalement acoustique avec quelques riffs électriques, raconte le retour du soldat à la maison où il se sent soudain étranger : “Seems like home is now the foreign land”. Après cette courte permission douloureuse, il doit faire ses adieux, ‘No Turning Back’, dire la vérité à ceux qu’il aime sur ce qui risque d’advenir avant que le train ne l’emporte vers le front. Ce front qu’il retrouve dans ‘Undertones Of War’ chanté à la manière de The Soul Cages, un titre soutenu par des claviers et qui s’achève sur un long solo électrique. Dans ‘The Right Within The Wrong’ au piano légèrement jazzy, le soldat en première ligne couche sur le papier son moral déclinant : “I’m not broken but the cracks are plain to see”.
Le soleil va se lever sur le champ de bataille, le calme avant la tempête, ‘The Space Between The Lines’; sont-ce les mots qui se cachent entre les lignes de sa lettre ou le no man’s land entre les tranchées, deux couplets intimistes au piano séparés d’un bref solo de guitare qui s’achèvent comme un lever de soleil sur les barbelés. L’ennemi est en face, comme le raconte ce morceau à la Sting à la guitare acoustique, ‘The Only Way’. Un ennemi que l’on voudrait monstrueux mais qui n’est lui aussi qu’un homme avec sans doute une famille qui l'attend, obligé de se battre comme tous les autres pour une cause qui le dépasse. Il faudrait fuir pour survivre. ‘Escape To Survive’. Il n’existe qu’une seule échappatoire, voler du temps à la réalité et espérer ce jour où tout finira : ‘One Day’.
Et jour tant attendu arrive enfin. ‘When That Day Come’, une magnifique pièce wilsonienne au piano, guitares et chant, avec ses héros, ses vainqueurs, ses questions et cette ombre qui les poursuivra tous. Certains reviennent dans leur foyer, les autres restent sur le champ de bataille.
Broken Road’ est pour moi la plus belle pièce de cet album déjà sublime, où couplets mélancoliques et refrain plein d’espoir offrent un magnifique contraste, espoir brisé par la dernière lettre, le court ‘Dear May’ au piano et claviers. “This is the note I’d hoped you’d never read, but if it’s your hand…”.
Seed s’écoute et se réécoute avec bonheur. Outre une belle musique pop progressive accessible à tous, une émotion à fleur de peau, Seed raconte une histoire poignante, celle de la guerre vue par un homme brisé, plongé dans son absurdité ordinaire. Ce troisième opus parlant de la guerre est juste indispensable.