Titres
La capitale de l’Europe regorge de talents, du rock au stoner en passant par le progressif ou le post-rock. Des talents par trop méconnus que la presse musicale oublie d’écouter, préférant se concentrer sur les formations mainstream.
MoYan fait partie de ces groupes à découvrir, à deux pas de chez nous, un quatuor post-rock que j’avais déjà croisé en live lors du passage de Toundra au Molodoï en 2016, et plus récemment lors de leur concert avec Collapse à l’Elastic Bar.
Certains lecteurs me connaissent suffisamment maintenant pour savoir que ce genre musical me chatouille parfois les oreilles en concert et moins souvent en studio. Cette fois je me suis aventuré à vous parler d’Hypnic Fall, leur dernier album, ne serait-ce que pour vous le faire découvrir. Et aussi surprenant que ça puisse paraître, je me suis pris au jeu de l’écoute.
MoYan sur scène, ce sont deux guitares, de nombreuses pédales d’effet, une basse et une batterie. En studio, le quatuor s’étoffe de bruitages, d’instruments étranges comme ce qui semble être des bagpipes (‘Spacecrapers’) et même du chant yaourt (‘Flatearther’), tous probablement samplés.
Hypnic Fall va crescendo sur cinq titres, dans la durée, la puissance et la complexité, commençant planant dans l’espace avec un peu plus de cinq minutes de ‘Memories of a Spacesuit’ (j’adore le nom de ce titre) pour finir sous terre avec plus de dix minutes de ‘Chthonien’.
Quelle est cette chose tombant du ciel ? Le bouclier thermique d’une capsule brûlant dans l’atmosphère, un dieu ancien sorti de terre pour faire exploser sa colère, une comète venant heurter la Terre, un cerf-volant multicolore, un dragon sorti tout droit de l’univers d’Okami ? La pochette d’Hypnic Fall, épurée, colorée, nous interroge. Que pourrait raconter une combinaison spatiale, qu’est-ce que sa visière a pu refléter, quelles sensations a pu éprouver son occupant ? La musique répond à sa manière à ces questions et offre une trame sur laquelle vous pouvez laisser divaguer votre imagination. Une musique faite de guitares portées par une rythmique robuste et qui, contrairement au post-rock académique, construit une multitude de nuances, évitant l'écueil de l’inlassable répétition.
De l’espace, descendant le long de cette structure immense, nous arrivons au sol, chutant dans notre sommeil pour rejoindre les dieux telluriques. Musique cinématique, funk, chamanique, américana, MoYan propose ici un très bel album qui, au fil des écoutes, délivre de nouveaux secrets. Mon titre préféré ? Le très torturé et néanmoins magnifique ‘Spacescrapers’.