Titres
Formation en 2011
Pour en parler d'Épitaphe, je vais user de similitudes : XII Alphonso - Darwin, Tri Yann - Le Vaisseau de Pierre, Christian Bruin - The Black Project à sa manière et Ange inévitablement.
Un concept album, un opéra rock, un spectacle musical centré sur la vie du Poète Léon Deubel né à Belfort en 1879, et qui, je dois l’avouer, avant la naissance du projet en 2012, n’avait jamais connu d’écho à mon oreille de profane. Un des derniers poètes maudit dont les quelques rares écrits sauvés des flammes ont séduit Francis Descamps au point de vouloir composer album autour de l’artiste.
Épitaphe nous conte la courte vie du poète en chansons, musiques et poèmes. Un double album pour résumer une existence , une oeuvre, Un livret admirablement illustré par Ellen van Werkhowen, une belle présentation au format livre de poche, un objet incasable parmi mes CD et qui va donc aller rejoindre le panthéon des merveilles aux cotés de Discovery, Live At Luna Park ou encore Feast of Consequences, car oui, c’est un très beau coffret que les collectionneurs vont apprécier.
La chanson française va flirter avec rock progressif, le space rock psychédélique sur l’instrumental “Choc d’un Prélude” avec les textes déclamés et les poèmes récités, tout ça dans un semblant de désordre bien orchestré. Bien entendu Épitaphe se conçoit d’une seule traite, un titre sorti de son contexte pourrait perdre un peu de son piment. Il est aisé d’imaginer le spectacle musical que Gens de la Lune a déjà donné et qui trouverait bien sa place sur un DVD, suite logique après un tel album.
Epitaphe se décompose en douze tableaux, de la conception au suicide de Léon le 12 juin 1913 après avoir détruit son oeuvre. Deux instrumentaux “Le Baume Érotique” et “Choc d’un Prélude”, “Épitaphe’ un morceau de plus de douze minutes en guise d’épitaphe et près d’une heure et demie d’écoute à prévoir. Hormis les instrumentaux, aucun des dix autres titres n’échappe au mélange des genres, du parlé, du chanté, du rock, des claviers du maestro Francis, la jolie basse de Mathieu qui m’a bien séduite, la guitare de Damien qui reste en restrait sauf en acoustique comme sur “Mon Axiome”, la batterie retenue de Cédric et enfin le chant de Jean-Philippe qui donne une touche chanson française à l’ensemble.
J’ai d’emblée pensé à Tri Yann et leur “Vaisseau de Pierre” de mon adolescence en écoutant Epitaphe, certes il faut oublier le coté celtisant, mais on retrouve textes, poésie, mélange de nombreux genres musicaux, à la fois spectacle et disque, humour et douleur. Certains thèmes me ramènent au Black Codex de Christiaan Bruin sur “Quelques Détresses”. Vous l’aurez compris, il ne sera pas aisé de classer l’album dans le rock progressif pur et dur, ce serait bien trop limitatif.
Pour ceux d’entre vous qui seraient non initiés à ce genre musical, je conseillerais d’aller à la rencontre de Gens de la Lune en concert, de découvrir leur opéra rock Épitaphe et de repartir avec l’album qui aura ensuite une toute autre dimension à vos yeux. Je n’ai pas eu cette chance, pourtant ils ne sont pas passés loin, mais je suis à l’aise avec cette musique qui oscille entre chanson française, rock progressif et concept narratif, et c’est avec grand plaisir que j’ai découvert l’univers musical de Gens de la Lune, la poésie de Deubel et sa courte existence.
Épitaphe est bien construit, il s’écoute sans effort, s’adresse à un large public. Je le redis, le double CD est dans un très bel écrin qui rend la lecture des paroles et des poèmes très agréable grâce entre autre aux illustrations vraiment soignées. Si vous êtes fan de Gens de la Lune vous l’avez sans doute déjà, si vous aimez Ange, XII Alphonson, il vous le faut, si vous êtes un peu curieux et tenté par l’aventure, lancez-vous !