Titres
Formation en 2020
Jérôme Khattar [guitariste]
Mathieu Danesin - batterie
Saifedine Helal - darbuka sur ‘Origins’ et ‘Resurrection”
Laura St James - chant sur ‘Origins’ et ‘Resurrection’
Ken Aihara - clavier solo sur ‘Origins’
Après Steve Hackett et Eloy Fritsch, je me suis lancé dans la découverte d’un troisième album instrumental signé cette fois par Jérôme Khattar. Le musicien dont il est question dans Resurrection n’est pas un inconnu de la rédaction puisque en 2015 Guillaume nous l’avait présenté avec The Garden du projet ODD où Jérôme officiait. Cinq années plus tard, le revoilà, signant de son nom un EP quatre titres pour une vingtaine de minutes en compagnie de Mathieu Danesin à la batterie, de Saifedine Helal au darbuka, Laura St James aux chœurs et Ken Aihara pour un solo de clavier.
Resurrection, la résurrection du musicien qui, après cinq années, sort du silence, guitare au poing, ramené à la vie par la magie de la composition et la soif de partager ses émotions avec le monde des vivants.
Dans un album, lorsque l’on mentionne un darbuka, on pense généralement à de la world music ou à du metal oriental. Ici, comme le soulignent les hiéroglyphes et les ruines du désert de la pochette, Resurrection penche pour la seconde proposition. Resurrection est ce que j’appelle un album à guitares, un album où la vedette possède six cordes, quelques pédales d’effets, un gros amplificateur et son esclave qui s’escrime à être le plus virtuose possible pour vous en mettre plein les oreilles. Cette définition s’avère trop réductrice ici même si Jérôme joue du manche sur ‘Reminiscing’ et ‘Resurrection’. L’EP propose également de nombreux éléments symphoniques et orientaux, des voix (une touche de growl, des chœurs digitaux et la voix de Laura) et construit également des atmosphères cinématiques comme dans ‘Transcendence’. D’ailleurs, pour citer Jérôme : “Cet EP était une expérimentation en mélangeant le métal / rock progressif avec de la musique de film pour cibler l'industrie du jeu vidéo et de l'anime”. La guitare est certes à l’honneur mais l’EP ne se réduit pas à cela. Jérôme se lance tout de même dans de longues tirades lyriques et virtuoses qui s'envolent lumineuses, tabasse à la manière du djent ou gratte des riffs hargneux sur lesquels s’installent des arrangements d’une grande richesse.
Le soleil se lève sur les murailles de la médina, une caravane approche des portes et la ville s’éveille au son de la guitare dans un ‘Origins’ rythmé par le darbuka de Saifedine et un solo de clavier que l’on doit à Ken. Le titre d’un peu plus de cinq minutes délivre un metal oriental très riche qui n’a qu’un seul défaut, se terminer en queue de poisson avec ce fading out peu inspiré.
‘Reminiscing’ oublie un instant l’orient pour une ballade à la guitare électrique qui invite autant à l’introspection qu’à la liesse. Quelques cordes symphoniques rejoignent la guitare sans jamais s’imposer, comme les nappes de claviers qui remplissent les rares silences.
Voix et clavier électro lancent à la suite le très oriental symphonique metal prog ‘Resurrection’ où la guitare saute sans cesse du haut vers le bas de la portée. Une touche timide de growl esquissé, des chœurs guerriers, le morceau trouverait bien sa place dans un épisode désertique de Stargate, et quand le darbuka se joint à la guitare orientale vers la fin, c’est juste fabuleux.
Je l’ai écrit plus haut, le plus cinématique des quatre morceaux reste ‘Transcendence’ au rythme ⅝, une scène filmée en plan large avec une multitude de figurants où la guitare tricote quand elle ne s’étire pas sur de longues notes stellaires, accompagnée de rares arrangements symphoniques. Le titre s'apaise avant de repartir grandiloquent et de disparaître dans la nuit du désert.
Les quatres pièces proposées par Jérôme regorgent de qualités. Qualités techniques grâce à une production soignée et un jeu de guitare brillant, qualités narratives tant les images s’imposent à notre imaginaire en écoutant la musique, qualités d’arrangement par la richesse de l’ensemble. La pochette signée Stan-W Decker, dont le talent s’expose décidément partout, donne parfaitement le ton de l’EP et propose un socle imaginaire sur lequel extrapoler en musique. Resurrection n’a qu’un seul défaut, n’être qu’un EP car j’en aurais bien écouté trente minutes de plus.