Titres
Formation en 1992
César Alcaraz [chanteur], Marcos Beviá [guitariste], Manuel Mas [clavier], Gaspar Martínez [batteur]
Voix additionnelles :
Joana Soler, Irène Mas, Orimpid Arques - voix d'enfants
S’il est un groupe qui mérite sa place sur Neoprog, c’est bien Numen.
Avec son nouvel album Cyclothymia, le groupe originaire d’Alicante en Espagne nous offre, en effet, un pur album de rock néo progressif dans la lignée de ceux de ses illustres aînés des années 80, Marillion ou encore IQ, dont l’inspiration se fait ici fortement sentir comme sur ce ´The Man With the X-Ray Eyes’ qui ouvre l’album, ou sur l'entraînant 'A Cosmic Prayer' avec sa basse galopante et ses guitares doublées typiques de la bande de Peter Nicholls.
Ce titre nous permet toutefois d’avoir un aperçu de ce dont le groupe est capable, et d’apprécier les qualités individuelles des membres du groupe, comme le jeu de guitare de Marcos Beviá, tantôt bluesy, tantôt typiquement progressif comme le démontre la belle envolée finale par exemple, les claviers omniprésents, mais bien dosés de Manuel Mas, ou encore le chant chevrotant de César Alcaraz, sosie vocal de Robert Amirian du groupe polonais Collage.
Collage dont l'ombre flotte sur beaucoup de morceaux de cet album, comme par exemple sur le calme 'Some Faith' avec son intro entêtante au piano, et qui monte en puissance sur sa deuxième partie, notamment grâce au bon travail des chœurs qui soutiennent joliment le chant de César Alcaraz, mais aussi par celui de la guitare de Marcos Beviá. 'Some Faith' est un titre que l'on croirait tout droit sorti de Moonshine.
'Cyclothymia', la plus longue pièce de l'album, lui donnant son nom, arrive ensuite avec ses quatorze minutes, et nous propose un découpage classique de morceau de rock progressif. Un début calme faisant la part belle au piano et au chant laisse la place, après six minutes, à un court break mêlant claviers «electro» et divers sons (voix, sonar, sirène de police....), suivi d'une partie instrumentale énergique avec solo de claviers puis de guitare, pour finalement réintroduire le chant pour ses dernières quatre minutes.
'Lady Of The Winds', le titre suivant, est, comme le décrivent eux-mêmes les musiciens, bucolique, avec sa mélodie simple, presque enfantine aux claviers assez datés, c'est à mon goût le morceau le plus faible de cet album.
'Footprints' démarre sur des arpèges de guitare que n'aurait pas renié Marillion à l’époque où Fish était encore leur chanteur, et pourtant, ce 'Footprints' est paradoxalement le morceau le plus moderne de cet album, de par sa construction et la sobriété dont il fait preuve. Ici pas de sons samplés, pas de claviers désuets, juste cinq musiciens qui se font plaisir à jouer ensemble la musique qu'ils aiment. Une bien belle manière de clore un album.
Cyclothymia souffre toutefois, à mon goût, de quelques défauts :
- Un ajout trop systématique d’effets sonores, tels par exemple ceux de ´The Man With the X-Ray Eyes’ qu'on croirait tirés d’une séquence « asterohache » d’un épisode de Goldorak.
- Un choix des claviers parfois «maladroit» qui gâche certains passages, comme le soulignait déjà mon collègue Jean-Christophe en 2015 dans sa chronique de Numenclature, précédent album de Numen.
- Une production/mix qui ne rend pas justice aux différents instruments, telle la basse que l'on entend que peu, mais qui est tout de même supérieure à celles des albums précédents du groupe.
Numen est un groupe qui évolue dans le bon sens au fil des albums, et ces quelques points négatifs ne doivent toutefois pas vous empêcher de jeter une oreille à ce Cyclothymia qui, s'il ne propose rien de révolutionnaire, vous permettra de passer un bon moment, pour peu que vous soyez sensible à un rock néo progressif mélodique « à l'ancienne ».