Titres
Formation en 2014
Musiciens :
Jørn Lande – chant
Trond Holter – guitars, claviers
Bernt Jansen – basse
Per Morten Bergseth – batterie
Lena Fløitmoen Børresen – chant (5, 6, 8, 10)
Après un album en demi-teinte avec Russell Allen, réalisée sous la férule de Timo Tolkki (The Great Divide – Frontiers Records – 2014), Jorn Lande a cette fois-ci pris les manettes en compagnie de Trond Holter – ils ont écrit et produit l’album ensemble – pour nous présenter une version des affres de la vie mouvementée du comte Dracula.
On ne présentera pas Lande, un des meilleurs chanteurs actuels chez les hurleurs aux cheveux longs. Sa carrière force le respect et il fait actuellement feu de tout bois, notamment dans le groupe portant modestement son prénom.
Pour l’occasion, il a pris à son bord Trond Holter, qu’il connaît bien pour l’avoir comme acolyte dans Jorn, mais qui œuvre aussi (sous le pseudonyme de Teeny) dans le gang de glam-hard Wig Wam.
Afin de compléter la formation, quoi de plus naturel que d’appeler Flash, oh pardon, Bernt Jansen, le bassiste de Wig Wam et de continuer à faire local avec le batteur Per Morten Bergseth, ex Sonic Debris, Servants of Sorcery et Source of Tide, de joyeux drilles qui font dans le black metal, mais mélodique, m’sieurs-dames ! Enfin, sur quelques morceaux, reprenant les rôles de Mina/Lucy, Lena Fløitmoen Børresen, chanteuse qui m’est inconnue… et ce n’est pas normal !
On pourrait croire à un concept-album, mais ici, ni histoire racontée, ni longues introductions musicales. On a plutôt droit à des chansons, un peu dans la veine de certains albums de Meat Loaf.
On ne reviendra pas sur le véritable mythe qui sert de support à cet album, le livret vous en dira plus, de même que l’ouvrage de Bram Stoker. Si ce n’est que, bien entendu, le tiraillement du comte entre son éternité gorgée de sang et le souvenir de son amour perdu sert de fil d’Ariane à l’ensemble des compositions, traitées plutôt comme des tableaux.
Il y a, bien entendu, je l’ai dit, du Meat Loaf dans cet album, mais d’aucuns y trouveront aussi du Queen ou du Alice Cooper. Pour ma part, j’ai surtout apprécié la performance admirable du disciple Lande, digne de celles de son défunt maître, Ronnie James Dio. Bien entendu, Jørn a déjà rendu hommage à Ronnie, mais là, que ce soit dans le choix du thème, dans l’interprétation ou dans la première vidéo tirée de l’album (voir ci-dessous, "Walking on Water"), tout y est, mais pas que… Il y a aussi du David Coverdale/Whitesnake (post-1987) dans certains morceaux, ce qui ravit mes cages à miel (et je ne serai sans doute pas le seul), voire même des choses qui auraient pu figurer sur The Butterfly Ball ou The Rocky Horror Picture Show (le décalé "Swing of Death", avec son intro au piano bastringue, et son refrain swinguant où le mix Coverdale/Dio joue à plein)…
D’autres belles passes épiques viennent agrémenter ce Swing of Death, comme "Masquerade Ball" et son intro au piano avant que Trend Holter ne vienne faire quelques démonstrations guitaristiques bien troussées. "Save Me" propose de remettre la gomme avec son riff à la Thin Lizzy et l’entrée de la voix puissante et mélodieuse de Lena Fløitmoen Børresen. Bon sang, les deux compères ont fait une belle pioche avec cette chanteuse qui, dans un registre médium, n’en fait pas des tonnes, mais est tout simplement à sa place en proposant des lignes mélodiques magnifiques et en rendant la monnaie de sa pièce à la puissance de Lande. Rien que son phrasé final est à tomber !
"River of Tears" nous ramène à Coverdale, et Holter envoie un paquet de notes en rafales fleuries sur un solo de tueur métaphorique, avant quelques harmonies à la Brian May, impressionnant ! Que dire des voix, car là encore Lena fait de bien belles choses. "Queen of the Dead" est bien lourd, heavy à souhait avec quelques ornements progressifs, ainsi que ses guitares entre Whitesnake et Thin Lizzy, et pourrait parfaitement être interprété par Jorn, le groupe.
C’est la voix de Lena qui propulse "Into the Dark" dans des sphères lumineuses, son côté légèrement FM venant faire la nique à la puissance jamais faiblarde de Lande.
Que dire de l’instrumental "True Love Through Blood" où Holter est tous simplement époustouflant, loin des sauteries glam de Wim Wam. Sacrebleu, il joue, l’animal : puissant, fin, racé, nerveux, fluide, tout y passe !
Et l’album de finir sans que l’on s’en soit rendu compte avec un "Under the Gun" où le duo Lande/Fløitmoen Børresen se complète à merveille sur une mélodie puissante et variée. Les growlers velus et hirsutes peuvent aller se rhabiller et s’inscrire aux cours de chant du coin de la rue et arrêter de nous péter les tympans pour nous laisser apprécier la boîte à musique qui vient conclure ce dernier galop.
Voilà un bien bel album qui devrait donner lieu à un spectacle féerique que nous n’aurons sans doute pas le loisir d’apprécier sur scène dans nos contrées… Néanmoins, là où bien des groupes à prétention progressive s’essoufflent dans des tentatives conceptuelles aussi tordues qu’alambiquées, les hérauts du hard rock présentent un projet magistralement écrit, interprété et produit, sans aucune longueur, ni boursouflure prétentieuse.
Avec ça, il serait temps que je sorte de mon cercueil, car la nuit tombe et je commence à avoir les crocs…
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Site officiel : http://jornlande.com/
Vidéo officielle :
Une voix qui porte ! Bon Rock !
Le 23/01/2015 par Prog Core