Titres
Formation en 2013
On pourrait d’emblée se laisser impressionner par le featuring de Hollywood Monsters. Imaginez : Vinny Appice (frère de Carmin, et également batteur entre autres de Black Sabbath, Dio, Heaven & Hell) ; Tim Bogert (bassiste légendaire de Vanilla Fudge, Cactus, et bien entendu, Beck, Bogert & Appice) ; Don Airey (clavier de Black Sabbath, Rainbow, Gary Moore, Whitesnake, Deep Purple…) ; Paul Di’Anno (premier chanteur d’Iron Maiden). Rien que ça !
La carte de visite de Steph Honde est loin d’être vierge : il a pu notamment tâter de la scène, et de la grande, avec Café Bertrand en ouverture de la tournée française et belge de Deep Purple en 2006 et 2007 (une quarantaine de dates), jouer en première partie d’AC/DC au Vélodrome de Marseille et au Stade de France, et tourner avec Paul Di’Anno and The Stars…, se forgeant ainsi une solide réputation de guitariste.
Californien d’adoption depuis 2012 (ah, l’amour !), c’est donc tout naturellement que notre Manosquin d’origine s’est lancé dans le projet Hollywood Monsters, dont certains morceaux avaient déjà pu être rodés avec The Stars.
Cette longue introduction n’est pas innocente pour montrer comment ce projet a pu aboutir car, par exemple, sortir Tim Bogert de sa quasi-retraite musicale, n’est pas donné au premier clampin venu…
La première impression laissée par ce Big Trouble, c’est l’unité autour du projet de Steph Honde (qui assure la presque totalité de la composition, la coproduction, le chant, des guitares, de la basse et le piano), et ce même si les différents morceaux abordent des styles disparates. Tout est en place, la production est sobre, très rock (voix mixée au niveau des instruments), on se trouve pratiquement devant une scène où l’on verrait le groupe.
Les influences des musiciens cités plus haut sont là, mais on peu entendre de-ci de-là des éléments rappelant également Led Zeppelin, Blue Murder, Skid Row, et bien d’autres… !
Ça sonne fin 70-mid 80, alternant morceaux hard-rock pêchus et compositions plus à ambiance fleurant bon les influences progressives ou bluesy.
Sans être un album conceptuel, Big Trouble retrace le voyage d’un homme dont on peut aisément deviner qu’il a à voir avec celui de Steph Honde (« Shall I go away for a better place? », tels sont les premiers mots de Another Day in Grey-Part 1 qui reviennent sur Song for a Fool)…
Autres petites particularités : d’abord la voix de Steph qui, sur certains passages fait furieusement penser à celle de David Coverdale (oh, pas celui qui braille haut perché à la période Vai et consorts, avec les guitares qui tournent et les cheveux peroxydés, non, plutôt celui de Deep Purple et des premiers Whitesnake : un brin d’éraillement, du blues qui racle, et du coffre qui envoie) ; ensuite la guitare électrique de Steph, sans artifice, branchement direct dans l’ampli, pas d’effet, juste la technique et le feeling du bonhomme et pour ça, il y a ce qu’il faut ; ce n’est pas un concours du nombre de notes à la seconde (il pourrait quand même y participer), mais ça parle, ça suinte et ça regorge de sincérité.
Big Trouble satisfera les amateurs de gros rock qui tache, avec les « bluettes » Move On (et l’orgue Hammond de Don Airey), Big Trouble (ah, ces harmonies à la Moody/Marsden et quelques inflexions de voix à la Bowie du Hunky Dory), The Only Way (où la voix coverdalienne de Steph Honde fait des merveilles sur une composition entre Whitesnake et Coverdal/Page), Underground (aux allures de Skid Row, avec son riff magnifique et un refrain entêtant) et Fuck You All (le bonus en forme de clin d’œil au rock business avec les éructations suaves de Paul Di’Anno).
Pour ceux qui aiment plus les pièces d’orfèvre tirant sur le progressif dans l’ambiance et la construction (mais un progressif à l’américaine, pétri de blues), The Cage et The Ocean (les intros des deux morceaux sont zeppeliniennes à souhait), apprécieront les guitares acoustiques celtiques à la Page sur une rythmique feutrée mais puissante.
Oh Boy! est digne d’une composition de Desmond Child, Steven Tyler pourrait en faire un cover jubilatoire, la mélodie et le refrain, d’une beauté idoine, s’ancreront sans difficulté dans vos oreilles et sur vos lèvres, de même que le magnifique solo de Steph, bluesy et jouissif…
Sur Village of the Damned et ses empreints progressifs, on imaginera le Sabbath période Dio, le Whitesnake de 1987, et le meilleur Maiden (avec une excellente basse de Steph et une seconde guitare de Denis Barruta digne des plus grands) !
Song for a Fool, qui conclue l’album avant le bonus, ballade amorcée par un piano diaphane, guidée par la basse magique de Bogert, vous emportera dans la folie d’une chanson d’amour désespéré, au son d’un solo de basse saturée du père Tim qu’une oreille inattentive pourrait prendre pour une guitare tellement il est monstrueux !!!
L’album sort en France le 8 juillet et une tournée se dessine en Europe et en France en 2015 : préparez-vous à la déferlante des monstres hollywoodiens, il devrait y avoir du beau monde sur scène…
Quelques indiscrétions exclusives pour Neoprog nous font également savoir que les influences progressives de Steph Honde devraient un peu plus transpirer sur le second album (les démos entendues le laissent suggérer) qui viendra sûrement dans la foulée de la tournée.
Alors, comme chantait l’autre : « If you want it, come and get it » ! Si Big Trouble porte bien son titre avec ses textes mélancoliques et empreints de tristesse, sa musique hume bon la franchise, ce qui est plutôt rare ces temps-ci…
Certes, cet album peut sembler manquer quelque d’unité dans sa structure, mais enfin, un Frenchie en passe de s’imposer chez les Yankees, ça vaut le détour et, comme dirait Homer (non, pas le Grec, l’autre), son pesant de donuts et des litres de Duff !