Titres
Formation en 2003
Mariusz Duda [chanteur,bassiste]
Lorsque Mariusz ne compose pas pour Riverside, ne tourne pas en Europe, il se pose en studio et noircit les partitions d’un nouveau Lunatic Soul. En quelques mois, il aura donné naissance à deux opus, Fractured fin 2017 et Under the Fragmented Sky le 25 mai dernier. Ce projet, parallèle à Riverside, dévoile les affinités de Mariusz pour l’électro, le trip hop et l’expérimental, loin du metal progressif de son groupe phare.
Fractured, fort de huit pièces et de près d’une heure de musique, laisse la part belle à la voix de douce de Mariusz, loin des précédentes expérimentations sonores de Walking on a Flashlight Beam sorti en 2014. Un album accessible, de l’émotion à fleur de peau, où la voix du polonais domine une mélodie minimaliste. Des accents orientaux, de la world, un peu d’électronique, des touches classiques avec le Poland's Sinfonietta Consonus Orchestra, des rythmiques trip hop et des textes bouleversants.
Couleur sang, verre brisé, la pochette reflète une âme tourmentée qui se cache dans des couplets à l’apparence paisibles : “When I had to kill for the first time”. Le bassiste chanteur de Riverside se rapproche cette fois avec Fractured du Peter Gabriel de ‘Mercy Street’ ou du Sting de Ten Summoner's Tales.
Le premier titre, ‘Blood on the tighrope’, comme une marche militaire sur fond de didgeridoo électronique, ne suit aucune règle musicale, s’aventurant dans la world, le cinématique, l’électro, glissant même quelques soli de guitares et de basse dans ce melting pot. La couleur de la suite est annoncée : “There will be blood even if you stay neutral”. ‘Anymore’, le single électro épuré, parle de deux êtres qui ne se parlent justement plus. ‘Crumbling teeth and the owl eyes’ est une des rares pièces au coeur de laquelle prend place un bref développement instrumental. La musique change de registre : guitare acoustique, violons, violoncelles et un texte traitant de l’innocence, d’un père voulant garder son enfant auprès de lui pour se préserver de ses démons. En parlant de démons, à la manière d’un escape game, le titre qui suit, ‘Red light escape’ semble aborder le sujet de la dépendance, du manque, sur des tonalités orientales. Une musique épurée mêlant touches électros, saxophone, claviers, guitares.
‘Fractured’, qui donne son nom à l’album, est une incantation reprise inlassablement sur une rythmique obsédante quatre minutes trente durant. Une pièce qui se rapproche le plus de l’esprit du précédent Lunatic Soul, Walking on a Flashlight Beam. Puis vient un titre marathon de douze minutes, ‘A thousand shards of heaven’, ballade symphonique tout d’abord se muant en condensé basse/batterie/saxophone à mi-parcours. La mélancolie comme une force, un texte poignant sur une musique aux multiples facettes. C’est quasiment acapela que Mariusz entame ‘Battlefield’, un texte bouleversant sur une mélodie se complexifiant au fil des minutes et qui s’achève sur “And the broken hearts will not break through my mind” répété à quatre reprises. ‘Moving on’ conclut ces huit morceaux façon trip hop.
Mariusz Duda s’autorise tout avec Lunatic Soul, l’électro, l’expérimental, le symphonique, le trip hop, et chaque album réserve ses surprises. Fractured, facile d’approche, nous dévoile une autre facette de cet artiste décidément fascinant. Certainement le plus humain, le plus touchant, le plus beau de ses albums solo à ce jour, indispensable.