Titres
Formation en 2005
Kim Ljung [chanteur], Dan Heide [guitariste], Sindre Pedersen [bassiste], Joakim Brendsrød [clavier], Ted Skogmann [batteur]
Invités:
Erik Ljunggren, Ginge Anvik, Terje Johannesen
Saviez-vous qu'une bonne dizaine de caméras ne sont pas revenues du voyage vers la Lune au cours du programme Apollo ? En effet les astronautes, ramenant plusieurs kilos de roche lunaire, ont dû se délester des caméras de la mission, n'emportant que les bandes enregistrées. Ces caméras étaient de marque Hasselblad, et ont donc inspiré le premier titre de Villa Carlotta 5959, sixième album de Ljungblut.
Derrière le pseudonyme de Ljungblut - littéralement le sang de Ljung - se cache Kim Ljung, artiste norvégien qui semble prendre beaucoup de plaisir à donner des noms assez mystérieux à ses chansons, nous embarquant dans une sorte de jeu de piste assez troublant.
Troublante aussi est la musique distillée par ce Villa Carlotta 5959, dernier album d'une trilogie chantée entièrement en norvégien. Il se dégage de tous ces titres énigmatiques un mélange indicible de mélancolie, de flottement et d'endormissement vénéneux, à l'image d'un bon canapé qui vous tend les bras, un canapé bien moelleux auquel vous ne pouvez résister, tout en sachant qu'il va vous happer, et que ses tentacules ne vous lâcheront plus. La musique est souvent lente, minimaliste, calme, assez répétitive, avec peu de notes mais diablement bien senties, expressives et évocatrices. La voix de Kim, là aussi très lente, pose ses accents légèrement rocailleux et éraillés sur un ton déclamatif et quelquefois lancinant. Ca passe, ça passe même très bien malgré l'aspect dépouillé, répétitif et un brin neurasthénique que l'on ne peut que ressentir. On se laisse surtout prendre au jeu. J'y ai aussi étonnamment entendu des sonorités de guitare à la The Cure ('235') et à la U2 ('Diamant', 'Ohnesorg'). Quant aux percussions, on y entend les cymbales qui splashent et donnent une dominante de percussions assez claires et aiguës.
Que dire de plus ? Le monde de Jungblut est un monde à part où l'auditeur est constamment tiraillé entre mélancolie et lâcher prise reposant. On flotte constamment dans une atmosphère cotonneuse, ouatée, entre ciel et terre, dans un endroit indéfinissable. 'Superga', très minimaliste, avec son piano étouffé, lent, mélodique et posé, est idéal pour se relaxer en fin de journée. Avec des images de lande épurée qui flottent dans la tête. 'Aldri helt stille' ('Jamais assez silencieux'), un titre qui ne semble jamais réellement partir, donne quant à lui une impression d'inachevé, de souffrance temporelle. 'Hasselblad' et '235' sont les titres les plus rythmés et dont il ressort le plus d'énergie.
Du mystère, du mystère, encore du mystère. Où se trouve cette Villa Carlotta, au numéro 5959 ? Que s'est-il passé à Varsovie ('Til Warszawa') ? Les réponses sont sûrement dans les paroles - ou pas -. L'artiste, qui souffre de schizophrénie et de violentes migraines, donne quand même quelques éléments de réponse aux quelques éventuels curieux avec les titres 'Min Krig' ('Ma guerre') et ainsi que 'Aldri helt stille' précédemment cité. 'Superga', quant à lui, fait référence à la basilique de Superga à Turin, et de sa colline sur laquelle un avion transportant l'équipe de football de Turin s'est écrasé le 4 Mai 1949.
Kim dit que l'écoute de cet album "devrait donner à l'auditeur le sentiment d'être seul en compagnie d'autres personnes". Il s'agit de "chansons sur l'amour et la haine inconditionnels", d'un "mode d'emploi vierge pour la migraine et le chagrin". Cette souffrance est à n'en pas douter le terreau fertile de cette musique diablement belle et évocatrice. Très sûrement une sorte d'exutoire libérateur pour son auteur, qui le voit comme une façon "d'arrêter de saigner". Plongez dans le monde de Ljungblut, vous ne pourrez pas y rester insensible.
C'est un groupe norvégien, qui chante en norvégien.
Le 31/10/2018 par nuno777
Exact, c'est corrigé
Le 31/10/2018 par Neoprog