Titres
Formation en 2014
Manos Tzanoudakis [chanteur,clavier,pianiste], Kostas Kokkalos [guitariste], Xenofon Tsantilas [bassiste], Vaggelis Kardamitsis [batteur]
Artiste invité sur l’album
Kostas Ntokos: Basse
Si on mélange différents jus de fruits plus ou moins exotiques, on obtient ce qu'il est coutume d'appeler le jus multi-vitaminé. Lorsqu'on boit ce nectar, on peut reconnaître ici ou là, le goût d'un fruit en particulier, mangue, orange, fruit de la passion etc, puis celui-ci se fond dans la masse et laisse sa place à une autre saveur. C'est ce mélange parfaitement dosé qui lui donne son goût unique, sucré et énergétique.
Il en va de même pour la musique de Guppy Fish. Grâce à un savant dosage d'influences reconnaissables ici ou là mais dont aucune ne prend le pas sur les autres, les athéniens concoctent un cocktail unique dont le résultat est ce premier album, The Fall Of Man.
Dès les premières notes de 'The Fall Of Man' qui ouvre les hostilités, on reconnaît différentes saveurs. Les arpèges de guitare de Kostas Kokkalos (Steven Wilson) nous guident vers un gros riff soutenu par les claviers de Manos Tzanoudakis (Dream Theater), le tout baignant dans une ambiance glauque (Opeth) sur une rythmique au groove implacable. Un premier titre qui donne envie de pousser l’écoute plus avant et fait déjà démonstration du talent des musiciens à composer de belles mélodies.
'Easily Play', le titre suivant, nous emmène du côté de Riverside. Avec son riff répétitif, le chant baigné dans la reverb et son solo à tomber, Guppy Fish nous offre une fois de plus un excellent morceau, à la fois planant, presque pop dans son refrain et plein d’agressivité, sans pourtant tomber dans le metal.
'I Don't Like Your Face' est un titre résolument rock qui possède, dès son intro, un arrière-goût d'Alice In Chains puis, plus dans la lignée de Porcupine Tree dans son développement. L'orgue de Manos, qui cumule les rôles de chanteur et de claviériste, lui apporte un feeling très seventies.
L'intro planante de 'Exposed' n'est pas sans évoquer le Pink Floyd psychédélique des débuts. Le titre, plutôt calme dans son ensemble, évoque par son ambiance Migration Period, autre jeune artiste dont le premier album m'avait impressionné à sa sortie et avec qui Guppy Fish partage un certain sens de la mélodie vénéneuse.
Plus complexe dans sa construction, 'Still Here' est mené par le clavier de Manos qui impose une atmosphère sombre au morceau. Celui-ci mixe à merveille le meilleur de l'ancienne (King Crimson) et de la nouvelle génération prog (Riverside, SW).
La belle ballade 'Neverending Flow', titre presque pop prog, a la même saveur qu'un titre de The Flower Kings ou de Spock's Beard sur lequel on peut apprécier le jeu de guitare virevoltant d’un Kostas Kokkalos visiblement à l'aise dans tous les styles.
Vient ensuite 'Justify', autre ballade sur laquelle plane l'ombre de Storm Corrosion. ‘Justify’ démarre tout en douceur avant de monter en tension sans jamais exploser. Un titre sur lequel le chant mélancolique de Kostas Kokkalos fait des merveilles.
L'album se termine avec 'Above the Sky', titre en deux parties dont la première 'Above the Sky, pt1' est un instrumental sur lequel la paire rythmique “tribale” répond aux guitares acérées et à l'orgue décidément très présent sur cet album. Il nous amène vers le sombre et pesant 'Above the Sky, Pt2', qui monte en puissance jusqu'à un break “jazzy” avant de laisser l'orgue remplir l'espace et mettre un point final au presque cinquante-deux minutes de The Fall Of Man.
Si une des forces de cet album réussi est la qualité dans la composition, il ne faut surtout pas oublier les qualités individuelles de chaque musicien ainsi que le chant à deux voix utilisé sur la plupart des morceaux qui apporte une profondeur supplémentaire aux titres et forge leur identité.
À l'image du jus multi-vitaminé qui crée son propre goût à partir de différents jus de fruits, Guppy Fish a su créer son propre univers en mélangeant divers ingrédients facilement identifiables, mais qui au final, le rendent unique.
Avec un premier album varié et pourtant homogène, Guppy Fish a tapé très très fort et propose un des plus beaux disques de ce premier trimestre de l'année, son seul défaut étant de n'être disponible qu'au format digital.
Un groupe à suivre absolument !
Un beau premier album, très prometteur en effet, à l'image de groupes de nos contrées comme Esthesis, Altesia, ou d'autres groupes comme Coma Rossi. A noter la belle production de l'album, notamment sur le son des guitares.
Le 05/03/2021 par Perenna8