Titres
Formation en 2004
Je dois une fois encore la découverte de Need à Alias et à sa chronique de Hegaiamas (2017). Après avoir lu ses commentaires, j'ai regardé le clip de ‘Rememory’ et partagé son enthousiasme suisse. Hélas, l’album, acheté peu après, m’a quelque peu déçu, ne reflétant pas vraiment le premier titre écouté. Cette fois, Norchestration est arrivé par voie de presse, l’occasion de donner, qui sait, une seconde chance au groupe grec.
Les athéniens jouent du metal progressif parfois djent avec de multiples influences allant de Tool à Dream Theater en passant par Pain of Salvation. Norchestration : a song for the end, fait suite à a song for freedom (2017) et a song for home (2014), un peu plus d’une heure de musique et neuf morceaux dont ‘Ananka’ qui dépasse les dix-huit minutes.
Avec des guitares brillantes, des claviers très présents, une basse ronde, une batterie qui claque et une voix médium à haute, Need n’a rien à envier aux autres formations de metal progressif. Leurs compositions se révèlent complexes dans les détails alors qu’elles peuvent sembler globalement linéaires. C’est donc au casque que leur musique doit être apprivoisée. Chaque pupitre joue sa partition plutôt que d’accompagner les autres, et du coup il y a énormément d’éléments à intégrer, presque trop parfois.
Need, tel un caméléon, joue du Haken démultiplié avec ‘Beckethead’, du Pain of Salvation énervé dans ‘Nemmortal’ ou ‘Cricaian’, du Dream Theater théâtral sur ‘Bloodlux’ et brutalement nous égare avec cet étrange dialogue proposé dans ‘V.a.d.i.s.’, lorsqu’il ne s’amuse pas avec du folk. Norchestration part dans de nombreuses directions, refusant tout confort à celui qui l’écoute, et si chaque titre pris indépendamment mérite largement le détour, écouter les soixante-six minutes d’une traite exige une grande force de caractère.
‘Norchestration’ compte parmi les pièces les plus digestes de l’album, ménageant des clairières ensoleillées pour respirer, heureusement d’ailleurs car le morceau dépasse les neuf minutes.
Difficile de passer sous silence ‘Ananka’ qui démarre tout doucement sur des claviers, rejoints par des percussions, le chant, la guitare électrique, et qui s’éveille à la vie après trois minutes trente à la manière de Tool, pour s’en éloigner rapidement et vagabonder vers un metal progressif à la Dream Theater. Si les cinq premières minutes promettent une pièce d’envergure, les quatre suivantes s’étirent en longueur, à tel point que je finis à chaque fois par décrocher, loupant le break aérien qui arrive beaucoup trop tard pour sauver le titre.
Au milieu d’un metal progressif technique, deux morceaux improbables sèment le trouble : le dialogue cinématique de ‘V.a.d.i.s.’ et le chant traditionnel a capella de ‘Kinwind’. Sans les paroles, ni même le thème de ce qui est probablement un concept album sur la fin du monde, difficile de juger du bien fondé de ces deux O.V.N.I.S. Ce qui commençait de manière cinématique (‘Avia’), devient très vite metal, dense et technique. La performance des musiciens est au rendez-vous, les compositions variées, la technique éblouissante, mais je n’arrive pas à rentrer dans l’univers de Need, comme si leur musique était dépourvue d’âme.